Le Commissaire fédéral pour les dossiers de la Sûreté de l’Etat de l’ancienne République démocratique allemande (STASI), Roland Jahn, a recommandé d’ouvrir les archives tunisiennes pour “comprendre le passé et dévoiler les pratiques du régime despotique”. L’objectif étant, a-t-il préconisé, d’asseoir les fondements de la démocratie.
S’exprimant jeudi en conférence de presse à Tunis, il a exhorté l’Instance Vérité et Dignité (IVD) à mettre les enregistrements et les archives à la disposition de tous les Tunisiens, citant dans ce sens l’expérience allemande dans ce domaine.
Ce patrimoine, a-t-il encore proposé, peut être utilisé par les chercheurs, les journalistes et les hommes de culture et servir dans l’écriture de scénarios cinématographiques.
La différence entre l’expérience tunisienne et l’expérience allemande réside dans l’accès aux archives, a-t-il relevé, indiquant que la dictature en Allemagne avait détruit beaucoup d’enregistrements après la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, l’institution des archives se penche sur la restauration de près de 15.000 sacs d’archives appartenant à la police secrète.
Roland Jahn a insisté sur la nécessité de mettre en avant les témoignages des victimes et les aveux des tortionnaires pour réaliser la réconciliation.
De son côté, la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine, a indiqué que les Tunisiens doivent penser les structures qui poursuivront le travail après la fin de mission de l’Instance, laquelle a pu accéder aux archives de la présidence de la République et à une partie des archives du ministère de l’Intérieur.
Elle a souligné le besoin de soutien et de coopération pour traiter les archives de l’ancien régime et comprendre ce qui s’est réellement passé.
A rappeler que l’IVD a entamé en novembre 2016 les auditions publiques des victimes de violation ayant eu lieu entre 1955 et 2013. Jusqu’à ce jour, 6 séances ont eu lieu, comportant des témoignages des différentes familles politiques.