Les membres de la Commission de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du commerce et des services ont estimé impératif de changer la vocation de l‘Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH) en une société nationale, en dépit de l’opposition de représentants du secteur privé de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) à ce projet de loi et l’intervention de l’Etat dans le secteur.
Le président de ladite Commission, Mohamed Rachdi, a souligné, lors d’une séance d’audition des représentants de l’UTIICA sur le projet de loi n°34-2016 relatif à la création de la société nationale des ressources hydrauliques, l’importance du rôle de l’ANRH en Tunisie dans la prospection des ressources en eau, à travers le forage de puits profonds dans le sud Tunisien et dans les régions difficiles, notamment Rjim Maatoug et Sabria.
Etat… régulateur
Il a fait savoir que le changement de sa vocation en un établissement public permettra sa participation aux marchés, telles que les sociétés privées, et de lui conférer la souplesse requise dans la réalisation des projets.
Le rapporteur de la Commission, Brahim Ben Said, a mis l’accent sur l’importance de l’intervention de l’Etat dans ce secteur, en tant que régulateur des prix sur le marché, soulignant que le changement de la vocation de l’agence ne nuira pas au secteur privé.
Le député Ammar Amroussia a demandé de soutenir le secteur public pour éviter sa disparition, d’œuvrer à contrecarrer la corruption et de le développer pour qu’il soit efficace et productif, exprimant son accord pour le changement de la vocation de l’ANRE en une société, tout en assurant des garanties pour qu’il ne soit pas une charge pour l’Etat.
Le député Hédi Soula a indiqué que l’Etat pourra s’orienter vers cette décision en l’absence d’une réaction du secteur privé, de l’appui et du forage des puits dans les régions éloignées, ajoutant que les sociétés privées n’emploient pas le nombre requis de cadres et spécialistes dans ce domaine.
De quoi craint l’UTICA
Le député Salem Hamdi s’est dit étonné quant aux craintes de l’organisation patronale, d’une telle concurrence entre l’ANRE et le secteur privé opérant dans le domaine ainsi que son mécontentement des opérations de courtage, très propagées dans le secteur, appelant l’UTICA à accomplir son rôle, à organiser le marché, à demander la révision du cahier des charges et à contribuer à la lutte contre les opérations de forage anarchique ainsi que la surexploitation des ressources hydriques.
Assouplir la gestion…
La directrice générale de l’unité de suivi de l’organisation des entreprises et des établissements publiques, Houda Ben Amor, a relevé dans son intervention que le projet de cette loi s’inscrit dans le cadre de la concrétisation des recommandations d’une séance de travail ministérielle tenue le 20 octobre 2014 sur le domaine de la prospection des ressources en eau.
Elle a souligné l’importance de changer la vocation juridique de l’ANRE, d’une entreprise publique à caractère administratif à une entreprise publique dépourvue du caractère administratif. L’objectif est d’assouplir la gestion et de constituer de propres ressources, relevant que le caractère administratif de l’agence empêche l’emprunt direct et la participation à la réalisation de puits profonds financés par des instances de financement internationales.
mais l’Etat ne doit se retirer des secteurs concurrentiels
Le président de la Chambre syndicale nationale des entreprises de forage d’eau (CSNEFE), relevant de l’UTICA, Abdelfateh El Mkawer, a exprimé le refus de ces entreprises de ce projet de loi, appelant à la non intervention de l’Etat dans ce secteur compétitif et de se contenter de l’encadrement et du contrôle, notamment en l’absence d’un bureau de contrôle du secteur en Tunisie.
Il a relevé que la capacité du secteur privé est illimitée dans ce domaine qui regroupe plus de 70 entreprises chargées de la prospection des eaux dont plus de 40 d’entre elles ont une capacité de forage de plus de 300 mètres.
Pour rappel, les entreprises privées ont réalisé en 2016, le forage de près 639 puits, notamment dans les gouvernorats de Kasserine et Sidi Bouzid. L’Etat a réalisé 294 puits sur un total de 453 puits programmés en 2016.