Dans le cadre de la réforme progressive du système éducatif, le ministère de l’Education nationale se penche actuellement, en concertation avec toutes les parties concernées, sur sa restructuration, a indiqué Néji Jalloul, ministre de l’Education, dans une interview accordée à l’agence TAP.
Année obligatoire…
Le ministre a fait savoir qu’il est proposé, entre autres, de “rendre l’année préparatoire obligatoire pour tous les élèves et de réduire le cycle primaire à cinq ans au lieu de six ans“.
Révision des programmes et horaires…
Il est aussi prévu de revoir tous les programmes et les horaires scolaires, notamment pour les élèves de la cinquième année et de la sixième année primaire et de multiplier les activités culturelles, sportives et artistiques.
Enseignement technique et réduction des filières…
Il s’agit, en outre, d’intégrer l’enseignement technique dans le collège et de créer le forum des métiers, en plus de l’organisation de visites pour les élèves au sein des entreprises. Il est également proposé de réduire les filières du baccalauréat à 4 seulement.
Colloque national à Mahdia
Néji Jalloul indique qu’un colloque se tiendra à Mahdia les 20, 21 et 22 courant pour présenter les rapports des 15 commissions tripartites (ministère de l’Education-UGTT-Institut arabe des droits de l’Homme) issues du dialogue national sur la réforme du système éducatif et qui ont travaillé sur toutes ces recommandations. “Ce colloque devra aboutir à l’élaboration d’un plan d’action clair pour la réforme du système éducatif d’ici 2020”, a-t-il ajouté, faisant observer que cette réforme doit refléter le projet de société choisi par les Tunisiens et inscrit dans la constitution de 2014.
Il s’agit, a-t-il dit, d’une réforme sociétale civilisationnelle tunisienne, et qu’une réforme du système éducatif peut facilement durer des années surtout si elle est réalisée en consensus avec toutes les parties.
Maintien des concours d’accès aux collèges et lycées pilotes
“Les examens du deuxième semestre de la 6ème année primaire et de la neuvième année de base seront cette année sous forme d’examens nationaux unifiés pour tous les élèves”, a souligné Néji Jalloul.
Il a expliqué que ces examens auront lieu dans des conditions d’un concours dans l’objectif d’évaluer les acquis des élèves et le niveau de l’école tunisienne.
Jalloul précise qu’il s’agit d’examens de passage de classe puisque la Constitution tunisienne stipule que l’enseignement est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans.
En revanche, les concours d’accès aux collèges pilotes et aux lycées pilotes pour les élèves de la sixième année primaire et de la neuvième année de base demeurent facultatifs en attendant l’amendement de la loi d’orientation n° 2002-80 du 23 juillet 2002, relative à l’éducation et à l’enseignement scolaire.
Selon le ministre, cette loi est en cours de révision par la Commission de la législation et sera bientôt finalisée pour être soumise par la suite au conseil des ministres et au Parlement pour adoption.
20 MDT… pour l’infrastructure des écoles
“Plus de 20 millions de dinars ont été mobilisés, cette année, par la société civile pour aider le ministère de l’Education à améliorer l’infrastructure de plusieurs établissements scolaires à travers l’ensemble du pays”, a révélé le ministre de l’Education, Néji Jalloul. “Des hommes d’affaires, des artistes, des institutions médiatiques et des ambassades ont participé au “Mois de l’école 2“ et ont fait don d’une valeur de plusieurs milliers, voire millions de dinars pour embellir, rénover et même créer de nouveaux établissements scolaires”, a-t-il expliqué.
Toujours en collaboration avec la société civile, le ministère de l’Education a pu assurer le transport de 18.000 élèves et garantir le petit déjeuner à 400.000 autres.
Création de 50 écoles olympiques…
Le ministre a aussi fait savoir qu’entre 40 et 50 écoles olympiques verront le jour dans le cadre d’un projet réalisé en collaboration avec le comité olympique international.
Néji Jalloul a reconnu que beaucoup d’écoles manquent encore de terrains sportifs appelant, dans ce contexte, à revoir et à restructurer le sport scolaire afin que les professeurs d’éducation physique ainsi que l’infrastructure et les équipements sportifs existants soient sous la tutelle du ministère de l’Education et non sous celle du ministère de la Jeunesse et des Sports.
Des clubs culturels pour lutter contre la violence
Jalloul estime également que le sport et le renforcement des clubs artistiques et culturels sont le seul moyen de lutter contre la violence.
Dans ce contexte, il a fait savoir qu’un nouveau centre culturel baptisé “Centre culturel El Messaadi” sera inauguré le 20 octobre 2016 à Tunis (près du Lycée Carnot).
D’une capacité d’accueil de 500 places, ce centre sera dédié à tous les élèves afin qu’ils puissent y exposer leurs tableaux et présenter leurs différentes œuvres artistiques.
Deux bibliothèques à Tunis et à Sousse…
A rappeler qu’une bibliothèque a récemment été inaugurée à Tataouine, et qu’une bibliothèque similaire sera inaugurée, prochainement, à Sousse, révèle le ministre de l’Education.
Par ailleurs, Néji Jalloul a indiqué que dans les établissements scolaires, le nombre de clubs scolaires reste encore limité en raison du manque de cadres, saluant toutefois l’effort de plusieurs enseignants qui se sont portés volontaires pour animer de tels clubs dans leurs établissements.
Des peines lourdes contre… les cours particuliers
“Les enseignants en exercice qui assurent des cours particuliers en dehors des établissements scolaires encourent des sanctions sévères qui vont jusqu’à la révocation”, a fait savoir le ministre de l’Education. En effet, le décret gouvernemental n° 2015-1619 du 30 octobre 2015, fixant les conditions d’organisation des leçons de soutien et des cours particuliers au sein des établissements éducatifs publics stipule qu’il est strictement interdit aux enseignants exerçant dans les différents établissements éducatifs publics relevant du ministère de l’Education de dispenser des cours particuliers en dehors des établissements éducatifs publics.
L’exercice de l’activité d’organisation des cours particuliers en dehors des établissements éducatifs publics entraîne la sanction disciplinaire du deuxième degré (mutation d’office avec changement de résidence, exclusion temporaire pour une période de six mois avec privation de traitement, mise à pied …). En cas de récidive, la sanction de révocation peut être infligée à l’auteur de l’infraction, prévoit le même décret.
Jalloul souligne que des campagnes de sensibilisation seront bientôt organisées pour sensibiliser les parents et les inciter à boycotter les cours particuliers à domicile qui n’ont, selon lui, aucun effet positif sur leurs enfants.
“On est également en train de réfléchir à de nouvelles formules, en collaboration avec le ministère des finances, pour contrôler ces activités qui seraient soumises à la fiscalité”, a-t-il dit.
Nécessité d’un climat de confiance au sein des établissements
Par ailleurs, le ministre a mis l’accent sur l’importance d’instituer les conseils des établissements pour garantir un climat de confiance et réduire les tensions entre les enseignants, les élèves et les parents. Ces conseils sont déjà créés au niveau du primaire en commun accord avec le syndicat de l’enseignement de base mais ils ne le sont pas encore au niveau du secondaire.
A noter que le conseil de l’établissement scolaire comporte des représentants des parents, des élèves et des enseignants.
WMC avec l’agence TAP