La Tunisie a perdu quatre places dans le classement des pays exportateurs d’habillement sur l’Union européenne, passant de la 5ème place en 2005 à la 9ème place en 2015. Sa part dans le total des importations d’habillement de l’UE est passée de 16,8% en 2012 à 13,5% en 2016, a indiqué Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM) lors d’un séminaire à Tunis, sur le thème “le textile habillement dans les pays méditerranéens : l’enjeu de la compétitivité”.
Six ans de destruction de l’industrie textile…
“Ce recul n’est pas dû à une baisse de la demande du marché européen ou à la concurrence internationale, surtout que ses concurrents, la Turquie et le Maroc entre autres, ont amélioré leurs explorations dans ce domaine, mais à une destruction, pendant six ans, de l’industrie tunisienne de textile, du climat des affaires, de l’attractivité de la Tunisie et de son image ainsi que la perte de confiance des investisseurs en l’avenir de ce secteur”, a indiqué de son côté le vice-président de la Fédération nationale du textile (FENATEX), Nafâa Ennaifer.
Pendant six ans, environ 400 entreprises tunisiennes opérant dans ce secteur ont disparu alors que des dizaines d’entreprises, dont la plupart situées dans les régions intérieures, font toujours face à de grandes difficultés (baisse des commandes et de chiffres d’affaires et cumul des dettes) et sont menacées de fermeture.
Textile/habillement, un secteur stratégique…
“Par ailleurs, les prémices d’une prise de conscience de l’importance de ce secteur dans la création d’emplois qualifiés se font sentir, d’autant que dans la nouvelle loi sur l’investissement, le textile/habillement a été identifié en tant que secteur stratégique prioritaire outre l’élaboration d’une stratégie de promotion, le renforcement des entreprises en difficultés et la garantie des conditions de travail adéquates dans ces unités “, a-t-il dit.
A cet égard, la stratégie de promotion du secteur du textile-habillement, préparée en concertation avec les organisations professionnelles, industriels et hommes d’affaires prévoit un appui technique du centre du textile, appui financier de 200 MD prévu dans la loi des finances pour soutenir les entreprises en difficultés, le rééchelonnement de leurs dettes vis-à-vis de la CNSS, la conquête de nouveaux marchés, la formation de la main d’œuvre qui devient de plus en plus réticente à exercer ce métier, et la lutte contre l’importation illégale, a précisé pour sa part, le ministre de l’industrie et du commerce Zied Laadhari.
Le gouvernement est conscient de la situation difficile du secteur ainsi que de la nécessité d’agir en urgence, a-t-il dit, faisant savoir que cette stratégie “complémentaire” sera présentée prochainement, lors d’un conseil ministériel.
Un léger mieux…
Les derniers indicateurs d’activité du secteur, présentés par le directeur général de Centre technique du textile, Samir Haouet, montrent les signes d’une légère reprise.
Ainsi, au cours du mois de septembre 2016, les exportations du secteur ont évolué de 23,98% en valeur, par rapport au même mois de 2015, pour s’établir à 405,89 MDT, et de 5,91% en volume, soit 12166,74 tonnes. Cette croissance a concerné aussi bien la filière du textile (6% en valeur et 3,64% en volume) que celle de l’habillement (27,95% en valeur et 9,12% en volume).
S’agissant des importations, elles ont augmenté de 16,09% en valeur, soit 317, 87 MDT, et de 7,05% en volume (28.972 tonnes).
En 2016, le secteur compte 1.708 entreprises pour 161.087 emplois. Un tissu industriel émerge dans les régions intérieures, notamment à Kairouan (33 entreprises), Kasserine (28) et à Gafsa (25).