La GIZ, à travers sa présence en Tunisie, a entamé en 2016 un programme de coopération triangulaire «Développent du tourisme durable» entre l’Allemagne, le Costa Rica et la Tunisie. Ce programme s’inscrit dans le cadre du projet «Fonds pour la promotion de l’emploi des jeunes en Tunisie» et le projet «Fonds régional en Amérique Latine et dans les Caraïbes». Le programme se poursuit par un voyage d’étude de professionnels, d’associations de la société civile et de des cadres de l’administration tunisienne, du 17 au 26 janvier 2017, afin de participer à un échange d’expériences dans le secteur du tourisme durable.
Freiburg, la cité verte et l’Alb Biosphère Réserve ou comment convertir un potentiel en prospérité «Capitale écologique», «ville verte», «cité du soleil», Fribourg est une ville pionnière en matière de développement durable. Elle ambitionne de devenir un pôle de santé et de bien-être rayonnant sur une grande partie de l’Europe et du monde. Un peu plus loin, la partie bien-être, cadre de vie, écotourisme, préservation de la nature se développent autour de «The swabian Alb Biosphère Reserve».
Par Amel DJAIT
«Freiburg est une très jolie ville verte. Mon métier est de faire venir de plus en plus de touristes dans cette deuxième ville la plus visitée de l’Etat de Baden Wittenberg», nous dit Franziska Pankow, directrice du département tourisme et du Convention Bureau de la ville lorsqu’elle nous reçoit dans ses bureaux. Outre d’être un des berceaux du mouvement écologique en Allemagne, la ville présente de nombreux attraits comme la cathédrale, les rigoles «Bächle», le vin qu’on y produit, les cliniques et centres de thermalisme… Le tout est savamment associé à la durabilité.
En Allemagne, chaque Etat développe son propre modèle de gestion et aucun ne laisse ses atouts en friche. La règle est de tirer le maximum de ce que l’on a. Rien n’y échappe : nature, culture, histoire, ressources naturelles. Ici, le maître mot est planification.
La cité de Fribourg est considérée comme modèle pour la réconciliation entre l’écologie «douce» et l’économie «dure» avec une politique environnementale, de la technologie solaire, des concepts de durabilité et de protection climat qui sont devenus des mobiles du développement économique, politique et urbain. Avec les circonscriptions alentour, la ville envisage de devenir une région 100% green en 2050 et réduire ses émissions de CO2 de 50% en 2030. Gageons qu’elle parviendra à atteindre ses objectifs. D’abord, parce qu’elle sait où elle va, ensuite parce qu’elle s’en donne les moyens.
Destination d’exportation de services
Depuis peu, Fribourg a l’ambition de devenir une destination de santé et de bien-être pour une grande partie de l’Europe. Pour atteindre cet objectif, comment s’y prend-elle? Où trouve-t-elle les fonds? Comment fait-elle pour que tous les intervenants et forces vives du pays regardent ensemble dans la même direction?
Une fois que les atouts et objectifs sont identifiés, c’est par un cluster regroupant le privé et le public que le développement la région, en tant que destination santé, se fait. Franziska Pankow explique: «Ici, il y a la forêt noire (380 kms de sentiers de randonnées), 1.740 heures de soleil par an et 37 grandes entreprises opérant dans la médecine. Nous chapotons l’information touristique et le marketing et notre structure, qui appartient à la ville, gère 6,5 millions d’euros par an. Les entreprises partenaires du projet payent 5.000 euros de fees par an. En tant que structure, notre politique est d’organiser et capter les plus grands congrès de médecine du monde comme nous l’avons fait avec le salon «Gebäude.Energie.Technik» (GETEC), la «Solar Summit», le congrès «Local Renewables» et la «International Convention of Environmental Laureates» comme point de rencontre des lauréats internationaux du prix de l’environnement. Ce sont des outils qui donnent du crédit à notre ville et soutiennent son expertise et sa renommée. C’est comme cela que nous attirons de plus en plus de touristes, d’investisseurs, d’étudiants, de retraités, de patients…»
Le projet est encore embryonnaire mais avec la capacité de la ville à décider de ses orientations et de mettre en place des plans d’action précis autour desquels il y a du dialogue, de la concertation et surtout du travail, cet objectif sera assurément atteint.
Pour le moment, le modèle repose principalement sur le marché national. 65% des amateurs de bien-être et utilisateurs des soins que prodiguent les nombreuses cliniques (pas une certifiée) de la région sont allemands. Gageons que dans une décennie, la région se hissera au top des villes exportatrices de services de santé.
La réserve Biosphère
Un peu plus loin et toujours sur la même région, c’est le classement d’une réserve Biosphère qui est l’atout à convertir. L’Allemagne dispose de 15 biosphères dont celle de la région de Baden-Wittenberg qui, depuis 2009, est reconnu par l’UNESCO.
La réserve se compose de 29 villes et municipalités et s’étale sur trois zones rurales et deux districts différents. Ici, le pourtour géographique du projet est évolutif. Il obéit à la volonté des populations et à l’engagement des politiques. Dans tous les cas, le modèle de développement a déjà porté ses fruits.
Au centre d’information de la Biosphère, le modèle est exposé comme suit : «En tant que Centre de la Biosphère, nous sommes financés à hauteur de 70% par la ville et 30% par les municipalités. Nous recevons 20.000 demandes de projets par les forces vives de l’Etat tous les ans, et c’est un comité qui décide qui et comment les intégrer dans le développement du projet. Nos fonds viennent de l’Etat et l’UNESCO donne le brand et c’est déjà beaucoup! Pour nous, le plus important est de vivre avec la nature. Créer des parcs nationaux c’est bien mais faire vivre la nature et l’homme ensemble, c’est encore mieux. Les habitants des forêts ne doivent pas être exclus de leur milieu. Ce sont eux les vrais garants de la protection de la nature».
Du coup, cette harmonie entre l’homme et la nature n’est plus un slogan creux. Quand il en tire de la richesse et de la prospérité, l’homme s’engage, et aujourd’hui plus 500 établissements adhèrent au projet.
L’activité économique s’est développée à travers plusieurs filières et chaînes de valeurs. Des dizaines de labels locaux sont mis en place comme Alb Buffalo qui met en avant la filière du buffle, Alp Merino met en avant celui de la laine… Plusieurs autres labels sont en cours de développement pour le miel, les pommes, les sangliers, etc.
Sur chaque filière, ce sont des milliers d’emplois qui sont préservés, un savoir-faire qui est protégé et transmis et une animation culturelle et de la visibilité qui rapportent des profits. Si les produits autant que le projet ombrelle s’adressent pour le moment au marché local, il saura évoluer et grandir sur le modèle le plus parlant qui est bien entendu celui de la bière. Le plan d’action prévoit de monter en production et en branding et de développer des centaines d’Oktoberfest (pour les pommes, le miel, la laine….) sur l’ensemble de l’Allemagne.
Pour la petite histoire, le «Made in Germany» était une mention exigée par d’autres pays car elle équivalait à la mauvaise qualité. C’était plus précisément «un label (informel à l’origine) qui a été appliqué dans les années 1890 par les autorités britanniques sur les articles importés d’Allemagne pour inciter les consommateurs à «acheter anglais». Depuis, ce label a fait du chemin pour devenir un garant de qualité et de solidité parmi les plus solides du monde.
En matière de tourisme, l’Allemagne créait des destinations touristiques hors de son territoire et exportait des millions de touristes de par le monde. Aujourd’hui, les Allemands passent de plus en plus leurs vacances en Allemagne, un pays qui attire de plus en plus de touristes du monde entier. D’ailleurs, il n’est pas dit que la destination rentre dans le top 5 des destinations les plus visitées du monde dans les années à venir!