Une cérémonie a été organisée, jeudi à Tunis, en l’honneur des six inventeurs tunisiens qui ont remporté les meilleurs prix à la 9ème édition de la Foire internationale des inventeurs au Moyen-Orient -IIFME- (du 16 au 19 janvier 2017, au Koweït).
La délégation tunisienne avait remporté 8 prix, dont le grand prix de la foire, à cette manifestation qui a réunit 200 inventeurs de 36 pays , en dépit d’une forte participation de certains pays comme Taiwan qui a participé avec une délégation composée de 28 inventeurs.
Anis Sahbani était Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, avant de rentrer en 2014, en Tunisie, pour créer son propre projet, à savoir la société “Enova Robotics”, il a remporté le prix de l’Organisation Mondiale de la Propriété intellectuelle et la médaille d’or honorifique pour la production de robots mobiles de sécurité des espaces.
Il a déclaré à l’Agence TAP qu'”Enova Robotics” est la première société en Afrique et dans la Région Mena, qui fabrique et exporte des robots à partir de la Tunisie”.
Sahbani avait déjà remporté le 1er prix du concours National de l’invention 2016, dans la catégorie “institutions” avec son premier robot mobile dans le monde qui assure la sécurité des grands groupes industriels. Son robot (150 kg) autonome, comporte une caméra thermique, 4 caméras infrarouges…il envoie les informations soit à travers la transmission radio (distance 5km), soit via le réseau 4 G (ou le poste de commande peut être dans un autre pays) et détecte les intrusions et envoie une alerte au poste de commande.
“J’ai commencé l’exportation de mes robots, en 2015, vers la France (2 robots en 2015 et 1 en 2016) et je compte exporter cette année entre 15 et 30 robots vers le marché Français et peut- être le Maroc”, a-t-il avancé.
Pour sa part, Ghassen Ferchichi étudiant en 5ème année à “ESPRIT” (Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologies) qui a remporté une médaille d’or, a commencé son projet dans le cadre d’un projet académique à l’école, avec 3 autres étudiants. Ils ont participé à des compétitions en Tunisie et ont remporté des prix en Egypte.
“J’ai pensé alors à transformer mon projet académique, en un produit qui peut être commercialisé, et ce, en collaborant avec des médecins d’où l’idée de mon invention”.
Ghassen a fait savoir qu’il “a déposé déjà le brevet de son invention qui consiste en une semelle intelligente connectée à une application mobile pour les diabétiques souffrant d’ulcère plantaire” et pense développer une autre invention dans ce domaine, sans vouloir donner plus de détails.
“Des personnes de mon entourage sont décédées, à cause de l’ulcère du pied et j’ai rencontré des cas pitoyables de diabète. Cette semelle permet d’offrir une prévention aux personnes diabétiques contre l’aggravation de leur maladie (ulcère) et d’alléger leurs douleurs. Ce marché est prometteur, selon l’Organisation mondiale de la Santé ( OMS) vu que le nombre des personnes diabétiques va doubler d’ici 2030”, a t-il souligné.
Même parcours pour Sami Guetari qui a obtenu le grand prix de la foire, il a commencé son invention depuis qu’il était étudiant à l’Institut National Agronomique de Tunisie (INAT).
Sami a valorisé les déchets du thon rouge pour produire des compléments alimentaires riches en Oméga- 3 et a déposé son brevet d’invention en Tunisie, en Suisse, aux USA, au Japon et en Europe.
Cette invention permet d’éviter les impacts néfastes des rejets des déchets du thon dans la mer ou de leur enfouissement dans les décharges.
Suite à son expérience et aux problèmes de financement rencontrés, Guetari a recommandé la création d’un fonds d’investissement pour financer les inventeurs et leur permettre de déposer des brevets d’invention dont le prix peut s’élever à 15 mille euros (36,8 mille dinars) et plus.
Maître de Conférences à l’Institut National de Recherche et d’Analyse Physico-chimique de Sidi Thabet et lauréat du deuxième prix du concours national de l’invention 2016, Raouf Mdimagh, a été récompensé par la médaille d’or, lors de l’IIFME, pour son invention de composant de cuir avec des propriétés antibactériennes et antifongiques.
Il a rappelé que son invention est née dans le cadre d’un projet initié en collaboration avec le Centre National du Cuir et de la Chaussure (CNCC), afin de valoriser les déchets des cuirs industriels issus des tanneries et des industries.
Il a fait savoir qu’une étude réalisée, dans le cadre de ce projet a révélé, qu’environ 5000 tonnes/an de déchets de cuir, sont jetées par 15 entreprises sachant que 80 entreprises opèrent dans ce domaine.
“Au début, nous avons régénéré le cuir et introduit une molécule biosourcée, le produit obtenu est à 60% bio-sourcé. La valeur ajoutée consiste à lui réincorporer une activité antibactérienne et antifongique pour passer d’un cuir normal à un cuir qui dispose d’une valeur ajoutée qui peut être vendu même plus cher que le cuir naturel”, a-t-il avancé.
Il souligné que ce cuir peut être utilisé dans les chaussures médicales puisque sa composition permet de faire disparaître les odeurs et est utile aux personnes allergiques aux produits chimiques et aux personnes sensibles aux infections telles que les diabétiques.
Le ministre de l’industrie et du commerce, Zied Laadhari a mis l’accent à cette occasion, sur la nécessité d’encadrer ces jeunes inventeurs pour concrétiser leurs inventions et les transformer en projets commercialisables. Il s’agit de leur assurer le financement et l’appui technique nécessaires ainsi que de leur permettre de s’implanter dans les pépinières d’entreprises.
Ce type de projets a-t-il ajouté, permet la création d’emplois, de richesses et augmente les opportunités d’exportation.