Le palais Husseinite “Dar el Bey” de la ville de Hammam-Lif sera bientôt évacué, en raison de la gravité de la situation du bâtiment sérieusement menacé d’effondrement, indiquent des sources informées citées par la TAP.
Cette décision, prise suite à une réunion au siège du gouvernorat de Ben Arous a été basée sur les rapports présentés par le district de la sureté de Hammam-Lif et la commission régionale de l’équipement relevant du ministère de l’Equipement. Ces rapports ont tiré la sonnette d’alarme en soulignant la nécessité d’évacuer d’urgence ce monument historique occupé aujourd’hui par environ 94 familles.
Le palais Husseinite, appelé communément le Palais beylical, a vu de nombreux cas d’incendies causés par le chevauchement des câbles d’alimentation électrique et les canaux d’eau en raison d’une exploitation arbitraire, ne répondant pas aux critères de sécurité. Les forces de sécurité sont intervenues pour éteindre les incendies à maintes reprises, et ont essayé d’évacuer le bâtiment en 2012, mais vu la situation fragile d’un certain nombre d’ habitants, ceci n’a pas pu se faire malgré des essaies multiples.
Placée actuellement sous la supervision de la municipalité de Hammam Lif, le palais dont la propriété revient en majeure partie à l’Etat, a été, depuis les années quatre-vingt, occupé par de nombreuses familles défavorisées dont certaines ont été logées en 2008 dans des logements sociaux de la citée Khaled Ibn Al Walid dans le cadre du programme 26-26.
En réponse à une question de l’agence TAP en ce qui concerne l’évacuation du lieu, une source informée du gouvernorat de Ben Arous a confirmé qu’une séance de travail s’est déroulée le lundi 5 décembre 2016 pour le suivi de l’état du palais Husseinite au cours de laquelle l’accent a été mis sur la nécessité de procéder à un recensement complet et à un diagnostic profond des cas sociaux en collaboration avec les fonds sociaux et la Direction régionale de la propriété foncière.
La même source a indiqué que les parties concernées (non mentionnées) participant à la réunion ont souligné la nécessité pour la municipalité d’intervenir au plus vite afin de commencer les travaux d’assainissement et d’informer les occupants de l’obligation d’évacuer le palais qui représente désormais un véritable danger pour leur vie en raison de sa structure usée et la présence de nombreuses fissures profondes dans les murs, et ce, dans des délais qui ne doivent pas dépasser les prochaines vacances scolaires, selon la même source.
Dans ce contexte, le directeur de l’Institut national du patrimoine (INP), Fathi Bahri, a déclaré à l’agence TAP que le ministère des Affaires culturelles avait adressé une lettre il y a six ans au ministère des domaines de l’Etat et des Affaires foncières, afin de pouvoir rénover le palais, qui représente l’un des monuments historiques du patrimoine tunisien.
Fathi Bahri a déclaré, à ce propos, que le dossier du palais Husseinite qui a été présenté en 2010 au Comité national des monuments historiques en Tunisie pour son classement parmi les monuments historiques, a reçu l’approbation. Cependant, rien n’a pu être mis en œuvre puisque l’accès à ce monument n’a pas été possible suite au rejet de ses occupants d’évacuer les lieux. Cet état de fait, estime le directeur de l’Institut national du patrimoine, constitue un obstacle à la préparation du dossier scientifique devant contenir les rapports détaillés sur le monument.
La même source a mentionné que la situation juridique et immobilière complexe du monument bloque l’avancement de la restauration, faisant observer qu’un certain nombre d’investisseurs tunisiens ont exprimé leur intention d’investir dans ce palais à travers la réalisation d’un projet de tourisme culturel et de restauration de ce monument qui a subi des abus aléatoires notamment des modifications anarchiques ayant endommagé ses spécificités architecturales.
Construit en 1750 sous l’ordre du Bey Hussein Ben Ali Bacha Bey, le palais Husseinite constitue l’un des principaux monuments construits en Tunisie sous la dynastie des Husseinites, une période marquée par une profonde révolution architecturale à travers notamment la construction de nombreux édifices dont le palais du Bey de Hammam-Lif qui servait de résidence d’hiver.
