Développement des énergies fossiles américaines, remise en cause du programme Power Africa, relocalisation des industries américaines et relance des grands travaux d’infrastructures aux USA. Voilà quatre promesses du milliardaire lors de la campagne des dernières élections américaines. Et s’il les mettait à exécution, les économies d’Afrique subsaharienne pourraient en pâtir. En un mot, des lendemains qui chantent. D’où notre titre que nous empruntons à René Dumont…
Rappelons que plusieurs chefs d’Etat du continent avaient “voté“ en sourdine Trump dans l’espoir qu’avec lui à la Maison Blanche, l’Amérique ne s’occuperait plus –pour 4 ans au moins- de leurs affaires internes (notamment en matière de démocratie et de droits de l’Homme).
Seulement voilà , il y a un revers de la médaille : leurs économies risquent de souffrir. Et en la matière, s’ils comptent sur la Chine, ce n’est pas gagné d’avance. Mater la contestation de la rue ? Une solution dangereuse.
Maintenant voyons les conséquences sur l’Afrique des quatre promesses de Donal Trump.
La première promesse concerne «la remise en cause du programme Power Africa», initié par l’administration Obama dans le cadre du Forum économique US-Africa Business Summit et soutenu par la fondation Bloomberg Philanthropies. De nombreux projets, surtout dans le secteur de l’énergie, risquent donc de s’arrêter à leurs niveaux actuels. Un total de 21 milliards $ de promesses d’investissements a quand même été obtenu dans le cadre de ces rencontres, rappellent nos confrères d’agenceecofin.com.
La question qui se pose est de savoir s’il sera possible de convaincre Trump sur la poursuite de cette initiative.
Deuxièmement, Trump a promis la relocalisation forcée des industries américaines et la réduction des importations chinoises aux USA. En voulant punir de la sorte la Chine, considérée depuis plus de deux décennies maintenant comme l’usine du monde, le prochain de la Maison Blanche va engendrer un net ralentissement de l’économie mondiale. Ce qui ne manquera pas d’avoir de lourdes conséquences sur les économies des pays en développement, notamment l’Afrique qui ne pourra plus vendre comme par le s ses matières premières à la Chine.
La relance des grands travaux d’infrastructures aux USA constitue également une des promesses phares du candidat Trump. Cette stratégie empruntée de Keynes est une menace pour le continent africain, même si en la matière l’Amérique sera obligée d’importer d’importantes quantités d’acier, de fer… dont certains pays africains sont largement pourvus (Guinée, Mauritanie, RDC, Zambie).
«Toutefois, l’effet inverse est plus pervers. Des analystes estiment que, pour mettre efficacement en Å“uvre ce projet, le gouvernement américain va non seulement payer plus de salaires mais aussi creuser son déficit budgétaire. Dans les deux cas, la conséquence directe sera une envolée de l’inflation aux USA, ce qui devrait contraindre logiquement à des politiques conservatrices de la part de la Réserve Fédérale américaine…», écrit le site agenceecofin.com.
D’ailleurs, Janet Yellen, la présidente de la Fed, a déjà annoncé la couleur, à savoir “la fin des politiques monétaires assouplissantes suite au repli du chômage aux USA“, autrement dit, “le dollar va repartir à la hausse, entraînant une dégradation supplémentaire des pouvoirs d’achat en Afrique subsaharienne où les économies peu intégrées sont tournées vers la consommation de biens et services importés“.
Enfin, Trump avait annoncé, pendant la campagne, sa volonté de relancer le développement des énergies fossiles américaines. D’ailleurs, il n’a jamais caché son scepticisme vis-à -vis des changements climatiques.
Dans ce cadre, le nouvel homme fort des Etats-Unis compte dénoncer les traités de libre-échange qui lient les pays d’Amérique du Nord (ALENA), en l’occurrence les USA, le Canada et le Mexique.
Du coup, «le pétrole mexicain perdrait un important marché et viendrait doper l’offre mondiale; celui du Venezuela deviendrait un nouveau concurrent, alors que les ventes africaines, qui dopent le volume des transactions dans le cadre de l’African Growth Opportunities Act (AGOA), vont diminuer».
Faut-il pour autant s’inquiéter en Afrique? Oui et non. Oui, parce que les pays africains –en tout cas beaucoup d’entre eux- ne s’y attendaient pas. Oui aussi parce qu’en Afrique on ne travaille pas. Egalement oui parce que la pauvreté pourrait s’aggraver. Encore oui parce que sans garde-fou, les quelques îlots “démocratiques“ qui existent risquent de disparaître.
Ceci étant, dans cette peur, les Africains pourraient enfin se mettre au travail pour se développer, à travers le renforcement de la coopération économique sud-sud.
TB
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