Les contrebandiers de carburant accaparent, à eux seuls, 30% du total de ventes du secteur, a annoncé, mardi, Lotfi Hamrouni, membre du bureau exécutif de l’UTICA et président de la Fédération nationale de la Chimie, soulignant que ce phénomène ne se limite plus aux régions du sud et du centre, mais touche toutes les régions du pays.
Intervenant à une conférence sur “le commerce parallèle du carburant et son impact désastreux sur l’économie tunisienne”, organisée mardi, au siège de la centrale patronale, Hamrouni a fait état des pertes énormes enregistrées par les professionnels du secteur (les sociétés de distribution et les propriétaires de stations de services), lesquels ont subi une chute de leurs chiffres d’affaires atteignant les 80%, dans les régions du sud et du nord-ouest.
Partageant le même point de vue, Hamadi Khemir, membre de la Chambre syndicale des sociétés de distribution de carburants (relevant de l’UTICA), a fait état de la fermeture de plusieurs stations de service et de la perte d’un grand nombre de postes d’emploi. ” Aujourd’hui, nous avons des stations qui embauchent 3 ou 4 personnes uniquement, alors qu’elles comptaient auparavant une dizaine d’employés, et ce, en raison des difficultés financières dont ils font face “.
De son côté, Matthieu Langeron, président de la Chambre syndicale des sociétés de distribution de carburants, a fait savoir que près de 1 million de m3 de carburants de contrebande est vendu annuellement sur le marché local, et ce, au détriment des professionnels du secteur.
” Les stations de service sont pénalisées à cause de ce commerce très déloyal “, a dit le responsable, réitérant ” nous sommes les vrais créateurs d’emplois formels dans cette filière d’activité, nous payons des cotisations salariales, nous formons les salariés et nous nous acquittons de l’impôt, envers l’Etat, ce qui n’est pas le cas pour le marché informel. Toutefois, nous avons beaucoup de mal à maintenir notre activité et à investir, notre corporation est en plein crise.. “.
Dans ce cadre, il a appelé l’Etat à jouer pleinement son rôle et à protéger les intérêts des professionnels du secteur et aussi des citoyens, à travers notamment la mise en place d’une stratégie efficace qui permet d’éradiquer ce fléau.
Mohamed Chaabouni, directeur général de “Vivo Energy”, a rappelé qu’une station de service emploie en moyenne 15 personnes et s’acquitte de son devoir fiscal, alors que les contrebandiers ne participent ni à la création d’emplois ni à l’effort fiscal. Toutefois, il a fait état de la volonté des professionnels de continuer à investir dans ce domaine, annonçons “nous projetons mobiliser de nouveaux investissements dans les années à venir de l’ordre de 500 millions de dinars (MD) et de créer entre 3000 et 4000 nouveaux postes d’emplois”.
Cette rencontre a été organisée par la Chambre syndicale des sociétés de distribution de carburants et la chambre syndicale nationale des gérants et des propriétaires des stations de service, toutes les deux affiliées à la Fédération nationale de la Chimie.