“Il faut un compromis historique basé sur la souveraineté nationale, la productivité, l’efficience et la compétitivité pour aider la Tunisie à sortir de la crise actuelle”, a déclaré, samedi 21 janvier, l’économiste Mahmoud Ben Romdhane.
S’exprimant à une conférence sur le thème “la Tunisie face à ses grandes crises économiques: les voies de la sortie”, organisée, au palais de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït Al-Hikma), à Carthage, Ben Romdhane a estimé que “la crise est très coûteuse pour l’économie tunisienne marquée par des pertes de revenus considérables, des déficits et un endettement publics sans précédent sous l’effet conjugué des déficits du budget de l’Etat, des entreprises publiques et du système de protection sociale”.
Il a souligné que la souveraineté nationale exige un plan de désendettement public et extérieur et une interdiction pour les parties politiques de recevoir des financements étrangers et aussi l’encadrement rapproché du financement des associations.
“La sortie de la crise actuelle du pays nécessite un modèle social solidaire et inclusif par une couverture maladie universelle (pour tous ceux qui en ont besoin pour toutes les régions et pour toutes les maladies), un revenu décent en cas de perte d’emploi et une formation de qualité et une prise en charge de toutes les personnes porteurs de handicap”.
Plaidoyer pour des régions attractives
Pour avoir une Tunisie compétitive, l’économiste plaide pour des régions plus attractives pour les investisseurs par l’engagement sans tarder des projets d’infrastructure du plan de développement pour la période 2016-2020 et l’élaboration du schéma national d’aménagement du territoire.
Il s’agit, également, de programmer, au moins deux grands projets structurants par gouvernorat et un centre de vie moderne convivial pour les cadres et les investisseurs dans chaque gouvernorat.
L’économiste a mis l’accent sur la nécessite de civiliser les comportements par la lutte contre la corruption des agents de l’Etat et la corruption politique et par la mise en place d’un pacte environnemental, suggérant la refonte des finances publiques, de l’administration et des caisses de sécurité sociale pour sortir de la crise économique.
Un conseil d’orientation des finances publiques
Pour la refonte des finances publiques, il a proposé une vision stratégique qui prévoit l’intégration du budget de l’Etat pour les 5 prochaines années dans une perspective de moyen et long terme et la mise en place d’un conseil d’orientation des finances publiques(organisme consultatif indépendant) placé sous l’autorité du chef du gouvernement et chargé de dresser l’état des lieux des finances publiques et de proposer des alternatives à court moyen et long termes de nature à préserver la souveraineté du pays, sa compétitive et la promotion sociale pour tous.
Il a de même préconisé la réforme de l’administration pour parvenir à une masse salariale de l’administration par rapport PIB de 11 à 12% à l’horizon 2020(contre 10,7% en 2010) et 10% en 2023 contre une moyenne de 9,5% dans les pays OCDE).
Il faut aussi, d’après l’économiste, doter les ministères et les institutions publiques de compétences stratégiques de très haut niveau pour une durée et des missions déterminées en leur accordant un statut spécifiques et des avantages particuliers.
Ben Romdhane a appelé à des reformes immédiates des caisses sociales par le redressement du régime des retraites qu’il qualifie de “source d’hémorragie”. Il a préconisé de retarder l’âge de départ à la retraite de 2 ans, d’appliquer un taux de pension uniforme à 2% par année de service et d’engager une revue complète, approfondie et stratégique de l’ensemble du système de protection sociale pour le rendre efficace, juste et soutenable.