Problème endémique, le chômage se pose avec plus d’acuité dans certaines régions du pays. Cela on le savait déjà. Mais désormais et grâce à une étude de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), intitulée «k», on a désormais une cartographie précise de ce mal auquel sont confrontés plus de 800.000 Tunisiens, jeunes et moins jeunes.
Après une partie dont les conclusions avaient été rendues publiques en juin dernier –et qui avait notamment révélé que la Tunisie compte 143.000 postes d’emplois qui cherchent preneur-, la seconde nous apprend que l’œil du cyclone du chômage se trouve dans le sud du pays et plus précisément dans 10 délégations relevant de 5 gouvernorats. Il s’agit en l’occurrence de des délégations de : Kerkennah et Souk El Ahad (Sfax), Kébili-sud (Kébili), Sidi Makhlouf (Médenine), Ghannouch, Sned et Redeyef (Gabès), Gafsa-nord, Oum El Araies et Metlaoui (Gafsa).
Mais ce n’est pas là la seule contribution de cette étude à une meilleure connaissance du chômage en Tunisie. Celle-ci verse au dossier d’autres éléments d’information non moins importants. Elle nous apprend ainsi que la forte tension caractérisant le marché de l’emploi réside, entre autres, dans le fait que non seulement la plupart des demandeurs d’emplois préfèrent travailler dans la fonction publique mais que la majorité d’entre eux ne sont, en raison de la formation universitaire reçue, apte à travailler que dans ce secteur. Et circonstance aggravante, cette frange-là de chômeurs est numériquement plus importante dans le centre et, surtout, le sud du pays.
La palme dans ce domaine est détenue par Tozeur (64,9%), suivi de Tataouine (64,14%), Jendouba (59,47%), Kébili (56,94%), Gafsa (54,05%), Manouba (52,01%), Tunis (51,25%) et Kairouan (47,87%).
Ensuite, deuxième facteur à l’origine de la difficile intégration des nouveaux diplômés au marché du travail, le degré d’absorption de ces derniers par les entreprises locales varie d’un gouvernorat à un autre.
En raison de la plus grande densité de son tissu économique privé, Tunis est le champion dans ce domaine avec 62,3% des diplômés recrutés par ses entreprises, suivi de Monastir (60,09%), Béja (53,4%), Gabès (47,8%), Médenine (45,2%), Zaghouan (44,6%), Ariana (44,2%), Sfax (40%), et Kasserine (36,6%).
Troisième facteur aggravant du chômage, la mobilité réduite des chômeurs détenteurs de diplômes du supérieur. Car les filles, majoritaires dans cette catégorie, n’ont pas la possibilité de quitter leurs régions d’origine pour aller saisir des opportunités d’emplois offertes dans d’autres gouvernorats.
Toutefois, la contribution la plus importante de l’étude de l’IACE à la mesure et au monitoring du phénomène du chômage consiste sans nul doute dans le «score de vigilance». Construit à partir de 32 variables, cet outil, explique Majdi Hassen, directeur exécutif du think tank patronal, est appelé à servir de dispositif d’alerte signant notamment les régions où le chômage aura ou est en passe d’atteindre la cote d’alerte. Donc à être une sorte d’avis de tempête sociale.