Pour lancer pour de bon le secteur des énergies renouvelables, il va falloir remettre à plat certaines et en trancher d’autres. Comme celle du rôle de la STEG.
Une stratégie à l’horizon 2030 pour le secteur des énergies renouvelables. C’est l’un des objectifs que s’est fixé Hela Cheikhrouhou, la nouvelle ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Consciente, comme elle l’a laissé entendre lors de la conférence-débat sur «Energies renouvelables: Stratégie, cadre réglementaire et benchmark», organisée le 30 septembre 2016 par l’ATUGE. Mais, comme le démontre l’expérience passée, où l’annonce d’un Plan Solaire Tunisien (PST) en 2010 n’a pas été suivie d’effet à ce jour, et en raison de la situation actuelle du pays, ce sera probablement plus dur à clamer qu’à faire. D’autant que les questions et les problèmes à résoudre ne manquent pas.
L’une des premières tâches –et probablement pas la plus difficile- consistera à définir le contenu de la stratégie et pour cela à revoir les prévisions que Mme Cheikhrouhou juge «obsolètes», notamment par rapport au coût des technologies qui a beaucoup baissé au cours des dernières années.
Ensuite, un des éléments clefs sera de déterminer le tarif qui sera appliqué lors du rachat par la STEG de l’électricité produite par des énergies renouvelables, le solaire notamment. L’exercice n’est pas de tout repos.
A ce sujet, Moncef Harrabi, directeur général de STEG Energies Renouvelables, a une crainte. «Si on va se baser sur le feed-in tarif et lancer un appel d’offres déguisé, cela ne va pas marcher». M. Harrabi recommande d’«élaborer un cahier des charges clair et transparent et c’est très difficile», et se demande s’il «est possible de passer directement par un tarif d’achat fixe pour atteindre les objectifs de 2020».
Plusieurs investisseurs européens sont intéressés par la Tunisie et ont déjà, révèle le DG de STEG ER, «entamé des études de faisabilité et même avancé dans la réservation de terrains». Ceux-là, souligne-t-il, «tablent sur la sagesse de l’administration tunisienne pour pouvoir avancer».
Un autre intervenant dans le débat a mis sur la table l’une des questions qui inquiètent le plus les investisseurs potentiels dans les énergies renouvelables en Tunisie. «Comment va-t-on organiser la gouvernance du secteur pour que tous les acteurs puissent travailler ensemble?», se demande-t-il. Une référence voilée au rôle que va jouer la STEG dans ce secteur –une STEG malheureusement perçue jusqu’ici comme un facteur de blocage.
«La STEG était sceptique», admet la nouvelle ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Mais, souhaitant «être très claire à ce sujet», ajoute que «la Tunisie a la chance d’avoir la STEG. Dans les pays où une telle société est faible ou inexistante, le privé ne vient pas».
Hela Cheikhrouhou finit par couper la poire en deux en admettant que, pour une bonne gouvernance du secteur, il sera nécessaire d’apporter «un appui politique» à cette société nationale pour qu’elle puisse être «réformée et restructurée».
Que faire en matière d’énergies renouvelables? Les deux ministres, le précédent et l’actuelle, ont apporté des éléments de réponse en rapport avec cet axe essentiel de la réflexion. Rappelant au passage ce qu’il a fait pendant les huit mois passés à la tête du ministère de l’Energie et des Mines –cadre règlementaire, création et organisation de ce département et mise en place d’une direction générale pour l’électricité et les énergies renouvelables, Mongi Marzoug en conseillant que la Tunisie «se lance dans toute la chaîne des énergies renouvelables».
De son côté, Mme Cheikhrouhou appelle à «réfléchir sur quel contenu local on peut espérer» et suggère, «pour que les manufactures acceptent de transférer leurs technologies», de «donner de la visibilité aux projets». Et se montre confiante à ce sujet, car «le tissu industriel tunisien est développé» puisque «certains composants sont fabriqués localement».
Moncef Mahroug