Il parcourt le continent et le reste du monde pour plaider la cause de l’Afrique dans un domaine précis: l’électrification. Il, c’est Jean-Louis Borloo qui ne pouvait donc pas manquer le forum de Casablanca dont l’un des thèmes dominants, cette année, était “l’électrification de l’Afrique“. Pour le président de la “Fondation énergies pour l’Afrique“, la fourniture de l’électricité aux 750 millions d’Africains qui n’y ont pas accès doit être une sur-priorité de tous les décideurs du monde.
Jean-Louis Borloo, ancien ministre français de l’Ecologie, fait de l’électrification du continent noir un viatique, une mission. Présent au Forum “Afrique développement de Casablanca“ (25-26 février dernier), il a fait un plaidoyer éloquent pour la mobilisation de tous les acteurs afin d’apporter l’électricité partout en Afrique. «Nous sommes à la croisée des chemins», avait souligné, faisant référence au contexte dans lequel se tenait ce forum, c’est-à-dire entre la Cop21 de Paris et la Cop22 de Marrakech dans moins d’un an. «En 1950, l’Afrique comptait 180 millions d’habitants, il en compte, aujourd’hui, environ 1 milliard. C’est le plus grand choc de l’histoire de l’humanité porté par des jeunes nations qui n’avaient pas de fonds propres au moment de leur création, un événement inconnu dans l’histoire», expliquait-il. Entre 600 et 750 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie; et c’est en même temps 750 millions de portables, fait-il remarquer.
Mais dans cette course entre «la petite tête [l’augmentation démographique] et le kilowatt», le constat est vite fait. «Il y a, chaque année, 10 millions d’Africains de plus qui n’ont pas accès à l’électricité», souligne Borloo pour qui, ce qui est devant nous, c’est un «problème politique d’une grande simplicité». «Pensez que ce continent, s’il avait 100% d’énergie, serait pendant trente ans à 15% de croissance –ce qui engendrerait 3% d’effet de croissance pour l’Union européenne, d’après une étude. Paris, c’était une déclaration de principes. Il revient à Marrakech de les rendre opérationnels pour parvenir à un grand plan de paix et de lumière pour l’humanité parce que l’Afrique est un réservoir extraordinaire de croissance pour le monde», explique l’ancien ministre de Sarkozy.
Des projets et des financements, il y en a pour électrifier l’Afrique, s’accordaient à dire tous les panélistes. Il manque juste «ce souci de confiance» pour accélérer le plan d’électrification de l’Afrique, une ambition affichée par les chefs d’Etat du continent lors du dernier sommet de l’UA (Union africaine). «De la même manière que les Européens ont envie d’une reconstruction européenne, l’Afrique a besoin de faire sa deuxième indépendance, à savoir l’indépendance énergétique», soutient l’ancien ministre français, soulignant qu’il est temps d’avoir un grand plan stratégique Europe-Afrique.
Auteur: Seydou Ka
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