Une chose est sûre: le réel pouvoir politique en place avec ses deux têtes -le président de la République, Béji Caid Essebsi, et Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha- ne nous dit pas tout sur le dossier du retour des terroristes des zones de guerre et de l’extradition des criminels refoulés de l’Union européenne.
Plusieurs éléments indiquent que la Tunisie a subi de fortes pressions pour accepter, malgré elle, le retour de “ces excroissances humaines”.
Il y a deux jours, la Hongrie a demandé à l’Union européenne de supprimer l’aide financière aux pays qui refusent d’accepter leurs progénitures refoulés du Vieux continent.
En dépit du fait que le gouvernement de Youssef Chahed ait refusé le retour des terroristes et n’ait signé, selon ses dires, aucun accord dans ce sens, apparemment tout indique que la Tunisie n’aurait pas le choix dans la mesure où une cinquième colonne à l’intérieur du pays milite en faveur de ce retour.
L’enjeu de la cinquième colonne, nahdhaouis et dérivés
Composée de nahdhaouis et dérivés (Irada de Marzouki, droit-hommistes…), cette cinquième colonne aurait, selon Abir Moussa, coordinatrice générale du mouvement destourien, programmé ce retour depuis longtemps, plus exactement, lors de l’adoption de la Constitution en prévoyant deux articles.
Le premier, l’article 25, qui interdit toute décision refusant le retour au bercail des Tunisiens à l’étranger et la suppression de la nationalité.
Le second, l’article 49, qui interdit toute révision des articles de la Constitution touchant aux libertés dont celle de se déplacer à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Al Watad), Zied Lakhdar, partage cette analyse et va plus loin. Dans une déclaration à l’Agence TAP,
“il a mis en garde contre un agenda international et un plan d’installation en Tunisie et au Maghreb arabe d’un demi-million de personnes de retour des foyers de tension“.
D’autres analystes, comme le chroniqueur Lotfi Laamari, sont allés encore plus loin en justifiant la générosité financière manifestée lors de la Conférence internationale sur l’investissement (Tunisia 2020) par l’acceptation de la Tunisie d’abriter sur son territoire les dégénérés des zones de guerre générées par la malédiction du “Printemps arabe”.
Des accords auraient été conclus depuis un an
Deux autres éléments plaident en faveur de ce scénario. Le premier n’est autre que l’appel téléphonique qui a eu lieu, vendredi 23 décembre 2016, entre la chancelière allemande, Angela Merkel, avec Béji Caïd Essebsi, appel qui survient quelques jours après l’attentat meurtrier de Berlin, dans lequel le principal accusé est Anis Amri, un homme muni de plusieurs passeports.
Au cours de cette communication, l’accent a été mis sur “l’impératif pour la Tunisie d’accélérer l’acceptation de ses refoulés d’Allemagne”.
Cette demande d’accélérer les procédures arrive en fait en retard. Car, ces jours-ci, on vient d’apprendre qu’un accord a été conclu en mars 2016 à Tunis entre l’Allemagne et la Tunisie pour l’extradition des refoulés tunisiens.
Cet accord aurait été discuté à l’occasion de la visite, le 19 janvier 2016, en Allemagne, du ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, à l’invitation de son homologue allemand et aurait été signé à l’occasion de la visite en Tunisie du ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, en mars 2016.
En vertu de cet accord, l’Allemagne financerait “des vols charter devant transporter des petits groupes d’une trentaine de refoulés tunisiens”.
Des accords similaires auraient été conclus avec d’autres pays européens comme la France et l’Italie.
De nouvelles prisons pour abriter les “DAECHIENS”
Le second élément qui appuie ce scénario d’extradition et de retour des bouchers de Syrie et d’autres zones de guerre, c’est l’annonce, ces jours-ci, de la construction de nouvelles prisons.
Comme par hasard, la direction régionale de Béja annonce, le 22 décembre, le coup d’envoi de la première tranche des travaux de construction de la nouvelle prison civile dans la région, lesquels travaux dureront 18 mois. D’autres informations ont fait état de la construction de nouvelles prisons similaires à Sousse et dans le Grand Tunis. Ces prisons serviraient à abriter les “Daechiens” de retour ainsi que les criminels extradés.
Moralité :
Tout indique qu’au regard de leurs déclarations, les “deux présidents” (BCE + Ghannouchi) seraient personnellement impliqués dans cet agenda international. Ghannouchi, qui avait déclaré que lorsque “la chair humaine est avariée (allusion aux daechiens tunisiens vaincus), elle doit être prise en charge par les siens (l’ensemble des Tunisiens)”.
Cela pour dire qu’il y a péril en la demeure et que la menace pèse réellement sur le pays.
Pour contenir cette menace, des propositions ont été formulées, s’agissant du changement de tous les passeports des tunisiens, de l’institution de la pratique du bracelet électronique pour la surveillance des extradés comme c’est le cas, depuis quelques jours en Algérie, de la construction de prisons spéciales…
Pour certains observateurs, ces mesures seraient dérisoires en ce sens où les terroristes et les criminels de tous genres choisissent des itinéraires non officiels pour rentrer.
Il reste la société civile, elle peut changer la donne. Un sit-in similaire à celui du départ de 2013 (Errahil) serait en préparation. En attendant, la vigilance doit être de mise. Il y va de notre sécurité.