Les séances d’audition publique des victimes de la dictature qui se tiendront, prévues les 17 et 18 novembre 2016, auront un impact positif, selon la présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Ben Sedrine. Le but est d’informer l’opinion publique, d’archiver la vérité, de réparer les injustices et de demander à tout un système de rendre des comptes.
Il ne s’agit pas de demander des comptes aux tortionnaires ni de se venger d’eux, s’est-elle défendue lors d’une rencontre avec les journalistes, jeudi, au siège de l’agence TAP.
Ces séances d’audition publique seront l’occasion d’écouter 8 témoignages, soit 4 témoignages par jour pour une durée de 30 minutes chacun. Les victimes témoigneront à visage découvert. Selon la présidente de l’IVD, il n’y aura pas de confrontation entre la victime et le tortionnaire.
Etablir les crimes du régime et réparer les injustices est le but de ce processus et non pas prendre sa revanche sur les tortionnaires, a-t-elle assuré. Il y a lieu, à ce propos, de garantir la protection à celui qui reconnaît le fait dont il est accusé pour anticiper les réactions prévisibles, a-t-elle proposé.
Les victimes sont elles autorisées à divulguer le nom de leurs tortionnaires au cours des séances d’audition publique? Le choix est laissé à leur libre appréciation, affirme Sihem Ben Sedrine. L’IVD a écouté les témoignages de responsables d’actes de torture qui ont reconnu au cours des séances d’audition à huis-clos avec les victimes, avoir commis des exactions. Le but n’est pas de stigmatiser les tortionnaires mais de dévoiler la vérité et d’instaurer les fondements de l’Etat de droit, a-t-elle insisté.
L’IVD, a-t-elle ajouté, ne dispose pas de mécanismes adéquats pour protéger les tortionnaires mais peut le faire en coordination avec le ministère de l’Intérieur. Une demande a été présentée en ce sens au ministre de l’Intérieur.
Les séances d’audition publique seront marquées par la présence de plus de 200 personnalités étrangères. Parmi eux des représentants des Commissions pour la vérité des pays qui ont vécu la même expérience que la Tunisie en matière de justice transitionnelle à l’instar du Maroc, de l’Afrique du Sud, du Pérou, de l’Allemagne et du Brésil.
Les séances d’audition publique seront retransmises en direct. Des conventions ont été signées avec plusieurs médias tunisiens et étrangers à cet effet. Une convention sera signée en ce sens entre l’agence TAP et l’IVD.
Des contacts sont en cours entre l’IVD et le ministère des relations avec les instances constitutionnelles pour organiser cet évènement au palais des congrès.