Pour la majorité des 254 dirigeants d’entreprises sondés par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie, procédures administratives, insécurité, corruption et instabilité politique constituent les plus grandes entraves à leur activité.
«Le sentiment général qui se dégage montre la poursuite de la détérioration du climat des affaires de mars à octobre 2016». C’est la principale conclusion du baromètre de la conjoncture économique de la CTFCI, le deuxième de l’année 2015/2016. Dont il ressort que le mécontentement des chefs d’entreprise a quatre causes principales: les procédures administratives, l’insécurité, la corruption et l’instabilité politique forment les quatre plus grands obstacles au développement des entreprises en Tunisie.
La deuxième vague du baromètre a été menée, du 11 au 25 octobre 2016, auprès de 254 dirigeants adhérents de la CTFCI, représentant des entreprises de profils divers et variés, contre 259 dirigeants au cours de la première vague du baromètre de mars 2016.
Les procédures administratives, d’abord. 64% des dirigeants –contre 52,5% en mars 2016- considèrent qu’elles constituent l’écueil le plus sérieux à leur activité. Ce qui veut dire que la situation a empiré.
D’ailleurs, seuls 7,5% (contre 7,7% en mars 2016) des dirigeants sont satisfaits de l’efficacité des services fournis par l’administration et la plupart sont plutôt «moyennement satisfaits». L’insatisfaction a trait aux délais des procédures administratives (64,8%, 53,3% en mars 2016) et à leur complexité (58,3%, 52,3% en mars 2016). Elle concerne notamment les procédures des douanes qui ne satisfont que 13,1% des dirigeants (12,2% en mars 2016).
L’insécurité, ensuite. Là également le nombre d’entreprises à s’en plaindre et y voir un facteur handicapant augmente, passant de 58,2 à 60,2% du total. La corruption, aussi. Et là aussi le taux des chefs d’entreprises qui s’en plaignent est proche (58,2%) de celui des deux facteurs les plus incapacitants. L’instabilité politique, enfin. Elle est le quatrième facteur au centre des récriminations des entreprises.
Viennent ensuite, l’accès au financement (41,2%, contre 34,4% auparavant) et la qualité des ressources humaines (35% contre 28,2% précédemment) comme facteurs freinant le moins la croissance des entreprises, mais tendant à s’aggraver. Toutefois, la perception de ces entraves varie selon la taille de et la localisation, et la nationalité de l’entreprise.
Ainsi les plus petites structures (entre 1 et 9 salariés) sont, selon le baromètre de la CTFCI, les plus exposées à la complexité des procédures administratives. Alors que celles employant entre 10 à 49 salariés c’est la corruption qui pose le plus de problèmes. Et pour les entreprises de plus de 50 salariés «l’insécurité est la contrainte la plus sévère à leur développement».
D’un point de vue régional, les procédures administratives sanctionnent davantage les régions autres que celles du Grand Tunis, du Sahel et de Sfax. Enfin, les sociétés françaises sont davantage entravées par les procédures administratives que les tunisiennes et les tunisiennes à participation française.
Globalement les entreprises qui ont une meilleure perception du climat des affaires sont les petites entreprises (de 1 à 9 salariés), les entreprises françaises et les entreprises totalement exportatrices.
Pour ce qui est de la qualité des infrastructures de transport, les dirigeants d’entreprises sont «moyennement satisfaits». L’aérien qui est le mieux perçu ne recueille que 26,7% de satisfaction.
A l’inverse, les réseaux routier et portuaire sont ceux qui obtiennent la plus mauvaise note: seule une personne sur 10 en est satisfaite.
Le réseau téléphonique est jugé plus performant que le réseau internet. 46,5% des dirigeants jugent positivement le réseau téléphonique contre 31,5% qui sont satisfaits du réseau internet.
De la même manière, le réseau électrique est jugé plus satisfaisant que la distribution de l’eau et l’assainissement. 43,7% des dirigeants sont satisfaits du réseau d’électricité contre 29,5% pour les infrastructures liées à l’eau et l’assainissement.
Synthèse de Moncef Mahroug