Radhouane Ben Salah, le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), n’est pas content de l’action du ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Il l’a fait savoir à l’occasion de l’Assemblée générale élective de la FTH, organisée vendredi 6 janvier 2017. “La plupart des mesures décrétées en faveur du secteur touristique en 2015, pour atténuer l’impact des attentats terroristes et des années de crise qui ont suivi la révolution, peinent à être appliquées, en raison de textes d’application inappropriés qui ont donné lieu à des blocages. Plus grave, certaines mesures risquent d’être compromises pour dépassement de délais, ce qui pénalise davantage, un secteur déjà fragilisé”.
Selon lui, “ces mesures sont essentiellement, la prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale, à la CNSS, pour les hôtels qui maintiendront leurs employés en activité, l’octroi de crédits exceptionnels remboursables sur sept ans, avec deux ans de grâce et la garantie de remboursement de l’état, le report des échéances dues pour les années 2015 et 2016, avec rééchelonnement de la dette selon la capacité de remboursement de la société hôtelière, le rééchelonnement des créances fiscales des institutions touristiques”.
Ben Salah affirme que “le nouveau bureau de la Fédération qui verra le jour suite à cette assemblée continuera de batailler auprès des autorités compétentes, pour demander l’application immédiate de ces mesures”.
S’agissant des élections du Conseil de la Fédération, il a souligné que “27 membres ont été élus jusque-là au niveau des régions. 10 autres membres seront élus lors de cette assemblée. Le conseil exécutif se réunira dans quelques jours, pour désigner le nouveau président de la Fédération et les membres du bureau exécutif”.
Salma Rekik se justifie
Dans son intervention, Salma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, a estimé que “le retard de la mise en application des mesures citées, est surtout dû à leur caractère transversal qui implique plusieurs départements et organismes (ministère des affaires sociales, Banque centrale…)”, affirmant l’engagement de son ministère à favoriser leur application, dans les plus brefs délais.
Elle a relevé que les difficultés conjoncturelles rencontrées n’ont pas empêché la mise en place d’une stratégie nationale pour le tourisme, s’articulant en plusieurs axes tels que la sécurité des établissements touristiques, la propreté et l’environnement, la promotion et la commercialisation, la diversification des produits et la promotion de l’investissement touristique, la formation et la qualité, la restructuration des organismes organisationnels et l’amélioration de la gouvernance.
L’ONTT divisé en trois agences
Sur ce dernier axe, la ministre a précisé que l’Office national du tourisme tunisien sera divisé en trois agences spécialisées, à savoir une agence de formation aux métiers de tourisme, une agence de marketing et de communication et une agence de promotion de l’investissement et de modernisation du produit touristique.
Des chiffres en augmentation
La ministre a par ailleurs rappelé que “malgré les difficultés que connait le secteur, certains indicateurs positifs ont commencé à se faire sentir à partir du deuxième semestre de 2016. Ainsi, le nombre des entrées a atteint, au 31 décembre 2016, 5,724 millions, soit une augmentation de 7% par rapport à 2015. Le nombre des nuitées passées a atteint 17,550 millions, soit une progression de 11% par rapport à 2015”.
Elle explique: cette amélioration est due à l’évolution enregistrée au niveau de certains marchés, notamment le marché algérien dont le nombre de touristes a atteint 1, 808 million, soit une progression de 22% par rapport à 2015 et le marché russe dont l’évolution a dépassé les 1000%, par rapport à 2015, avec 623.400 touristes.
Pour ce qui est du marché intérieur, il a enregistré 5 millions de nuitées, au 20 décembre 2016, en évolution de 4% par rapport à 2015.
Vers plus de coopération entre la FTH et la FTAV
Dans une déclaration à l’agence TAP, Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), a formulé l’espoir de voir la collaboration avec la FTH évoluer avec le nouveau bureau qui prendra place dans quelques jours.
“Le tourisme tunisien traverse la pire crise de son histoire, et face à cette crise, l’initiative ne pourra émaner que du secteur privé. Avec le nouveau bureau de la FTH, nous comptons ouvrir deux chantiers majeurs. Un chantier purement technique qui consiste en le renforcement des relations entre les hôtels et les agences de voyages, à travers la mise en place de normes communes susceptibles de limiter le nombre grandissant des intrus dans le secteur.
Le second chantier d’ordre organisationnel, consiste en la concrétisation de la mise en place de l’Union tunisienne des métiers du tourisme qui réunira tous les intervenants (hôtels, agences de voyages, artisans, restaurants touristiques, taxis touristiques …), et dont la mise en place s’est jusque-là heurtée à certaines réticences”, a-t-il indiqué.