La Banque africaine de développement (BAD) a lancé une nouvelle stratégie pour transformer l’agriculture africaine baptisée “Nourrir l’Afrique” et fondée sur la valorisation de l’immense potentiel encore non exploité de production agricole du continent.
Ce plan d’action, qui s’étalera sur la période 2016-2025, a été lancé, jeudi, à Tunis, en présence des représentants de l’institution africaine et du secrétaire d’Etat chargé des ressources hydrauliques et de la pêche, Abdallah Rabhi.
En effet, cette stratégie figure parmi les cinq priorités de BAD, dont la valorisation de l’immense potentiel de production agricole du continent, l’adoption d’approches intégrées axées sur les chaines de valeur, la promotion du commerce intra-africain et le développement à grande échelle de l’agriculture en tant qu’activité commerciale à forte valeur ajoutée stimulée par le secteur privé et soutenue par le secteur public, la valorisation de l’immense potentiel de production agricole du continent non encore exploité, a précisé Chiji Ojukwu, directeur du département de l’agriculture et de l’agro-industrie de la BAD, lors d’un atelier de lancement organisé à Tunis.
Le coût global nécessaire à la concrétisation de ce plan est entre 315 et 400 milliards de dollars pour une période de 10 ans, soit l’équivalent de 32 à 40 milliards de dollars par an.
Le responsable de la BAD estime que le secteur de l’agriculture demeure une source majeure de revenus pour la plupart des gens en Afrique, mais son potentiel inexploité avait conduit à la pauvreté persistante et à la détérioration de la sécurité alimentaire. C’est pour cela, le plan d’action vise essentiellement à éradiquer la faim et la pauvreté rurale en Afrique dans les dix ans à venir.
“Pour atteindre ces objectifs, il faut accroître la productivité, promouvoir la valeur ajoutée et les investissements en infrastructures et mettre en place un environnement favorable à l’industrie agroalimentaire et aussi catalyser les flux de capitaux et préserver le caractère inclusif et durable de l’agriculture et sa capacité à fournir une alimentation de qualité, et ce, de manière coordonnée”, enchaîne Ojukwu.
Il a ajouté que la BAD investira 24 milliards de dollars et mobilisera des financements supplémentaires au moyen de prises de participation et d’instruments de crédit et de risque afin de catalyser les investissements à grande échelle en provenance du secteur privé ainsi que les cofinancements des donateurs traditionnels.
De son coté, l’économiste régional de la Banque BAD, Assitan Diarra Thioune, a indiqué que cette stratégie est le fruit d’une large consultation avec la Commission de l’Union Africaine et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique(CEA).
L’approche proposée dans la stratégie tient compte des engagements souscrits dans la déclaration de Maputo de 2003 ainsi que des engagements de Malabo de 2014 à travers le programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA).
D’après l’économiste, cette stratégie vise à attirer et à mobiliser le secteur privé et les jeunes entrepreneurs dans les activités agro-business; “ce qui peut contribuer à résorber le chômage et à réduire les disparités régionales qui figurent parmi les grands défis notamment dans les pays de l’Afrique du Nord”.
La stratégie permettra; d’après l’économiste, de muter d’une agriculture commerciale à une source durable de création de richesse et d’emplois décents pour la population africaine.
Abdallah Rabhi, secrétaire d’Etat chargé des ressources hydrauliques et de la pêche a souligné que la mise en œuvre de la stratégie “nourrir l’Afrique” aidera durant les prochaines années à promouvoir le secteur agricole et contribuera à rendre le secteur un moteur de la croissance économique inclusive.
Il a rappelé que le secteur agricole assure la subsistance de 80% de la population africaine, fournit des emplois à 60% de la population active et à environ 70% des populations les plus pauvres du continent, génère 63% des revenus des ménages ruraux et représente prés de 25% du PIB. En Tunisie, l’agriculture contribue de 9% au PIB et emploie 18% de la population active du pays.