“Nous devons inventer de nouvelles relations entre la Tunisie et la France”, a déclaré le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à la veille de sa visite officielle à Paris (9 et 10 novembre), la première qu’il effectue dans un pays européen depuis son accession à la primature.
L’engagement politique de la France envers la Tunisie “doit se hisser à un autre niveau”. Etant “l’exception des printemps arabes”, l’enjeu aujourd’hui est la réussite d’une transition vers un modèle nouveau”, a-t-il souligné dans une interview accordée, mardi, au journal français Le Monde.
Youssef Chahed a indiqué que la Tunisie défend les mêmes valeurs universelles de démocratie et de droits de l’Homme sur lesquelles l’Europe est bâtie et de ce fait, “nous devons être un partenaire stratégique avec un engagement fort de la communauté internationale”.
Interrogé sur sa décision de reporter les augmentations de salaires dans la fonction publique et d’imposer de nouvelles taxes aux professions libérales, le chef du gouvernement a expliqué que la Tunisie se retrouve dans “une situation économique difficile (impliquant) de se serrer un peu la ceinture”. “Il faut que tout le monde participe à ces sacrifices pour sauver les finances publiques”, a-t-il souligné.
S’agissant des critiques relatives à l’influence du Fonds monétaire international (FMI) sur la politique économique de la Tunisie après lui avoir octroyé 2,9 milliards de dollars de prêts, Chahed a indiqué que “quand la masse salariale dans la fonction publique a atteint un niveau élevé par rapport aux recettes de l’Etat, on n’a pas besoin du FMI pour nous le dire”, ajoutant que la Tunisie est capable de régler cela en interne.
Les déficits publics ont explosé depuis la révolution et à ce titre “nous demandons à la communauté internationale de prendre cela en considération”, a-t-il affirmé.
Sur un autre plan, Chahed a déclaré que la lutte contre la corruption fait partie des priorités de son gouvernement. Cela n’est pas facile, a-t-il dit, “car nous souffrons de l’économie informelle notamment dans le Sud avec une frontière libyenne qui fait vivre beaucoup de gens”.
Le gouvernement met tout en œuvre pour identifier et démanteler les réseaux mafieux, a-t-il souligné.
Interrogé sur l’article du “Washington Post” au sujet des drones américains qui décolleraient de Tunisie vers la Libye pour y mener des actions d’espionnage, le chef du gouvernement a affirmé que la coopération sécuritaire entre la Tunisie et les Etats-Unis est “très élevée”, ajoutant que les USA avec les européens, sont le pays qui a le plus aidé la Tunisie en matière de sécurité ces dernières années.
“Nous sommes satisfaits du niveau de la coopération militaire avec les Américains, même si ce sujet peut susciter de la polémique en Tunisie”, a-t-il précisé, ajoutant que le gouvernement aspire à avoir bien plus de coopération pour protéger le territoire.
Un système de sécurisation des frontières est en train d’être mis en place, a-t-il fait savoir, ajoutant que la Tunisie a besoin de ses amis européens et américains pour se procurer des équipements, des infrastructures et des technologies modernes. “Mais il n’y a pas de drones qui décolleraient de chez nous vers la Libye”, a-t-il tenu à préciser.