L’organisation internationale recommande au pays d’Erdogan une série de mesures afin de combler son énorme déficit en matière de lutte contre la corruption.
Se présentant comme un modèle de réussite économique, notamment aux autres pays islamiques, dont la Tunisie –où elle compte quelques «fans», notamment parmi les Islamistes-, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan traîne un bilan très largement déficitaire en matière de libertés publiques mais, également, de lutte contre la corruption.
L’énorme déficit dans ce dernier registre a été confirmé par un récent rapport de Transparency International (T.I.) dédié à la Turquie et à six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Monténégro et Serbie).
Tout en reconnaissant que ces pays, dans la perspective d’une adhésion à l’Union européenne, «ont pris des mesures importantes pour développer et renforcer leurs systèmes de lutte contre la corruption», l’organisation internationale constate dans son rapport la persistance de faiblesses dans ce domaine et fait des recommandations destinées à améliorer la situation.
Les défaillances identifiées sont au nombre de trois: faiblesse de la justice et de l’application de la loi, systèmes politiques sous emprise et médias et société civile menacés.
Sur le premier point, Transparency International recommande de «réduire l’influence sur le pouvoir judiciaire et le parquet en garantissant des systèmes plus transparents et objectifs pour la nomination, le transfert et la révocation de juges et de procureurs, réduire la politisation et renforcer la professionnalisation de la police en appliquant des sanctions strictes aux membres de la police s’engageant dans une activité politique dans le cadre de leurs fonctions et en garantissant des nominations fondées sur le mérite, renforcer la coopération entre corps chargés d’enquêter sur les cas de corruption, etc.».
Sur le deuxième point, le système politique, Transparency international conseille d’«améliorer la transparence des finances des partis politiques, y compris la publication de leurs revenus et dépenses, développer de plus fortes et plus coordonnées, surveillance des partis politiques et des activités et financement des campagnes et s’assurer que les violations des règlements électoraux et des campagnes soient systématiquement punies».
Enfin, pour les médias et la société civile, TI appelle à «enquêter sur toutes les allégations de menaces et de violence contre les représentants» de ces deux acteurs importants «sans délai» et d’«appliquer de strictes peines quand elles s’avèrent fondées», assurer «une totale transparence en termes de propriétés des médias et de financement des organisations de la société civile», «des mécanismes équitables et transparents pour l’octroi des subventions et exonérations fiscales à la société civile et aux médias, et établir des règles claires pour la publicité étatique dans les médias», et «un règlement efficace et apolitique » pour ces les deux.
Bref, le chemin est encore long qui sépare la Turquie et les Etats des Balkans occidentaux du véritable Etat de droit, en général, et de la mise en place d’un système de lutte contre la corruption digne de ce nom, en particulier.
Moncef Mahroug