Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, est un pur produit maison, juriste de formation avec un DEA en sciences politiques et en relations internationales et diplomate de carrière, il manie l’art du langage, celui qui anticipe la réaction des autres aux paroles.
Ferme dans ses positions, clair dans ses postures, il s’attelle aujourd’hui à reconstruire l’image d’une diplomatie tunisienne malmenée depuis 2011. Son principal souci est de repositionner la Tunisie en tant qu’acteur diplomatique important dans son environnement immédiat, maghrébin, méditerranéen, africain et européen.
Soucieux de redynamiser les échanges économiques entre la Tunisie et ses partenaires partout dans le monde et surtout en Afrique, il prône également une nouvelle une approche plus appuyée en matière de diplomatie économique. Pour preuve, il a créé dans son cabinet même une unité qui lui est dédiée.
Entretien
WMC : La Tunisie est-elle en train de remettre de l’ordre dans ce chaos diplomatique que nous vivons depuis quelques années, et ce dans le respect des traditions et usages qui existent partout dans le monde? Le moment est-il venu pour que les diplomates étrangers arrêtent de circuler dans notre pays comme s’ils étaient en terrain conquis, ou pire des occupants?
Khemaies Jhinnaoui : Ce que nous sommes en train de faire est de rétablir de la normalité dans nos relations avec les différentes représentations diplomatiques conformément aux us et coutumes et dans le respect de la Convention de Vienne et de ses dispositions en la matière. Ceci pour ce qui est de la qualité des rapports qu’un ministère des Affaires étrangères doit établir avec les missions diplomatiques.
Malheureusement, depuis la révolution, le gouvernement est devenu vulnérable parce que les institutions ont été fragilisées. Aujourd’hui, les choses ont changé, nous disposons d’un gouvernement permanent issu d’élections démocratiques et transparentes. Et nous invitons nos collègues et ambassadeurs à en tenir compte et agir en conséquence. Nous sommes prédisposés à leur ouvrir toutes les portes mais conformément aux règles d’usage qu’ils connaissent très bien, c’est-à-dire en passant par le ministère des Affaires étrangères. Ils adoptent, d’ailleurs, de plus en plus cette démarche puisque eux-mêmes l’appliquent dans leurs pays respectifs.
Lors de la toute récente entrevue que vous avez eue avec le président de la République, vous avez discuté du sommet qui doit se tenir à Bruxelles. Quels sont les points les plus importants que vous aborderez lors de ce sommet?
Notre participation à ce sommet est l’aboutissement de tout un processus qui n’a pas commencé aujourd’hui. Nous avons démarré nos contacts depuis pratiquement 8 mois, il s’agit de donner de la substance et de contenus concrets à nos relations avec l’Union européenne.
Dois-je rappeler que l’Europe est notre premier partenaire. La Tunisie est le premier pays qui a signé un accord de libre-échange avec les pays européens, nous étions aussi le premier pays à accéder en 2013 au “Statut de partenaire privilégié“, et depuis 2011, nous sommes passés à un stade supérieur dans l’exercice démocratique dont nous maîtrisons les principes et les règles.
Nous sommes une démocratie naissante, jeune, qui aspire à s’arrimer à l’espace européen, c’est-à-dire à développer avec lui des relations exceptionnelles et de qualité. Nos attentes est que l’Europe nous renvoie l’ascenseur, soit réceptive à nos demandes et saisisse nos besoins.
80% d’échanges commerciaux avec l’Europe avec le plus grand contingent des Tunisiens à l’étranger qui y réside n’est pas peu.
L’Europe est également le premier investisseur en Tunisie et est censée être le premier marché touristique de notre pays.
Au-delà des intérêts qui nous unissent, nos liens sont organiques et ils ne datent pas des années 90. Ils sont très anciens et c’est ce qui nous encourage à demander à nos amis européens un appui plus fort à notre pays dans un contexte assez difficile pour nous. Nous réalisons tous que l’importance et le coût de l’aide à la Tunisie en cette période exceptionnelle sont de loin inférieurs à ce que nous vaudra à tous l’absence d’un soutien européen. Nous ambitionnons d’ancrer la démocratie et de répondre aux aspirations de notre peuple en matière d’emploi et de développement.
Le Parlement européen a pris une résolution appelant les pays européens à convertir les prêts accordés à notre pays en investissements dans les infrastructures et dans les projets de développements à l’intérieur du pays sans oublier son appel à l’augmentation des aides accordées à la Tunisie. En contrepartie, ils peuvent nous dire, nous sommes prêts à vous aider à condition que vous mettiez de l’ordre chez-vous: rétablissement de l’autorité de l’Etat, stabilité sociale, réglementations plus souples, plus de sécurité et une plus grande transparence pour un meilleur climat des affaires.
Tout d’abord, revenons à la résolution prise par le Parlement européen. Il faut reconnaître qu’elle reflète un état d’esprit allant dans le sens d’un soutien indéfectible à la Tunisie. Cette résolution reflète aussi la volonté des peuples européens représentée par le Parlement, émanation des choix de ces peuples. Cette résolution reste une recommandation à l’exécutif européen qui est la Commission (C.E) et le Conseil de l’Europe.
Le Parlement a recommandé à l’exécutif d’adopter un plan Marshall en Tunisie, c’est ce qui explique l’appel à la reconversion de la dette.
Maintenant au niveau de l’exécutif, tout un plan vient d’être adopté qui sera rendu public à l’occasion du Sommet Tunisie-Union européenne qui se tiendra à Bruxelles les 30 novembre et 1er décembre 2016. Nous devons, à ce moment-là, être éclairés sur le soutien effectif accordé à la Tunisie.
A ce jour, nous ne pouvons avancer aucun chiffre pour ce qui est des prêts, dons ou investissements, mais il est sûr que l’Europe est prête à accroître ses aides de manière assez substantielle. L’aide devrait s’étaler sur 5 ans.
Comment s’articulera cette aide?
Il y a des dons, des prêts octroyés à la Tunisie par la Banque européenne d’investissements (BEI), il y a aussi le programme d’Assistance hicro-financière (AMF), et également les 500 millions d’euros en prêts et les 300 millions d’euros octroyés par la Commission européenne.
Evidemment, lorsque nous sollicitons l’aide de nos partenaires historiques, ce n’est pas sans avoir déployé nous-mêmes des efforts. Nous avons engagé, depuis l’investiture de ce gouvernement, des réformes qui répondent aux aspirations de nos concitoyens et aussi aux attentes de nos vis-à-vis européens. Les réformes touchent le climat d’affaires: adoption de la loi sur le partenariat public/privé, la réforme de la BCT et du système bancaire tunisien, celle de la douane, celle du système fiscal que nous venons de démarrer et bien évidemment le code des investissements.
Le plus important est de rendre au site Tunisie son rayonnement à l’international et de convaincre nos partenaires des opportunités qu’il offre.
Le processus est lancé pour l’achèvement de toute la nomenclature légale pour faciliter aux investisseurs leur implantation dans notre pays dans le respect d’un principe sacrosaint: celui du partenariat gagnant/gagnant.
Ce que propose l’Europe à la Tunisie n’est pas unilatéral, il nous concerne aussi bien les uns que les autres.
Dans un récent discours, le Premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré que la réussite de la transition démocratique en Tunisie est très importante pour l’Europe et particulièrement la France. Pourquoi, d’après vous, cette relation de cause à effet?
C’est ce que je vous disais, le coût pour assurer le succès de la transition démocratique tunisienne est beaucoup moins important que celui qui sera consenti s’il y a échec. C’est le pays le plus proche de l’Europe, tout ce qui se passe chez nous a un impact immédiat sur l’Europe. Un chaos en Tunisie sera dévastateur pour toute la région et aura un impact certain sur l’Europe.
Lors de votre entrevue avec le président de la République, vous avez abordé la réunion des 5 + 5, est-ce à dire que nous sommes plus dans la logique des 5+5 que celle de l’Union pour la Méditerranée (UPM)?
Nous parlons là de nos partenaires naturels avec lesquels nous unit, en tant que Maghrébins, le même espace géopolitique. Nous sommes des Méditerranéens et nous partageons avec ces pays une histoire et une culture communes. Nous parlons là de l’Espagne, de l’Italie, de Malte, du Portugal et de la France. Ces pays-là, séparés de ceux du Sud par le bassin méditerranéen, ont un destin intimement lié. D’où l’importance de la réunion qu’abritera Paris le 28 octobre 2016 sous la présidence française et où seront débattues les questions d’ordre sécuritaire et en tête le terrorisme et économique.
Quand vous parlez de sécurité et de destin lié, cela nous renvoie à la réunion tenue à Paris, il n’y a pas longtemps pour parler de la situation en Libye et lors de laquelle on a royalement ignoré aussi bien la Tunisie que l’Algérie pourtant pays limitrophes de la Libye…
Non, nous n’avons pas été ignorés mais il y avait une démarche française qui estimait qu’il fallait harmoniser les points de vue de certains pays qui avaient des approches particulières dans le traitement du contexte libyen. Le but était de les convaincre de soutenir l’accord parrainé par les Nations unies à Skhirat et le gouvernement d’union nationale. La Tunisie a été le premier pays à approuver cet accord et à reconnaître le gouvernement de M. Sarraj, et nous nous sommes d’ailleurs rendus à Tripoli. Nous aurions souhaité être associés aux discussions de Paris mais j’ai eu, il y a quelques jours, Jean-Marc Hérault (ministre français des Affaires étrangères), au bout du fil, et il m’a briefé sur cette réunion et sur ce qui s’y était passé.
Que s’est-il passé justement dans cette réunion?
C’est une première réunion qui avait un rôle plutôt préparatoire pour inciter les différentes parties prenantes dont le Qatar, les Emirats arabes unis, la Turquie et l’Egypte à observer une posture plutôt positive par rapport au gouvernement d’union nationale de Sarraj et du conseil présidentiel.
L’enjeu Libye pour la Tunisie aujourd’hui? Et quelles en sont les perspectives?
Le dossier libyen est, pour nous Tunisiens, un dossier de première importance. Je dirais même comme l’a souligné monsieur le président de la République, c’est un dossier de politique intérieure. Ce qui se passe en Libye nous touche et nous concerne de près. La Libye est, après l’Union européenne, un des premiers partenaires économiques de la Tunisie, nos échanges s’élevaient à 2,5 milliards de $, un montant qui s’est évaporé depuis 2011.
Pour des raisons sécuritaires bien entendu, ce pays revêt un intérêt particulier pour nous, car l’insécurité qui y règne aura une incidence directe sur nous. Malheureusement, les 4 attaques les plus meurtrières perpétrées dans notre pays trouvent leurs origines en Libye.
Pour nous autres Tunisiens, aider nos frères libyens est une priorité absolue. Nous tenons, et en premier lieu le président de la République, à ce qu’il y ait un consensus et une solution politique pacifique pour dépasser toutes les divergences. C’est pour toutes ces raisons que nous avons appuyé Sarraj et que nous avons appelé nos différents partenaires à le faire.
Rappelez-vous, en mars dernier, la Tunisie a abrité la réunion des pays voisins de la Libye et lors de cette réunion M. Sarraj s’est adressé à tous les présents en tant que président du Conseil présidentiel.
Puis nous avons également organisé une réunion avec les pays du Maghreb qui ne sont pas tous des voisins de la Libye pour qu’ils soutiennent M. Sarraj. Lors de son discours aux Nations unies, le président de la République a exprimé haut et fort son soutien à Sarraj tout en l’appelant à dialoguer avec tous les acteurs politiques actifs sur le terrain en Libye.
On reproche toujours à la Tunisie sa position mitigée quant à ces différents acteurs justement.
La position de la Tunisie est très claire et ceux qui prétendent qu’elle est mitigée ne la comprennent pas. Je suis désolé de le dire. Notre position est orthodoxe, nous demandons aux Libyens de trouver un terrain d’entente entre eux et de trouver une solution politique pacifique à leurs différends. Nous ne soutenons pas une faction aux dépens d’une autre.
Le seul pays qui a accueilli tous les Libyens, toutes orientations politiques confondues et en provenance de toutes les régions de l’Est ou de l’Ouest, c’est la Tunisie. C’est pour cela qu’ils se sont réunis il y a trois jours à Tunis. La Tunisie encourage le conseil présidentiel à aller de l’avant et à continuer de dialoguer avec tous les acteurs à l’Est du pays; elle encourage également ces derniers y compris M.Haftar à tendre la main au Conseil présidentiel pour le sauvetage de la Libye.
Pour revenir à la diplomatie économique très importante aujourd’hui pour notre pays, qu’en est-il de l’Afrique? Le chef du gouvernement a récemment déclaré que deux nouvelles ambassades seront ouvertes sur le continent et 5 antennes économiques. Vous êtes fixés sur les pays?
Nous comptons bientôt ouvrir une ambassade au Burkina Faso, je préfère ne pas citer le nom de la deuxième ambassade dans l’attente de l’achèvement des formalités d’usage, mais elle sera implantée en Afrique anglophone. Dans toutes nos ambassades, il y aura des antennes économiques. Nous y œuvrons en partenariat avec le CEPEX. Il y aura 5 postes avec des antennes économiques en Afrique subsaharienne. C’est une première étape.
La Tunisie compte se redéployer en Afrique et couvrir les pays dans lesquels il n’y a pas de représentations diplomatiques de notre pays. Vous avez dû constater que nous tenons à être plus présents en Afrique, nous avons invité les ambassadeurs africains ici, il y a quelques semaines, et l’un des thèmes principaux de la conférence des ambassadeurs était l’Afrique parce que c’est notre espace naturel et nous comptons y accroître notre présence économique et politique. Nous voulons revenir en Afrique.
Notre redéploiement sera tout d’abord politique ensuite économique en encourageant nos exportations sur le marché africain, en invitant nos frères africains à venir étudier ici en Tunisie dans les universités publiques et privées.
Quelles opportunités de la Tunisie en Afrique?
Nous avons beaucoup d’opportunités, dont le tourisme de santé, le BTP, l’éducation, les finances et l’énergie. La STEG International a contribué à l’électrification de 75% du territoire rwandais, elle se déploie aujourd’hui au Burkina là où des entrepreneurs tunisiens construisent les infrastructures. C’est vous dire l’importance du potentiel en Afrique.
Aujourd’hui, nos opérateurs privés se déplacent en rangs dispersés, y a-t-il une stratégie, une vision pour des opérations séduction plus organisées, plus percutantes? Que peuvent faire les ambassades pour la mise en relation de ces opérateurs avec les décideurs sur place?
Vous savez, l’une de mes décisions prises suite à la conférence des ambassadeurs est de créer une unité baptisée «Diplomatie économique» au cabinet du ministre dont la mission est de s’occuper effectivement de cette question-là. Nous avons consacré pendant la conférence des ambassadeurs toute une journée au CEPEX et j’ai prié les ambassadeurs d’y être présents et d’avoir des contacts individuels avec les opérateurs, plus que l’échange de cartes de visites. C’est le contact direct qui importe le plus. Nous voulons casser le tabou d’ambassades ou d’administrations qui ne sont pas réceptives aux sollicitations des opérateurs économiques.
Et concernant les outils de communication, les brochures, les supports d’information, les ambassades en disposent-elles? Parce qu’à chaque fois, on nous dit que l’information est manquante dans les représentations diplomatiques?
Je pense qu’il faut relativiser ce que vous entendez dire. Les opérateurs disposent de toutes les informations. Elles ne sont peut-être pas aussi étayées, actualisées ou développées que nous l’ambitionnons mais nous nous améliorons. Il y a deux jours, nous avons organisé, pour la première fois de la Tunisie indépendante, une conférence des consuls honoraires de Tunisie à l’étranger. Il y en avait une quarantaine de partout dans le monde, du Bengladesh, du Pakistan, du Brésil et bien entendu d’autres pays. Nous les avons mis en relation. Nous comptons implanter un point focal ici à Tunis pour être le vis-à-vis de ces consuls et nous allons créer un site web qui leur est dédié.
Le Maghreb, pouvons-nous encore en parler? En l’absence d’un Maghreb politique, pouvons-nous rêver un Maghreb économique ainsi que la concrétisation des conventions signées entre tous les pays, tels que l’Accord d’Agadir et également les accords bilatéraux qui restent lettres mortes?
Il y a deux volets dans votre question: tout d’abord, il y a celui relatif aux relations bilatérales avec chacun des pays du Maghreb que nous essayons de développer. Notre chef de gouvernement a été hier en Algérie, ce pays proche avec lequel nous avons des relations denses, importantes, c’est notre voisin immédiat avec lequel nous partageons des centres d’intérêts communs. Cette visite est un pas de plus dans le renforcement de nos relations bilatérales.
Avec le Maroc, c’est la même chose, nous avons des relations soutenues et nombre d’échanges, nous sommes dans la coopération universitaire et culturelle. Pareil pour la Mauritanie.
Maintenant pour ce qui est du Maghreb, vous savez que depuis 1994, il n’y a pas eu de sommet, cela ne dépend pas de nous. Mais nous essayons avec nos frères maghrébins de relancer le processus de partenariat et de coopération commune en axant notre coopération sur l’économique et le culturel. C’est un peu dans la logique du people to people que nous nous situons. Il s’agit d’associer les opérateurs économiques, la société civile, les universitaires aux efforts de consolidation des relations intermaghrébines.
M. Taieb Baccouche, secrétaire général de l’UMA, a d’ailleurs annoncé qu’il a mis au point tout un plan pour redynamiser le processus de l’unité maghrébine.
Et avec les pays du Golfe. On parle de maltraitance des Tunisiens au Qatar, de difficultés à avoir le visa aux Emirats, comment gérer ce genre de rapports?
Tout d’abord, veiller sur la préservation des droits des Tunisiens et sur leur respect représente pour nous une mission principale. Il ne faut pas non plus tomber dans le piège du non-respect des lois des pays récepteurs, il faut se soumettre aux délais prescrits pour ce qui est des visas. Vous avez vu ce qui est arrivé récemment en Arabie Saoudite. Nous n’hésiterons pas à protéger nos concitoyens là où ils se trouvent, mais il faut qu’ils soient dans le respect des lois en vigueur là où ils se rendent. Il n’empêche, nous intervenons par notre relationnel des fois dans des situations délicates.
Les Tunisiens n’ont pas été maltraités au Qatar, ce sont des personnes qui ont été escroquées par des sociétés fictives qui leur ont fait croire qu’ils ont des contrats alors que c’était de l’arnaque.
Nous sommes en train d’examiner avec nos amis qataris les moyens d’intégrer ces jeunes dans d’autres filières. C’est ce que s’attelle à faire notre ambassade sur place, mais ne doutez jamais de notre souci de veiller sur les intérêts de nos compatriotes là où ils se trouvent et partout dans le monde.