Ahmed Mhiri, un jeune tunisien diplômé de l’Ecole supérieure de technologie et de l’informatique, a créé,en 2012, sa start-up “TavelerCar”, qui propose à ceux qui partent en voyage une solution pour, non seulement, se passer des formalités du parking aux aéroports, mais aussi louer leurs voitures, assurées en tous risques, à d’autres clients.
Le jeune tunisien, dont la société vient d’assurer une levée de fonds de plus de 5 millions d’euros et qui opère dans plusieurs pays européens dont la France, les Pays-Bas et la Belgique, a évoqué, dans une interview accordée à l’agence TAP, sa vision du digital et son expérience dans ce domaine, et ce en marge des Journées de l’entreprise organisées les 9 et 10 décembre 2016 à Sousse.
D’abord, quelle définition donnez-vous à la transformation digitale?
La transformation digitale est une démarche qui intéresse les grandes entreprises ayant adopté un process traditionnel et classique dans l’objectif de s’imprégner des nouvelles technologies et des nouvelles tendances de consommation et être toujours à la page.
Cette transformation numérique ne concerne pas les start-up, car elles sont nées digitales.
Pour réussir la transformation digitale, il faut travailler dans la flexibilité et suivre un process innovant.
Quel impact du digital sur votre société?
Ma société a été, dès le début, fondée sur le digital. Car, les procédures de location des voitures des voyageurs à d’autres clients se font 100% à distance avec zéro papier (ni contrats ni documents à imprimer). Concrètement, le client (voyageur) qui va louer sa voiture, fait la réservation d’une place parking à l’aéroport, depuis son mobile et sans attendre notre réponse. Un deuxième client nous contacte pour louer sa voiture (celle du voyageur). Il réserve le véhicule avant même d’arriver sur place et paye via son Smartphone. Ainsi, la digitalisation nous a permis d’éviter le passage par des agences et d’être constamment opérationnel avec un service 24h/24 et 7jours/7.
La puissance du digital réside dans la réduction des coûts. Elle permet de bénéficier de services beaucoup plus personnalisés dans la mesure où on sait à qui on s’adresse. Elle permet aussi de vendre des services à des clients partout dans le monde.
Comment, d’après-vous, impliquer le personnel de l’entreprise dans la transformation digitale?
Le personnel de l’entreprise est indispensable dans la transformation digitale parce que si la société à un blocage au niveau de la transformation digitale ou le personnel n’a pas envie de s’engager dans ce processus, cela rend la tâche extrêmement compliquée et risque de ne pas réussir, car nous ne pouvons pas virer tout le monde et recommencer à zéro.
En revanche, le travail d’un chef d’entreprise dans ce type de société, c’est de voir comment accompagner ses salariés et leurs expliquer l’intérêt de vivre la transformation digitale qui est indispensable pour un meilleur avenir et pour la pérennité de l’entreprise.
Sans eux, c’est extrêmement compliqué, par exemple quand “Air France” a essayé des services innovants pour améliorer les services clients, les agents ont réagi très mal. Ils avaient peur que les machines prennent leurs places.
L’enjeu est également de décider si on a envie de rester sur des métiers du passé ou évoluer et suivre la tendance des technologies pour se lancer et réussir les métiers d’avenir. En ce qui me concerne, ce n’est pas une option, mais plutôt une nécessité et une obligation.
Comment réussir cette transformation digitale au sein des entreprises tunisiennes à votre avis?
Il n’existe pas de recette magique pour parvenir à réussir la transformation digitale. L’important est d’avoir la volonté de persévérer et de dire que même si le processus est difficile, il n’est pas impossible, et on y arrivera. Il faut réfléchir sur comment réinventer un business avec une vision différente.
C’est vrai que pour réussir un projet innovant, il faut tout un écosystème qui encourage l’innovation et la prise de risques, mais des entrepreneurs brillants peuvent prendre l’initiative et risquer pour créer des projets innovants qui n’existaient pas.