La première Université d’Automne des femmes tunisiennes et françaises a lieu à l’Acropolium de Carthage, vendredi 30 septembre 2016 sous le thème «La réussite au féminin, les projets innovants». L’initiative, inspirée de l’expérience de l’association française “Femmes, débat et société“ présidée par Catherine Dumas, a été conduite par le think tank «Tunisiennes fières», présidée par Donia Kaouech.
Le principe est de mettre en avant la réussite au féminin dans notre pays où les exemples sont légions, qu’il s’agisse de sportives de haut niveau, de scientifiques ou de militantes dans la société civile.
Youssef Chahed, chef du gouvernement, assurera l’ouverture de cette manifestation, première du genre en Tunisie, en présence de Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, sénateur et président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, et des élites féminines tunisiennes et françaises.
La manifestation vise à mettre en valeur l’apport des compétences féminines tunisiennes dans le développement de la Tunisie au national et son rayonnement à l’international. Elle sacre également les combats menés par les femmes tunisiennes sur tous les fronts pour une Tunisie ouverte, tolérante, progressiste et égalitaire.
«Les femmes tunisiennes sont indéniablement porteuses d’énergie et d’espoir», pouvons-nous lire dans le communiqué diffusé par les organisatrices.
Nous irons plus loin, elles sont l’espoir de la Tunisie d’aujourd’hui et de demain car elles sont passionnées et totalement engagées dans le combat pour le renforcement des compétences féminines dans les centres de décision et aux devants des scènes politiques et socioéconomiques.
Elles ont métamorphosé le paysage sociopolitique en 2012 lorsqu’elles ont été plus de 17.000 à dévaler l’Avenue Mohamed V en guise de protestation à «l’intrusion» dans la Constitution d’un article de loi parlant des femmes «complémentaires» des hommes. Elles ont réussi le pari de sauver en partie la nouvelle Constitution d’être rétrograde et arriérée. Mais il n’y a pas que cela, ce sont les Tunisiennes qui ont occupé pendant des mois la Place du Bardo pour dire non au terrorisme et appelé au changement de gouvernement. Le Quartet en a récolté les fruits et le prix Nobel de la paix l’a sacré après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de «technocrates».
Depuis l’indépendance, les Tunisiennes ont été de tous les combats et ont été les plus nombreuses dans le monde arabo-musulman à fréquenter les établissements scolaires et universitaires. Elles ont été les précurseurs dans l’aéronautique, la médecine, l’enseignement, la sécurité, la défense, la recherche, l’agriculture et la justice. La Tunisie a nommé une femme à la tête de la Justice militaire, fait unique dans des sociétés telles que les nôtres, sans oublier les femmes chefs de district et hautes compétences administratives et entrepreneures dans des secteurs auparavant considérés comme la chasse gardée des hommes telle la construction navale ou la haute finance.
La Tunisie : un lieu d’accueil pour les femmes qui innovent
«Inscrire la Tunisie comme le lieu d’accueil pour les femmes qui innovent et créent de la valeur, donner une visibilité aux Tunisiennes actrices de changements et leur offrir des tribunes internationales à la hauteur de leur immense talent, c’est la mission que nous nous sommes attribuées dans le think tank “Tunisiennes fières“», a déclaré Donia Kaouech.
La présidente de ce think tank considère que la Tunisie doit aujourd’hui être elle-même une tribune pour l’émancipation réelle des femmes et donner l’exemple à l’international d’un pays où les femmes assurent, assument, avancent, innovent, orientent et dirigent. «Aujourd’hui nous avons mené notre action avec la France et l’Association FDS que nous remercions pour tout le soutien qu’elle nous a apportées, demain cela se passera ailleurs et nous en serons les initiatrices. Les Tunisiennes ont l’étoffe de grands leaders et ont hérité du sang d’Alyssa, de la Kahena, d’Ourwa la Kairouanaise, de Radhia El Haddad, de Bchira Ben Mrad et de beaucoup d’autres. La France n’est que le commencement. D’ailleurs, il y aura un événement retour l’année prochaine au Sénat français pour la femme tunisienne, mais je peux vous promettre que nous brandirons notre étendard national dans d’autres pays», a-t-elle ajouté.
La première Université d’automne de ce vendredi est «l’expression d’une histoire commune entre les femmes des deux rives de la Méditerranée et sera l’occasion de partager leurs parcours, leurs expériences, et faire valoir des projets innovants autour de thématiques sociales, économiques, culturelles, éducatives et politiques». (Voir programme).
De nombreux mécènes tunisiens ont participé à l’organisation de cet événement, juste pour dire que c’est une manifestation tuniso-tunisienne à laquelle ont cru des personnalités nationales de tous bords parce que si l’idée convainc, les patriotes adhèrent. Et à ce que nous voyons, l’idée de «Tunisiennes fières» a convaincu et personne n’a recouru à des fonds étrangers pour en assurer la réussite.
Espérons que les retombées de cet événement phare du mois de septembre seront à la hauteur des attentes et des ambitions des Tunisiennes.