Une école qui donne l’envie d’y vivre, d’y être, d’y créer, d’innover et de rétablir l’harmonie perdue entre l’Homme et la nature. Une école qui réconcilie l’élève avec lui-même et avec le lieu où il passe le plus de temps: son établissement scolaire. Une école qu’on aime et pas une école où l’on se rend par peur, par obligation ou par contrainte. Une école où l’on ne déprime pas au point de se suicider. L’école du bonheur: c’est le rêve, le souhait et l’ambition de Néji Jalloul, ministre de l’Education nationale, décidé à faire de l’espace scolaire un lieu où on devient un véritable citoyen et où on apprend à aimer sa patrie et à s’y projeter.
Entretien
WMC : Comment comptez-vous enseigner les valeurs citoyennes dans les établissements scolaires alors que tout le pays est en perte de vitesse pour ce qui est de ces valeurs et des principes républicains?
Néji Jalloul : L’une des premières actions que nous avons réalisée est d’avoir rendu à l’école sa dimension citoyenne. C’est quoi une école citoyenne? C’est celle où l’élève est impliqué dans la préservation de son école, son entretien et sa propreté. Notre objectif est la responsabilisation qui doit considérer qu’il est de son devoir de protéger le lieu où on lui dispense le savoir, un lieu où il doit affirmer son appartenance à travers des actions et des actes citoyens. Une circulaire a été édictée dans ce sens.
Nous avons également réhabilité le travail manuel et recréé l’espace Créativité. Nous comptons à ce propos intégrer le travail manuel dès la première année primaire et redonner au secteur agricole ses lettres de noblesse en le repositionnant en tant que secteur clé pour le développement du pays dans les établissements scolaires. Nous avons démarré l’expérience du travail agricole à Gabès, Jradou, Lemnagaa, et j’ai été aussi à Kasserine pour démarre le lancement de “1.000 fermes pédagogiques“.
«L’amour de la terre c’est l’amour du pays et l’amour de la vie»
En tant que ministère de l’Éducation, nous possédons deux mille (2.000) écoles primaires disposant de plus d’un hectare. Nous avons décidé d’en faire des fermes agricoles pédagogiques équipées de serres et où nous y aménagerons des espaces pour des poulaillers, des lapineries, la plantation d’arbres fruitiers et ce selon les régions. Il y aura des dattiers dans le Sud et des oliviers dans d’autres régions.
Pour nous, apprendre aux enfants à aimer la terre est le moyen de les aider à être demain de bons citoyens. L’amour de la terre c’est l’amour du pays et l’amour de la vie. C’est en rétablissant des liens solides avec la nature que nos enfants prendront conscience de leur appartenance à une terre, une patrie et un pays.
On parle tout le temps de jeunes déprimés, nous refusons cet état de choses. Cela me renvoie au fameux film américain de Victor Fleming réalisé en 1939, adapté du roman de Margaret Mitchell paru en 1936. Dans “Autant on emporte le vent“, Scarlett O Hara, l’héroïne, déprimait parce qu’à cause de la Guerre de sécession, elle a été obligée de quitter Atlanta, sa ville natale. Elle n’a eu de cesse que d’y revenir.
«L’espoir, le rêve sont devenus des termes bannis de nos discours politiques ou autres».
La Tunisie vit depuis 2011 une transition qui a engendré de la violence aussi bien verbale que physique. Nous avons souffert d’actes violents et du terrorisme, mais nous avons également dû entendre des centaines si ce n’est des milliers de discours limités et pessimistes. L’espoir, le rêve sont devenus des termes bannis de nos discours politiques ou autres. Nos jeunes, enfants, adolescents, supportent depuis 6 ans cette ambiance déprimante et en souffrent. L’horizon leur semble sombre et leurs perspectives sont limitées au vu du discours alarmiste et destructeur d’une certaine élite.
A la veille du 14 janvier 2011, la Tunisie était euphorique, et cette atmosphère hilarante se répercutait directement sur leurs progénitures. Aujourd’hui leurs parents leur transmettent des ondes négatives. Il faut réellement réinventer l’école, l’école de 2015 n’est pas celle de 1956. 60 ans nous en séparent. Aujourd’hui, nous voulons édifier l’école de la citoyenneté, nous voulons que nos écoles deviennent pour nos jeunes le lieu d’apaisement comme l’a été Atlanta pour Scarlett.
Comment comptez-vous y parvenir?
On me pose toujours la question: “qu’est-ce que la réforme?“, et je réponds “la réforme de l’enseignement est pour moi la mise en place de mécanismes, d’outils et de procédés pour faire des enfants heureux“. Nous voulons devenir le ministère du bonheur et créer l’école du bonheur en y rétablissant les activités culturelles et sportives ainsi que le travail citoyen.
«Mon rêve est de créer des écoles attrayantes où l’enfant s’épanouit grâce aux travaux manuels, à la musique, au théâtre, cinéma et la peinture».
Mon rêve à moi est de voir un élève se sentir puni parce que privé d’aller à son école. Mon rêve est de créer des écoles attrayantes où l’enfant s’épanouit grâce aux travaux manuels, à la musique, au théâtre, cinéma et la peinture. En un mot, toutes les expressions artistiques associées au sport.
Mon rêve est de réussir le défi de reconstruire les rapports altérés entre les enseignants et les élèves. Et bien entendu, mon but ultime est de créer une école démocratique où les enfants ainsi que les parents sont représentés dans les conseils de l’établissement. Les parents, c’est très important parce que l’éducation d’un enfant est l’affaire de tous. L’école doit assurer sa fonction essentielle telle qu’inventée par les Grecs à Alexandrie où Plotin, qui en était l’illustre représentant, a réussi une synthèse du rationalisme grec et du mysticisme oriental et en a fait le temple de la citoyenneté. L’école à cette époque était le lieu idéal pour être formé à la citoyenneté.
Avez-vous les moyens de vos rêves ou, pour être plus optimiste, de vos plans d’action?
Nous avons des moyens mais il faut également en trouver et c’est possible. Au début, quand nous avons démarré notre programme de réformes alors que 90% du budget du ministère était englouti par les salaires, on m’a dit comment comptez-vous procéder? J’ai dit nous allons revoir la gestion des ressources humaines et celle des ressources financières. Nous avons appelé la société civile à nous aider ainsi qu’aux entreprises pour contribuer à la réforme et cela a déclenché tout un mouvement de solidarité et de soutien aux écoles. Ecoutez, il y a un pan de la société tunisienne qui veut consommer des richesses qu’ils ne créent pas. Il faut créer la richesse pour en profiter ensuite. Nous avons attaqué notre programme de réhabilitation des écoles par le parrainage des sociétés privées et actuellement 80% de nos écoles le sont.
«Ecoutez, il y a un pan de la société tunisienne qui veut consommer des richesses qu’ils ne créent pas… »
Nous avons sollicité les entreprises publiques pour l’entretien, les infrastructures et la réfection des bâtiments. Le parrainage est magnifique, mais ce qui est aussi important c’est que les élèves des écoles parrainées soient eux-mêmes séduits par l’idée de participer à l’entretien de leurs écoles en y consacrant un peu de leur temps. C’est une manière de leur apprendre à travailler et de les imprégner de la valeur travail. Nombre de modèles existent à l’international. Le modèle japonais est bon. Dans ce pays, les entreprises parrainent les écoles et les universités. J’ai fait mes études en France et là-bas mon école était parrainée par une entreprise.
«Il faut apprendre que nos enfants sachent qu’être riches n’est pas forcément être des voleurs et que devenir riches en volant est l’exception»
Nous voulons sensibiliser nos enfants à l’importance du tissu entrepreneurial et au rôle d’une entreprise dans un pays, leur permettre aussi d’avoir une culture d’entreprise, celle de la production de la richesse par le travail. Il faut apprendre que nos enfants sachent qu’être riches n’est pas forcément être des voleurs et que devenir riches en volant est l’exception. Il faut le devenir en travaillant, en innovant, en créant et en osant.
«La création des richesses fait partie de notre héritage civilisationnel. La plus grande invention de Carthage est la création de l’individu».
Nous ne lisons pas assez l’histoire. Rappelez-vous l’ère abbasside, c’est le siècle de «Sindbad el bahri» (Sindbad le marin) et de ses aventures, celui des grandes entreprises, c’est le siècle où les Arabo-musulmans avaient inventé les banques et le chèque. Dans notre pays, il y a eu la Phénicie, les comptoirs romains et carthaginois essaimés sur tout le pourtour méditerranéen. La création des richesses fait partie de notre héritage civilisationnel. La plus grande invention de Carthage est la création de l’individu.
«Il n’y a pas d’avocats, de juges, de médecins, d’enseignants, d’entrepreneurs ou de travailleurs, il y a des Tunisiens qui doivent servir leur pays».
Engels a dit le jour où on aurait inventé l’individu, on aurait inventé l’histoire. Un individu, c’est quoi? C’est réussir à sortir de l’esprit corporatiste et surtout de l’esprit tribal. Il faut que le Tunisien s’affranchisse de cet esprit, qu’il le transcende pour être non pas citoyen du monde mais citoyen de la Tunisie. Il n’y a pas d’avocats, de juges, de médecins, d’enseignants, d’entrepreneurs ou de travailleurs, il y a des Tunisiens qui doivent servir leur pays.
C’est un travail important que vous comptez entreprendre. Est-ce que vous programmez de coordonner vos actions avec les ministères de la Culture et celui de la Jeunesse et des Sports?
Nous avons des accords avec le ministère de la Culture que nous appelons à cette occasion à s’investir plus avec nous. Nous en avons également avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. Mais nous n’avons pas encore traduit ces accords en actions sur terrain, il faut accélérer le processus, j’espère que cela sera fait.
Lorsque nous voyons les jeunes écoliers, collégiens et lycéens, nous voyons des jeunes désespérés et complètement déconnectés de leur pays. 50% de jeunes qui ne ressentent aucun lien avec leur mère patrie, ceci ne vous interpelle pas Monsieur le ministre?
Nous avons un problème d’élites. Si les jeunes sont perdus ou désœuvrés, s’ils sont déconnectés de la réalité, s’ils votent quelque fois le contraire de ce qu’ils veulent, s’ils font de mauvais choix parfois fatals pour eux, c’est qu’il y a un problème d’élites. Il n’y a plus cet altruisme qui fait l’intellectuel. Au siècle d’or, les Abbassides avaient à leur actif Tawhidi et avec lui toute une classe de personnes éclairées, des philosophes, des médecins, des écrivains qui traçaient le chemin et le montraient aux générations qui leur succédaient.
Les Siècles des lumières en Europe ont vu naître des Voltaire et Montesquieu. A la Renaissance, on a connu Michel Ange, Raphael et De Vinci. Il y a eu de grands penseurs, Spinoza, Kant, etc.
De quoi souffre la Tunisie aujourd’hui et qui se répercute directement sur nos enfants?
Le problème dans notre pays est cette élite politique qui devait redonner de l’espoir et du rêve aux jeunes. Leur dire que nous traversons un siècle magnifique, que nous sommes dans la post modernité, que même si notre pays est aujourd’hui en crise, nous pouvons nous en sortir et réussir, que nos problèmes sont passagers, que nos ancêtres ont déjoué toutes les tentatives de mettre à genoux la Tunisie. Les Carthaginois ont reconstruit leur ville après que les Romains l’ont détruite et incendiée. Elle a réussi à renaître de ses cendres.
«Nous sommes l’un des rares peuples à avoir connu un génocide, le génocide de Carthage 146 ans avant Jésus Christ…»
Il faut dire aux jeunes que nous sommes un peuple épris de liberté et que nous en avons hérité dans nos gènes. Nous avons cet amour de la liberté et du défi. Nous sommes l’un des rares peuples à avoir connu un génocide, le génocide de Carthage 146 ans avant Jésus Christ, et nous avons repris la marche vers la liberté. Nous sommes un peuple épris de liberté, de fraternité, notre identité est celle-ci.
Nos jeunes souffrent parce qu’ils ne voient pas devant eux une élite qui rassure et qui parle d’un idéal. Ali Ibn Abi Talab disait: «allimou abne3akom ma lam tataalamouhou, innahom woulidou lizamanin ghaira zamenikom» (Apprenez à vos enfants ce que vous n’avez pas appris, ils sont nés dans une ère différente de la vôtre).
L’élite tunisienne veut que le jeune s’adapte à elle, elle oublie qu’ils vivent dans un temps différent du leur. Si nous arrivions à les connaître et à découvrir ce que eux veulent et attendent et pas nous, si nous leur laissions faire les choix qu’ils estiment judicieux tout en les guidant intelligemment sans les brimer et sans les opprimer, si nous leur redonnons confiance en eux-mêmes parce qu’ils sont intelligents, pleins de ressources et qu’ils peuvent être des acteurs efficients dans la reconstruction de la Tunisie, nous réaliserons alors que nous avons réussi la traversée de la transition.
«…Ces peuples ne sont pas plus intelligents que nous, nous sommes capables de nous surpasser»
Voyez l’Allemagne après 1945 et une guerre abominable, ils ont réussi à réédifier leur pays et leur économie. Voyez les Japonais aussi, les Français et les Britanniques après 1945. Londres a été détruite et réédifiée. Ces peuples ne sont pas plus intelligents que nous, nous sommes capables de nous surpasser. Nous avons une grande histoire, et nos problèmes ne sont pas insolubles, bien au contraire.
Nous sommes le seul pays du monde où les terres fertiles peuvent porter trois cultures par an. Nous avons été le grenier de Rome et jusqu’au 18ème siècle, nous fournissions le blé à l’Europe. Nous avons la chance d’avoir un positionnement géostratégique unique et de grandes compétences.
«Nous trouverons un chemin… ou nous en créerons un».
Les jeunes ont besoin d’une élite qui adopte la célèbre citation du grand Hannibal: «Nous trouverons un chemin… ou nous en créerons un». Il faut que nous, leadership tunisien, réussissions à convaincre nos jeunes qu’ils peuvent tous se frayer un chemin même dans des montagnes aussi tortueuses que les Alpes, comme l’a fait Hannibal. Il faut que chacun de nos jeunes découvre en lui son Hannibal, parce que le gène Hannibal existe en chacun de nous.
C’est votre approche à vous pour combattre les dépressions et les suicides des jeunes?
Vous savez, le suicide est défini comme un acte de violence politique. C’est une violence portée sur soi-même. Il ne faut pas dédramatiser ce phénomène mais il ne faut pas non plus lui donner une dimension exagérée pour protéger nos jeunes justement. Les chiffres sont inquiétants mais pas alarmants comme on veut bien le faire croire. Les transitions sont difficiles et ce sont les êtres les plus fragiles qui en subissent les conséquences.
«Le suicide est une négation de la vie et il faut recréer l’école de la vie»
Le suicide est une négation de la vie et il faut recréer l’école de la vie. Il y a deux choses: la culture de la mort et le suicide enfermé dans une chambre ou chez Daech. Mourir dans des guerres indignes et injustes est une autre forme de suicide. Il faut un antidote: une nouvelle école, l’école de la vie et de l’espoir, il faut pouvoir vivre sur sa propre terre, ne pas voir son frère de dix ans au chômage pendant 10 ans pour déprimer et voir l’avenir en noir.
L’école de demain pour vous, c’est quoi?
Nous avons donné à notre programme le nom d’«Ecole de la Vie», nous y cultivons les compétences de vie (Al Maharat Al Hayatia). Notre expérience en tant que Tunisiens est citée comme modèle dans le monde arabe. Nous avons recruté des centaines de psychologues, des experts et des travailleurs sociaux. Nous avons intégré 21 psychologues dans les établissements scolaires d’El Mourouj.
«Nous appelons les médias à être plus prudents dans le traitement des drames… les jeunes ne doivent pas percevoir le suicidé comme un héros qui peut les inspirer».
Nous essayons de gérer tant bien que mal aussi bien les répercussions des suicides des jeunes sur leurs pairs, nous appelons les médias à être plus prudents dans l’information et le traitement de ces drames pour préserver les familles et surtout les jeunes qui ne doivent pas percevoir le suicidé comme un héros qui peut les inspirer. Nous avons affaire à des adolescents fragiles et malheureux qui ont perdu la joie de vivre et qui vivent une ère de violence jamais vécue dans la Tunisie postindépendance.
Suite aux opérations terroristes de Ben Guerdane, nous avons dû nous mobiliser dans cette région pour les jeunes et nos initiatives se sont soldées par des réussites. Il faut multiplier les équipes et bien les gérer, c’est un travail sans relâche.
L’esprit de la réforme c’est l’école de proximité, c’est-à-dire un enseignement personnalisé. Chaque enfant a son propre cadre et son propre rythme, c’est pour cela que nous avons le programme de l’enseignement multiple. Nous allons mettre en place un programme spécifique à l’intention des dyslexiques, un autre en direction pour les sourds muets et également tous ceux qui souffrent de toute forme d’handicap.
Nous comptons multiplier les équipes de psychologues, mais il faut aussi que les parents s’investissent. Nous souffrons de voir nombre de parents démissionnaires, c’est très nocif pour leurs enfants et cela ne permet pas à nos programmes de réussir comme il se doit.
Le rôle des parents est hyper important, c’est pour cela que nous avons créé le conseil des écoles et que nous avons intégré les parents dans ces conseils. Nous encourageons la création de centaines d’associations de parents dans les écoles. Les enseignants doivent assurer, les parents aussi, ainsi que les médias. Tous les intervenants possibles dans la vie d’un enfant ou d’un adolescent sont responsables de ce qui lui arrive et dans certains médias on ne pèse pas les mots et on n’accorde pas d’importance à la qualité du discours qu’il faut tenir quand il s’agit des adolescents. Ce sont des êtres vulnérables fragilisés et même agressés par les contenus des réseaux sociaux sources de tous les dangers du djihadisme aux sites pornographiques.
Comment comptez-vous agir et avec et sur les médias pour améliorer le discours justement ?
Nous avons opté pour organiser des formations où nous apprendrons aux jeunes comment trier les informations dans les supports médias et dans les réseaux sociaux et comment se prémunir contre le danger des messages et contenus qui s’y trouvent. Pour l’instant, il y a un programme en gestation avec le ministère de l’Intérieur pour la prévention contre les médias dangereux, contre la drogue et la toxicomanie. Ce qui existe dans la société est aujourd’hui exporté vers les établissements scolaires. Jusqu’à la fin des années 80 l’école produisait et exportait des valeurs, un modèle intellectuel et un modèle sociétal à l’extérieur de ses murs. Aujourd’hui elle subit. Il faut que cela change. L’école doit créer les élites et favoriser un modèle de société progressiste et dirigé vers l’avenir et non le contraire.
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali