Lancé en 2015, Hydromet est un programme initié par la Banque mondiale, en partenariat avec la Banque africaine de développement, l’Organisation mondiale de météorologie, l’Agence française de développement et le Programme alimentaire mondial, dans le domaine de l’hydrométrie et de la météorologie.
Objectif : aider les pays africains à moderniser leurs outils et systèmes météorologiques et hydrométriques, afin qu’ils puissent produire des prévisions précises et exactes, contribuer à la résilience au changement climatique, au développement économique et à la gestion des risques de catastrophe. Disposer d’informations météorologiques fiables est d’une importance cruciale pour les agriculteurs notamment.
En marge de la COP22 à Marrakech, le Pavillon Afrique a accueilli, jeudi 10 novembre 2016, une présentation co-organisée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) afin d’exposer les grands axes et les nouvelles technologies à l’œuvre dans le déploiement d’Hydromet. Justus Kabyemera, coordinateur du fonds spécial ClimDev à la BAD, il faut «harmoniser davantage les approches en matière de développement des infrastructures en Afrique. Le programme Hydromet contribue efficacement à la résilience des pays africains».
De fait, les pays subsahariens sont durement confrontés à la sécheresse et aux impacts des changements climatiques. C’est pourquoi la Banque africaine de développement, très engagée dans Hydromet, a intensifié ses actions dans la région pour aider les pays à mieux faire face aux effets du changements climatiques –anticiper les épisodes de sécheresse par exemple. Si les agriculteurs ont accès à des informations météorologiques et hydrologiques fiables, il leur sera possible d’anticiper et de préserver leurs récoltes autant que possible– et, partant, leurs revenus.
«Nous avons pour ambition de réduire la pauvreté de 56% dans les dix ans à venir», a indiqué Ede Jorge ljjasz-Vasquez, directeur des programmes climatiques à la Banque mondiale. Avant de mettre en garde: «77% des Africains vont retomber dans la pauvreté d’ici à 2030, si nos actions ne sont pas renforcées. Nous avons alloué un budget de 435 milliards de dollars entre 2008 et 2011, dont 12 milliards étaient destinés au Kenya à cause des dommages liés à la sécheresse. Nous allons généraliser le programme HYDROMET pour réduire les dommages collatéraux».
Engagée dans le déploiement du programme Hydromet en Afrique, la Banque africaine de développement y a contribué à hauteur de de 2 millions de dollars EU au continent africain. La Mozambique est l’un des pays à en avoir bénéficié.
Les ministres africains de l’Environnement présents ont tenu à souligner les conséquences lourdes des changements climatiques dans leurs pays respectifs «La vie est très difficile pour nos agriculteurs, a lancé Mahamat Brah, ministre de l’Environnement du Tchad. Nous souhaitons aider nos villages reculés à affronter les effets néfastes de la sécheresse en les faisant bénéficier de ce programme».
Au Niger, 85% des terres sont situées en zone rurale, comme l’a rappelé Magagi Laouan, ministre nigérien de l’Environnement. Plus la région est enclavée, plus il est difficile d’obtenir des données météorologiques précises, a-t-il insisté. En 2016, le pays avait ainsi anticipé quatre inondations dans la région du nord en fonction des outils et données qu’il avait en sa possession. Celles-ci se sont produites finalement dans le sud, entrainant des dégâts considérables.
Pour Ousmene Ouedraogo, ministre burkinabè de l’Environnement, le temps est venu de passer à l’action –n’est-ce pas justement l’esprit de la COP22, qui se veut la COP de l’action, a-t-il rappelé? Et d’appeler à mettre l’accent sur les financements. Enfin, il a invité l’assemblée à s’inspirer de modèles réussis en matière de prévisions hydrométriques, citant le modèle américain capable, notamment, de prévoir la venue de tsunami.
Le programme Hydromet en Afrique fait écho à l’initiative Clim-Dev Africa, que soutient la BAD et qui vise à moderniser les services météorologiques nationaux et régionaux en Afrique.
Selon la BAD, améliorer les services hydrométéorologiques en Afrique nécessiterait d’investir 1 milliard de dollars EU, et de 100 à 150 millions de dollars par an minimum pour moderniser les systèmes régionaux.