L’Etat tunisien est devenu maître dans l’«art» de ne pas concrétiser ce qu’il s’est engagé a faire. On en a une nouvelle illustration avec le fameux Plan Solaire Tunisien (PST). Annoncé une premiere fois en 2010, puis une seconde –apres mise a jour- en 2012, il attend toujours, six ans plus tard, qu’on commence a en concrétiser un bout.
Ce constat amer, les participants à la conférence-débat «Energies renouvelables: Stratégie, cadre réglementaire et benchmark», organisée fin septembre 2016 par l’ATUGE, l’ont fait la mort dans l’âme et, donc, du bout des lèvres. «Le Plan Solaire Tunisien a été adopté. C’est vrai que ses objectifs sont ambitieux. J’espère qu’on ne va pas tarder à lancer les projets», observe Mongi Marzoug, ancien ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines. Qui a occupé pendant huit mois durant lesquels, happés par des dossiers plus chauds –phosphate, pétrole, etc.- qu’il n’a pas eu le temps de s’intéresser à celui des énergies renouvelables.
Rappelant que «la Tunisie a été pionnière dans beaucoup de domaines» mais pas dans d’autres, la nouvelle ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Hela Cheikhrouhou, estime, dans celui des énergies renouvelables, «il est temps aujourd’hui de rattraper le temps perdu en se basant sur les acquis récents». Et notamment d’«adopter une stratégie pour le secteur de l’énergie à l’horizon 2030».
L’ambition actuelle de la Tunisie est que les énergies renouvelables représentent, à cette date-là, 30% du mix énergétique, contre seulement 3% actuellement. A titre de comparaison, le Maroc est déjà lui à 32%, et ambitionne de passer à 42% en 2020 et 52% en 2030.
Pourtant, lorsqu’on lui demande, comme le fait Iheb Triki, ancien conseiller du ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, modérateur du débat, «si le tableau tunisien est si noir qu’on le pense», Houda Allal, présidente de l’Observatoire méditerranéen de l’Energie (OME), assure que non. «Le tableau n’est absolument pas noir. La Tunisie est pionnière: elle a installé la première centrale éolienne d’Afrique du Nord et elle est la championne de l’efficacité énergétique. Qui, assure Mme Allal, est l’objectif n°1 et la base de toute stratégie énergétique».
Même sur les énergies renouvelables «on n’a pas à rougir», insiste la présidente de l’OME. Car, selon cette experte, «la Tunisie a été prudente». S’abstenant de faire comme d’autres pays qui «ont été plus rapides» dans la concrétisation de leurs programmes d’énergies renouvelables, mais les ont «financés avec des subventions».
Mais entre la lenteur tunisienne et la -supposée excessive- rapidité marocaine, il doit bien y avoir un juste milieu. Que la Tunisie, sous la houlette de sa nouvelle ministre de l’Energie et des Mines, devra trouver. Pour, comme l’a dit Mme Cheikhrouhou, «rattraper le temps perdu» et passer des 25 MW de capacité actuellement aux 1000 MW que le Plan Solaire Tunisien avait fixé comme objectif dans sa première version datant de 2010.