Comment promouvoir l’énergie solaire en Afrique? Tel était le sujet d’une présentation tenue sous le Pavillon Afrique, mardi 8 novembre 2016, au deuxième jour de la COP22 à Marrakech. «L’Afrique a un gros potentiel en énergie solaire, un potentiel de 1.000 gigawatt», a d’emblée lancé Charles Cormier, directeur de l’énergie pour la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à la Banque mondiale, qui organisait l’événement. Or, le continent ne dispose que de 1% de ce type d’énergie renouvelable dans son réseau. Et «sur les prochaines décennies, il y aura un grand besoin», a-t-il affirmé.
Mais pour que le solaire se développe véritablement sur le continent, il faudrait 33 milliards de dollars EU d’investissements par an pendant 20 ans.
Baisse de 60% des prix du solaire
De l’avis de Charles Cormier, il faut «maintenant rassurer les investisseurs pour qu’ils se lancent dans le secteur. Pour cela, il faut voir comment aider les pays à s’assurer qu’ils ont un environnement attrayant. En amont, on peut faire quelques projets pour commencer». La baisse de 60% du prix du solaire sur les cinq dernières années est un avantage.
Le problème, ont argué certains experts, est le manque de projets bancables; des investisseurs africains sillonneraient l’Afrique à la recherche de projets de ce type sans en trouver. C’est pourquoi, lesdits experts préconisent un mouvement global et dynamique, comme cela a été le cas avec la révolution de la téléphonie mobile. «La révolution solaire ne se fera pas toute seule. Des pays ont pris une bonne avance, tout le monde peut suivre», ont suggéré les experts présents, citant le Sénégal en exemple.
Le 22 octobre 2016, le Sénégal s’est doté de la première centrale solaire de taille industrielle en Afrique de l’Ouest. D’une puissance de 20 mégawatts (MW), cette centrale, qui fournit de l’électricité à 160.000 personnes, est devenue le plus grand site de production indépendante d’énergie solaire en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud).
«Nous avons désormais une capacité solaire de 40 MW. En la matière, le Sénégal est donc loin devant les autres pays du continent», s’est félicité Ibrahim Niane, directeur chargé de l’électricité au ministère sénégalais de l’Energie. «Mais on ne va pas s’arrêter là», assure-t-il, conscient que le coût de l’électricité demeure encore élevé dans son pays.
Le Sénégal et l’Ethiopie dans la course aux énergies renouvelables
Aussi, le Sénégal compte inaugurer en 2017 quatre autres centrales solaires, d’une capacité totale de 100 MW : deux des centrales produiront 30 MW chacune et les deux autres 20 MW chacune. «L’année prochaine, nous serons à 20 % d’utilisation d’énergies renouvelables et nous atteindrons 30 % en 2018. Nous allons très vite afin d’avoir les meilleurs prix pour les populations», a indiqué Ibrahim Niane.
Cette percée des énergies renouvelables est aussi une réalité en Éthiopie, qui devrait atteindre le seuil de 30%. Dans ce pays d’Afrique de l’Est, plus de 90% de l’électricité produite provient des énergies renouvelables, assure la directrice chargée de l’environnement au ministère éthiopien de l’Eau, Belaynesh Birru. Selon elle, 77 millions de litres d’Ethanol ont été déjà produits par son pays. En outre, un parc éolien, le plus grand parc d’Afrique subsaharienne, y a été inauguré, en mai 2015. Il produit 153 MW d’électricité.
«Mais, on a encore besoin d’un niveau d’investissements élevé pour avoir la technologie dans les zones rurales», a nuancé Belaynesh Birru, précisant que l’Ethiopie s’est fixé pour objectif de produire 4,3 gigawatt (GW) d’énergie solaire d’ici à la fin de l’année 2016.
Hôte de la COP22, le Maroc a inauguré en 2016 la plus grande centrale à énergie solaire concentrée au monde, Noor («lumière» en arabe), dont la BAD est le premier bailleur de fonds avec près de 200 millions de dollars EU investis (hors FIC).