La baisse du taux de pauvreté de 5 points en Tunisie en 2015, annoncée, récemment, par l’INS, a suscité une polémique. Le député Fadhel Ben Omrane est allé jusqu’à dire que “le chiffre annoncé par l’INS est erroné et que l’Institut a changé de méthodologie de calcul et ne s’est pas référé à des données scientifiquement justes”.
Le directeur de l’INS, Hédi Saidi a tenu à préciser, dans un entretien accordé à l’agence TAP, que l’Institut n’a pas changé de méthodologie de calcul, celle de la rétropolation, mais, “il a plutôt changé l’année de base, soit 2015 au lieu de 2010”.
La rétropolation, a-t-il expliqué, est une technique d’actualisation qui permet de recalculer des données concernant les années antérieures en prenant en considération les conditions et les nouveautés de l’année de référence (2015).
Le responsable a ajouté que l’INS a maintenu la même méthodologie et opté pour le changement de l’année de base “parce que l’année 2015 est une année plus solide que 2010, sur les plans, taille de l’échantillon, condition d’exécution de l’enquête, taux de réponse”.
Pour preuve, l’échantillon de l’enquête de 2015 a doublé par rapport à 2010, en passant de 12500 à 27.000 en 2015, a-t-il dit, ajoutant que les taux de réponses ont passé de 85% pour l’enquête de 2010 à plus de 92% en 2015.
“De même, la période d’exécution de l’enquête de 2015 est qualifiée de stable alors que la période de réalisation de l’enquête de 2010 est difficile et perturbée”, a indiqué Saidi, soulignant que l’INS va maintenir, dans les années à venir, l’année 2015 comme année de référence. “C’est une année qui reflète la réalité sociale et économique du pays”, estime-t-il.
Le directeur de l’INS s’est dit “mécontent” des allégations du parlementaire et de ceux qui mettent en doute les statistiques de l’Institut, relevant que ces allégations portent atteinte à la crédibilité de l’INS auprès des organisations internationales et pourraient aussi influencer les citoyens et les rendre réticents à répondre à d’autres enquêtes.
D’après le responsable, plusieurs facteurs expliquent la baisse du taux de pauvreté en 2015, nonobstant la méthodologie utilisée. Il s’agit, entre autres, de la hausse des dépenses des familles entre 2010 et 2015, la baisse du taux d’épargne et l’augmentation des aides octroyées dans le cadre des programmes des familles démunies.
Le calcul du taux de pauvreté prend en considération, selon ses dires, le mode de consommation et le niveau de vie des personnes dans les grandes villes et les milieux municipaux et ruraux. En 2015, la ligne de pauvreté est fixée à 1877 dinars pour les personnes vivant dans les grandes villes, alors qu’elle est estimée à 1703 dinars dans les zones municipales et à 1501 dinars dans les zones non municipales.
Revenant sur les difficultés rencontrées lors de l’élaboration des enquêtes sur les revenus, le responsable a évoqué une difficulté majeure, celle de la réticence des individus à répondre aux questions sur leurs sources de revenus.
A cet égard, Saidi a fait savoir que l’INS envisage de mener un projet en coopération avec Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives et le ministère de Développement, pour approfondir la réflexion sur cette question et identifier des solutions pour estimer les sources des revenus des citoyens.