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“Assurer votre Business avec l’exploitation de la Data”, était le thème de la Matinale dédiée au secteur de l’assurance qui s’est déroulée le mercredi 2 novembre à Tunis. Cette conférence, organisée conjointement par l’université Paris-Dauphine et le groupe Business & Decision, aura permis de répondre à bon nombre de questions pertinentes, concernant le secteur de l’assurance en Tunisie, ainsi que les avantages du recours au Big Data en termes d’optimisation des processus métier et de la pertinence quant à l’utilisation des systèmes d’information.

Plusieurs intervenants étaient présents à cette table ronde, à l’instar de Yazid Sellaouti – DGA de Lloyd ; Hafedh Gharbi – Président du CGA ; Charles–Antoine Roger – Directeur de l’activité retraite et international de Mercer France ; Michael Deheneffe – Directeur Conseil & Innovation B&D; Mohamed Bessa – Directeur Conseil & Innovation B&D Tunisie , Amina- Bouzguenda-Zeghal, Directrice générale de Dauphine Tunis et Neila Benzina – Directrice générale de B&D Tunisie .

Des lacunes au niveau de la collecte des données clients en Tunisie

Cette matinale a été l’occasion d’avoir un regard croisé entre le monde de la recherche et le monde professionnel sur les modes de collecte de données (GetDATA), les méthodes d’exploitation des données pour améliorer le ROI des assurances (Data for business) et ses nombreuses utilisations (use data) pour faire mieux, faire plus, faire juste et innover dans un business en profonde mutation.

C’est d’ailleurs dans cette perspective, que plusieurs questions ont été abordées comme les faiblesses dans la collecte des données clients au niveau des assureurs auto tunisiens.

« On possède finalement très peu de données concernant l’assuré lui-même à l’inverse du véhicule (âge, sexe, statut marital, fonction…)» a souligné dans ce sens M. Yazid Sellaouti DGA de Lloyd en précisant que « ce type d’informations pourrait être capital au niveau de la police d’assurances ».

Il a par ailleurs préconisé, le recours à la connexion à plusieurs bases de données externes (services des mines, banque centrale, ministères de l’intérieur et des finances…) ce qui permettrait ainsi, de mieux cibler le consommateur. A titre d’exemple, Mr Sellaouati a évoqué le cas des Pays-Bas possédant un système capable d’identifier en temps réel et à partir d’une simple plaque minéralogique, les informations et l’historique relatifs à un véhicule, l’identité de l’assuré, les cas de fraude, etc.

« Regrouper toutes ces données pourraient ainsi limiter les fraudes à l’assurance, qui sont estimées aujourd’hui à 30% des sinistres, notamment les sinistres matériels, qui se chiffrent en centaines de milliers de dinars» a ajouté le responsable.

Autre problème : Le nombre d’incendies majeurs qui, selon Hafedh Gharbi Président du CGA, «était estimé à un ou deux par an avant la révolution et qui a grimpé à 24 après 2012, causant ainsi un coût de 17 millions de dinars aux assurances ».

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Des données client disponibles partout…

Il a par ailleurs ajouté qu’il faut trouver des leviers de motivation pour que « l’assuré communique de lui-même ses informations », pour cela il faut que l’assuré y trouve son intérêt. De ce fait, il serait judicieux de la part de l’Etat d’assouplir la législation dans le recueil des données personnelles. « Les assureurs, tout comme les banques devront connaitre l’identité exacte de leur clients et ce, afin de lutter contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. »

Ainsi, les assureurs pourront compter sur les données omniprésentes dans notre environnement. En effet, les données sont partout. Dans l’entreprise – pas toujours structurées ni centralisées-, hors de l’entreprise, au niveau des bases de données de plusieurs établissements et même sur les réseaux sociaux…

C’est d’ailleurs sur ce point qu’a rebondit Michael Deheneffe Directeur Conseil & Innovation B&D en déclarant: « Capter des informations c’est capital. Prenons l’exemple des voitures connectées capables d’enregistrer une multitude de données (freinage brutal, utilisation des clignotants, respect des limitations de vitesse). Elles sont analysées par des tiers, notamment les assureurs qui y voient un moyen d’affiner les tarifications en fonction du profil plus ou moins risqué du conducteur. L’assuré est donc responsabilisé et peut de lui-même faire baisser sa tarification, ce qui engendrera un bénéfice pour 80% des clients»…

Pour aller plus loin, Mr Deheneffe a donné pour exemple un projet lié à la santé sur la prévention des Burn-out (épuisement professionnel) dans des entreprises françaises. « A partir du croisement de certaines données comme les mouvements des badges entrée/sortie et les méta data sur les e-mails, on a été capable de détecter des personnes à risque de burn-out ! Mais la question qui suit ce constat est : comment exploiter ces données et jusqu’où peut-on aller? Comment les utiliser dans le long terme ? Ces données seront gérées par les RH et les assureurs sans les divulguer aux concernés ni à sa hiérarchie afin d’établir une relation de confiance, les responsables proposeront des services annexes qui pourront aider ces personnes à risque ».

Autre exemple : Détecter le changement de véhicules chez les assurés, par exemple en fonction du changement d’emploi « Ces informations sont tout simplement disponibles chez Linkedin, que nous pouvons collecter via une simple API. En détectant ces changements dans la vie de l’assuré, l’assureur pourrait par exemple envoyer un mail au client à pour période bien déterminée !».

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«Transformer le capital informationnel en un véritable revenu sur investissement»

Pour l’assurance, souvent prisonnière de « l’asymétrie d’information » (méthode de calcul du risque), cette masse de plus en plus importante d’informations modifie en profondeur les métiers de gestion de risques, la tarification, l’assurabilité, mais aussi l’organisation des métiers et des entreprises.

Les assurances santé, également mis en avant lors de cette table ronde, s’activent dans ce sens : « On utilise le Big Ddata depuis plusieurs années dans ce secteur pour comparer les dépenses réelles de santé avec le comportement des assurés sur les canaux digitaux (internes et externes à l’entreprise) ». L’exploitation du Big Data, en mutualisant les bases de données entre les différents prestataires de santé, nous permet de mieux comprendre les dépenses de santé des clients, de détecter des environnements propices à certaines maladies, d’avoir une organisation optimale et ainsi de déterminer les offres les mieux adaptées aux profils » a affirmé Charles–Antoine Roger Directeur de l’activité retraite et international de Mercer France .

Les responsables de Business & Decision ont émis un bon nombre de recommandations comme le fait de mettre en place un système de collecte et d’analyse des données, d’avoir une vision à horizon 2030 tout en prévoyant une agilité pour faire face aux changements de l’entreprise (rachat possible, contexte politique etc…).

Par ailleurs l’université Paris-Dauphine en collaboration avec B&D Tunisie et les Compagnies d’assurances proposent de mettre en place au sein même des assureurs, des laboratoires Big Data –Actuariat afin de commencer la démarche et tester en mode ROI, la collecte, l’analyse et l’utilisation des données. Les étudiants futurs data scientist ou data steward, parrainés par BD mettront en place des prototypes afin de

«Transformer le capital informationnel en une véritable source de revenus pour les assureurs grâce à des offres segmentées, répondant à des besoins spécifiques».

S.B.N