Après une très, très longue gestation, faite de beaucoup d’hésitations, d’avancées puis de reculs, le nouveau Code des investissements, dont l’élaboration avait commencé sous le gouvernement Ali Laarayedh, et poursuivie par ceux qui l’ont succédé, a finalement été adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le 17 septembre 2016, trois semaines après la prise de fonction de la nouvelle équipe gouvernementale.
Contre toute attente, cette adoption n’a pas été accueillie avec un enthousiasme débordant. Notamment parce que le nouveau Code des investissements est quasi unanimement considéré comme très imparfait, donc ne répondant pas aux besoins et aux attentes. «La dernière mouture ne constitue pas l’idéal», en dépit des améliorations apportées, estime Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce, de l’artisanat (UTICA).
D’ailleurs, n’était-ce la Conférence internationale sur l’investissement (28 et 29 novembre), ce texte aurait bien pu être retiré –comme il l’a été une première fois par le gouvernement Mehdi Jomaa- par Youssef Chahed afin d’en revoir le contenu dans le but de l’améliorer.
Mais, fût-il parfait, le nouveau code ne suffirait pas à relancer l’investissement tant local qu’étranger. Car, comme l’a expliqué Mme Bouchamaoui le 22 septembre, «le climat des affaires est plus important que le code». Or, ce climat n’est actuellement pas encourageant. Notamment en raison des misères faites aux entreprises depuis 2011 et récemment encore et dont la présidente de l’UTICA a cité quelques exemples.
Le premier est celui de trois entreprises de BTP engagées dans la réalisation de l’autoroute Médenine-Ras Jedir –un projet de près de 80 millions de dinars, rappelle Mme Bouchamaoui- et qui, le 5 septembre 2016, ont subi l’attaque de trois personnes cagoulées qui ont brûlé les équipements et le matériel de deux d’entre elles.
Mais ce n’est pas seulement cette attaque qui exaspère la présidente de la centrale patronale mais le temps que les forces de sécurité ont mis à y réagir. Celles-ci «ont mis deux heures et demie pour arriver sur les lieux», s’insurge Mme Bouchamaoui. Et cela après qu’elle a dû intervenir auprès du chef du gouvernement en personne, Habib Essid en l’occurrence.
Le deuxième cas illustrant le caractère peut incitatif à l’investissement de la situation prévalant actuellement en Tunisie concerne le Port de Radès qui, observe la présidente de l’UTICA, en raison des nombreux bateaux en rade, fait perdre près de 1 milliard de dinars par an au pays.
Troisième et dernier exemple -encore plus grave- du climat d’affaires guère favorable, la récente séquestration d’un chef d’entreprise étranger par ses employés. Alertée par l’intéressé, la présidente de l’UTICA en a aussitôt informé les autorités. Et encore une fois il a fallu l’intervention de l’ancien chef du gouvernement en personne pour que l’investisseur étranger puisse quitter son usine.
Rien d’étonnant donc que plus de 1.800 entreprises aient fermé leurs portes depuis 2011 et qu’il faille beaucoup plus qu’un simple et nouveau Code des investissements pour redonner envie aux investisseurs étrangers de regarder de nouveau en direction de la Tunisie.