Parmi les insuffisances structurelles dont souffre l’agriculture tunisienne depuis l’accès à l’indépendance, figure en bonne place sa sous-mécanisation. Selon des statistiques officielles, la Tunisie compte un tracteur pour 150 hectares, contre un tracteur pour 23 hectares en Espagne.
Cette sous-mécanisation, ajoutée à la sous-utilisation des intrants (seuls 32% des quantités recommandées sont utilisées), explique en grande partie le sous-développement du secteur agricole en Tunisie.
La responsabilité incombe en premier lieu aux gouvernements successifs. Ces derniers ont constamment traité l’agriculture comme un secteur social et non comme un secteur productif.
Le moment est désormais venu pour engager un débat national sur une réforme agraire et sur l’urgence d’instituer des incitations en faveur des agriculteurs.
Au nombre de ces incitations, il y a lieu d’imaginer l’institution de facilités pour acquérir des tracteurs bon marché qu’on peut appeler, à l’instar de la voiture populaire, “des tracteurs populaires”.
A cette fin, le gouvernement peut encourager un constructeur de tracteurs étranger à s’implanter en Tunisie et à les produire pour le marché local. A un certain moment, on a évoqué l’intérêt d’un constructeur indien pour le lancement d’une unité de montage de tracteurs en Tunisie.
Il faudrait, peut-être, maintenant rouvrir ce dossier, d’autant que la firme indienne intéressée aurait participé récemment à la conférence internationale sur l’investissement “Tunisia 2020”.
Au regard des multiples services socio-économiques que peut rendre un tracteur, particulièrement dans les zones à relief difficile (transport de malades, d’ouvriers et de personnes isolées…), nous pensons que “le tracteur populaire” peut constituer un des leviers les plus importants de la discrimination positive et du désenclavement du monde rural.