Les trois Premiers ministres du Benelux (Bruxelles, Pays-Bas et Luxembourg), respectivement Charles Michel, Mark Rutte et Xavier Bettel sont attendus les 5 et 6 décembre à Tunis pour une visite de travail.
Au programme de cette visite qui intervient peu de temps après la Conférence internationale sur l’investissement et au lendemain de la visite du président Béji Caïd Essebsi à Bruxelles à l’occasion du sommet Tunisie-Union Européenne, une série d’entretiens avec les trois présidences. Une visite qui comporte des perspectives de coopération, a affirmé le directeur des Affaires politiques au ministère néerlandais des Affaires étrangères, Rob Anderson.
Les trois hauts responsables du Benelux rencontreront, également, les partenaires sociaux ainsi que des membres du gouvernement dont, notamment, les ministres de l’Intérieur, de la Défense, de l’Emploi, des Affaires sociales et des Affaires étrangères. Une rencontre avec le Quartet parrain du dialogue est également prévue au cours de cette visite.
Le président du syndicat néerlandais (CNV-Fédération syndicale chrétienne), Maurice Limmen qui fera partie de la délégation a exprimé le désir de connaitre de près l’expérience du récipiendaire du Nobel de la Paix 2016 qui lui a valu cette distinction.
Au Pays-Bas, l’institutionnalisation du dialogue social date des années 80. Le modèle “Polder” consiste, en effet, en un pacte social entre le gouvernement, au début de sa prise de fonction, et les partenaires sociaux. Accord traduit ensuite en législations. Il rapproche les organisations syndicale et patronale et assure, ainsi, la stabilité politique et sociale dans le pays et l’essor économique.
C’est une logique pragmatique du ” win-win ” (gagnant-gagnant). C’est ainsi que décrit un responsable du patronat néerlandais VNO-NCW, Ton Schoenmaechers, le modèle Polder.
Pour lui, ce modèle est une affaire culturelle, une manière de composer avec les situations de controverse en tenant compte de l’intérêt général, beaucoup de pragmatisme et une confiance infaillible. “C’est dans les gènes”, conviennent d’une même voix, les organisations patronale et syndicale néerlandaises avec pour mots d’ordre le dialogue et la recherche de compromis, plutôt que la confrontation.
Même si parfois, ces accords ne sont pas favorables au patronat. Le plus important, c’est qu’ils font prévaloir la stabilité politique du pays, explique encore Ton Schoenmaechers.
Classé 8e en terme de compétitivité, le pays enregistre un taux de chômage inférieur à 7%.
Au Pays-Bas, le patronat, en plus de la promotion du climat des affaires, s’intéresse aux questions ayant trait à l’éducation, l’infrastructure, les finances publiques, la fiscalité, l’environnement et la sécurité sociale.
A l’origine du mot Polder, cette habitude des néerlandais de discuter et de se concerter entre voisins pour trouver des solutions communes faisant éviter la submersion d’eau, étant donné qu’une partie du territoire est inférieure au niveau de la mer. Polder, signifie littéralement un terrain asséché et gagné sur l’eau. “Si vous avez des solutions pratiques, c’est facile d’expliquer votre point de vue à vos partenaires”, estime Ton Schoenmaechers.
Toutefois, les deux responsables admettent aujourd’hui que le modèle Polder, n’est pas à l’abri des défis de la globalisation et de la digitalisation.
Le représentant du patronat l’explique par le fait que de nos jours, la démocratie a moins de pouvoir que les forces internationales. Il parle d’une conjoncture internationale suscitant peur et incertitude. D’où le besoin de repenser les accords de 2013 pour le gouvernement qui sera issu des prochaines élections prévues durant le printemps 2017.
De son côté, le président du syndicat néerlandais n’a pas caché sa crainte concernant les menaces qui pèsent sur ce modèle et le souci commun de concilier entre compétitivité et flexibilité, d’une part, et sécurité et droits des employés, de l’autre. “Notre devoir à nous tous, c’est de préparer les gens à ces changements”, a-t-il souligné.