“En l’absence d’une ferme volonté d’y faire face, la corruption risque de s’amplifier et de se transformer quasiment en une ” mafia” qui exerce une mainmise sur les partis politiques, le parlement et les appareils sécuritaires”, selon Mohsen Marzouk, secrétaire général du Mouvement Machrou Tounes (Projet de la Tunisie).
“Rongée par la corruption, la Tunisie est aujourd’hui en proie à des réseaux, des caïds et des barons qui accaparent des richesses qui se chiffrent en des milliards de dinars “, regrette-t-il.
“L’éradication de ce phénomène est tributaire de la mise en place d’un mécanisme d’action qui prend appui sur les volets judiciaire et sécuritaire, comme c’était le cas en Italie”, a estimé Marzouk qui s’exprimait dans le cadre d’une série d’entretiens réalisés par l’agence TAP avec les partis politiques signataires du Document de Carthage.
“Ce mécanisme doit agir sous le contrôle direct de la présidence du gouvernement et de l’Assemblée des représentants du peuple sans pour autant compromettre son indépendance”, a-t-il expliqué.
“La mafia de la corruption qui a prospéré dans plusieurs pays en phase de transition, en raison de la faiblesse de l’Etat, n’a pas encore atteint le point du non retour en Tunisie”, a-t-il tenu à souligner.
“Un niveau élevé de corruption ne peut pas être désamorcé avec des méthodes conventionnelles qui s’appuient sur les appareils sécuritaire et judiciaire”, a-t-il lancé.
Il faut envisager, d’après lui, l’hypothèse que les barons de la corruption aient déployé leurs tentacules dans les différents rouages de ces deux institutions, ce qui rend difficile la lutte contre ce phénomène par des appareils entachés de corruption.
Pour Mohsen Marzouk, “la réussite du gouvernement de Youssef Chahed à détruire les germes de la corruption dépend de la mise en place d’une stratégie dotée d’une approche claire du mode de traitement de ce phénomène. Les gouvernements successifs se sont contentés du règlement des problèmes quotidiens sans pour autant tenter de prendre une connaissance approfondie et détaillée des différents secteurs, en l’occurrence l’éducation, le tourisme et le sport”, a-t-il soutenu.
Le gouvernement de Youssef Chahed, a-t-il conseillé, “doit convertir les principaux généraux du Document de Carthage en des programmes d’action détaillés et d’adopter un nouveau mode de gouvernance capable d’appliquer la loi et d’améliorer la méthode du travail du parlement”.
D’après lui, “les méthodes du travail adoptées par le parlement entravent une mise en œuvre rapide des réformes”.
Tout en se déclarant prêt à coopérer avec le gouvernement Chahed, le secrétaire général du Mouvement Machrou Tounes a plaidé en faveur de la formation d’un front politique composé de partis à orientation démocratique.
A ce propos, il a rappelé que son parti avait proposé, en janvier dernier, la formation d’un front, en tant que solution politique pour transcender les divisions et les querelles qui minent les partis et être une force d’appui aux efforts du gouvernement.
Selon Marzouk, “cette proposition a eu un écho des plus favorables auprès de plusieurs partis, en l’occurrence le parti Afek Tounes, l’Union patriotique libre et des personnalités politiques. Hélas, les concertations ont été suspendues à la suite de la formation du gouvernement Chahed”.
Par ailleurs, Marzouk a mis en garde contre l’amalgame entre le religieux et le politique qui, a-t-il dit, “est à l’origine de l’amplification du phénomène du terrorisme”, mettant l’accent, à ce propos, sur la nécessité d’assécher les sources de la pensée terroriste et d’adopter une stratégie cohérente de lutte contre ce phénomène qui prend en considération les volets éducatif, culturel et social.
Au sujet de la propreté et de la protection de l’environnement, Mohsen Marzouk a jugé indispensable d’opter pour “l’énergie propre”, comme c’est le cas dans plusieurs pays comme le Suède.
“Il s’agit de recycler et de valoriser les déchets, de manière à en faire une énergie propre”, a-t-il expliqué, faisant remarquer que la création d’usines de transformation des déchets va éradiquer définitivement le problème des décharges et de la pollution.