Les résultats d’une étude d’évaluation du partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne, depuis l’accord d’association signé en 1995 à ce jour, seront présentés, le samedi 10 décembre, à Tunis. Elle a été réalisée à l’initiative de la fondation allemande Rosa Luxemburg Stiftung, par les universitaires Abdeljelil Bédoui et Mongi Mokadem.
Le document vise à fournir à la société civile et aux décideurs politiques qui entameront les négociations avec l’UE sur le nouvel accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), un document comportant une analyse complète des insuffisances et des déséquilibres du partenariat avec la Tunisie, ainsi que des recommandations pour la période à venir, selon Khaled Chaâbane, coordinateur général et représentant de Rosa Luxemburg en Tunisie.
Lors d’un point de presse tenu à Tunis, Chaâbane souligné que “c’est à partir des insuffisances et dysfonctionnements identifiés par une telle analyse objective, que la société civile tunisienne peut être en mesure de proposer des rectifications des choix économiques et sociaux et suggérer des politiques appropriées, à même de servir un projet de développement durable, démocratique et équitable et un co-développement autorisant un partage juste du progrès et de la prospérité”.
Pour sa part, l’économiste et universitaire, Abdeljelil Bédoui a souligné l’importance de faire le bilan de l’expérience passée, avant d’entamer une nouvelle négociation sur un nouveau projet. “Il convient de partir des insuffisances et des déséquilibres, pour formuler d’autres recommandations en particulier concernant les manières d’atteindre d’autres paliers de croissance”.
Dans ce contexte, il a expliqué que ce partenariat n’a pas permis à la Tunisie de dépasser le palier de 5% de croissance, “nous sommes bloqués à ce plafond alors que la Tunisie a besoin d’atteindre un taux de croissance de 6 à 7% sur la longue période et un taux d’investissement qui dépasse 30% du PIB, pour pouvoir solutionner sérieusement, les problèmes réels comme l’emploi, les inégalités sociales ou les inégalités régionales”.
Il a ajouté que ce partenariat n’a pas, non plus aidé à diversifier et renforcer le tissu productif tunisien, en particulier le tissu industriel puisque l’accord d’association de 1995, porte essentiellement, sur le secteur industriel.
“Cet accord bien qu’il ait généré une augmentation des investissements directs étrangers, n’a pu améliorer notre position dans la division internationale du travail. On est resté toujours producteur dans le cadre de sous-traitance d’articles nécessitant beaucoup de main d’œuvre non qualifiée et mal rémunérée, sans pouvoir diversifier le tissu industriel et renforcer la présence des industries à haute valeur ajoutée, à contenu technologique plus élevé et employant une main d’œuvre qualifiée”, a-t-il dit.
Bédoui a aussi, recommandé le retour aux politiques sectorielles quasiment absentes actuellement, dans tous les domaines (industriel, agricole, des services). “Les décideurs se contentent d’opérer une certaine mise à niveau des entreprises, des ressources humaines et de l’infrastructure, sans arrêter une politique sectorielle qui oriente les investissements vers des secteurs à haute valeur ajoutée. Les avantages accordés par l’Etat sont uniformes, dans tous les secteurs quels que soient leurs statuts et leurs spécialités”.
Selon Bédoui, il faut aussi partir des défis de la Tunisie dans les négociations avec l’UE car l’offre européenne se base sur une politique libérale, qui n’aide pas concrètement à résoudre les problèmes du déficit énergétique de plus en plus grand ou du déficit hydrique ou encore du déficit alimentaire qui ne s’améliorent pas.