“La transformation digitale”, processus qui consiste à intégrer, à large échelle, les technologies numériques dans l’ensemble des activités de l’entreprise, semble aujourd’hui irréversible en Tunisie, alors que le concept est encore peu assimilé par la plupart des sociétés”.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, en marge des Journées de l’entreprise à Sousse (9-10 décembre 2016), Sami Zaoui, conseiller en management chez Ernst&Young, a expliqué les enjeux de cette transformation et pourquoi les entreprises tunisiennes ne doivent pas tarder à s’engager dans cette mue.
Peut-on vraiment parler de transformation digitale des entreprises en Tunisie?
En Tunisie, cette transformation est encore en cours parce que nous n’en sommes qu’au stade des balbutiements. C’est un problème de mentalité et celle-ci doit suivre le changement. Mais, les technologies sont là et la transformation digitale va s’imposer tôt ou tard. Les chefs d’entreprises ne pourront se passer des technologies et ils vont adhérer au processus pour le bien et la performance de leurs sociétés.
Quels sont les avantages de la transformation digitale pour l’entreprise et l’économie tunisienne en général?
C’est une question de survie pour l’entreprise. Si l’entreprise ne s’engage pas et ne suit pas le rythme de cette transformation, numérique, une autre entreprise concurrente prendra sa place et s’emparera de ses marchés. Donc, j’estime que les entreprises tunisiennes n’ont qu’à adhérer à cette transition pour assurer leur pérennité.
Pour l’économie nationale, beaucoup ont peur de la transformation digitale et voient que la digitalisation est destructrice d’emplois, mais, je vois qu’au contraire, elle peut être génératrice d’emplois, notamment, des jeunes, comme c’est le cas en Chine.
C’est une économie traditionnelle qui est en train de se transformer et la Tunisie pourrait bien tirer profit de cette expérience, car elle dispose d’une jeunesse bien formée et très attirée par les technologies. La digitalisation permet à la Tunisie d’avoir des startups modernes qui pourraient facilement s’intégrer dans l’économie mondiale.
Est-ce que l’environnement est propice en Tunisie pour cette transformation digitale ?
Je crois qu’il y a une conscience forte de cette transformation digitale, mais la réalité est toute autre. Il y a un écart perceptible au niveau des secteurs public et privé. Concernant le secteur public, il y a une volonté de mettre en œuvre une véritable politique de e-gouvernement qui peut s’appliquer à l’ensemble des secteurs (santé, transport et administration centrale), mais la Tunisie est encore au stade de balbutiements en matière de transformation digitale.
Pour le secteur privé, il y a des exemples pertinents d’entreprises qui ont commencé cette transformation, mais leur nombre reste faible, donc la transition numérique n’a pas touché l’ensemble des entreprises.
A titre d’exemple, le secteur bancaire et certaines compagnies aériennes sont au début de leur transformation digitale, mais on peut parler de secteurs ou entreprises champions de la transformation.
Qu’est ce qui freine l’adhésion à ce processus de transformation digitale en Tunisie? S’agit-il d’un problème de coût?
Je ne pense pas que le coût est derrière cette réticence à s’engager dans ce processus de transformation digitale. La transformation digitale peut être même moins coûteuse que le fonctionnement traditionnel des entreprises. D’ailleurs, si on prend, l’exemple des banques, l’entretien des agences bancaires coûte très cher, mais avec la digitalisation, les banques auront moins de charges et dépensent moins en matière d’entretien.
Je crois que c’est plutôt une réaction humaine normale face à tout ce qui est nouveau. J’estime que tout ce qui est nouveau fait peur.