“La solution dans le domaine de la gestion de l’eau n’est pas toujours dans les nouveaux investissements, généralement lourds et coûteux. Elle peut résider dans l’amélioration des performances des investissements existants, de manière à minimiser les pertes en eau”. C’est en tout cas l’avis de Belgacem Ben Sassi, ingénieur en chef “Eau et Assainissement” à la Banque africaine de développement (BAD).
Intervenant lors d’une conférence intitulée “Gestion de l’eau, un impératif d’efficience”, organisée lors de la deuxième journée de la Conférence internationale sur l’investissement “Tunisia 2020”, Ben Sassi a précisé que “selon des estimations faites en 2015 par la BAD, le continent africain a besoin de 100 milliards de dollars chaque année pour maintenir les infrastructures à leur niveau actuel ou les améliorer un peu. Les ressources disponibles (entre bailleurs de fonds et autres) sont estimées à 74 milliards de dollars. Il y a donc un besoin non couvert de 26 milliards”.
Deux solutions…
Pour résoudre ce problème, Ben Sassi pense que deux solutions sont possibles: “on devrait soit chercher d’autres moyens d’intervention, qui sont essentiellement du ressort du secteur privé, dont la contribution ne dépasse pas les 5% actuellement, soit essayer d’avoir la même performance, avec des investissements moins lourds. Ce genre d’investissement pourrait mieux intéresser le privé, étant moins risqué que les grands investissements dans le domaine de l’eau. Toujours dans la logique d’attirer davantage les privés vers le domaine de l’eau, la BAD a entamé la mise en place de garanties de risques, pour mieux les rassurer”.
Et d’expliquer qu'”à l’échelle de la Tunisie par exemple, pour couvrir le manque d’eau dans le sud tunisien, l’idée retenue actuellement, c’est celle du dessalement. Une unité de dessalement est même prévue dans la région de ZARAT à Gabès. Mais de l’autre côté, le niveau des pertes au niveau des réseaux du sud tunisien est entre 40 et 50%. On peut se poser la question, est-ce ne serait pas mieux d’essayer de gagner 5 à 10% sur le taux de pertes que d’installer un nouvel investissement?”
Et de poursuivre “politiquement parlant, il est peut-être plus facile de vendre l’idée d’une nouvelle unité, mais dans la pratique, investir dans l’économie de l’eau, en envisageant un programme d’amélioration des performances des réseaux d’eau existants serait probablement plus efficace en termes de quantités d’eau gagnées mais aussi en termes de coûts”.
Ben Sassi a aussi indiqué que cette expérience a été faite au Maroc, mais aussi au Bénin en collaboration avec la BAD et qu’elle a bien montré ses preuves.