Dans les coulisses de certains palais présidentiels, on avait applaudi l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Car, disait-on, ce dernier avait promis, lors de sa campagne, de s’occuper avant tout de l’Amérique: il n’allait pas se mêler des affaires de politique interne en Afrique. Entendre par-là que nouvel homme fort de l’Amérique ne lèverait pas le petit doit quand bien même il y aurait des violations des droits humains ou de tripotage des Constitutions pour rester “éternellement“ au pouvoir.
Cela est possible. Cependant, il faut être logique, c’est-à-dire ne pas vouloir le beurre et l’argent du beurre. En tout cas, Trump veut aller jusqu’à bout de son raisonnement : «je ne m’occuperai pas de vos affaires, mais ne comptez pas sur une quelconque aide américaine…», semble-t-il faire savoir à ces Africains qui ont cru bon de fêter la victoire de Trump sur Hilary Clinton.
En effet, outre le renvoi –prochainement peut-être- des dizaines des milliers d’Africains vivant aux Etats-Unis, Trump vient de signer un décret qui risque de faire très mal aux économies africaines, celui qui “vise à démanteler la pièce maîtresse du dispositif réglementaire mis en place par Barack Obama, suite à la crise des subprimes, dont l’économie mondiale souffre encore des conséquences après bientôt 9 ans“.
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«Cette loi, adoptée en 2010, qui tente de contenir les dérives de la finance de marché et de protéger le consommateur de ses excès, comportait un volet particulièrement important pour l’Afrique et, plus généralement, pour tous les pays pétroliers et miniers, rappellent nos confrères d’agenceecofin.com. Ce volet obligeait les compagnies cotées à la Bourse américaine à publier toutes les sommes qu’elles versent aux gouvernements des pays producteurs: taxes, royalties, droits de production, primes, etc. Cette disposition anti-corruption qui imposait une meilleure transparence dans la délivrance et dans la gestion des concessions est maintenant abrogée par le nouveau pouvoir américain».
On vous laisse deviner les conséquences futures de ce décret, et ce même si Gary Cohn, conseiller économique de Donald Trump et ancien cadre dirigeant chez Goldman Sachs, tente d’apporter une explication économique logique: «Il s’agit d’être un acteur sur le marché mondial où nous devons, pouvons avoir et aurons, une position dominante tant que nous ne nous mettrons pas nous-mêmes à l’écart en raison de la réglementation. L’Amérique a des concurrents qui ne s’embarrassent pas de ces règles, alors pour rester compétitive, elle doit pouvoir faire de même».
En deux mots, la loi Dodd-Franck (article 1504) contraignait entre autres les sociétés cotées aux USA, qui utilisaient des produits miniers issus de la RD Congo et de ses pays voisins, à déclarer tous leurs achats à la SEC (Securities and Exchange Commission).
Maintenant, personne n’est dupe pour dire que la corruption a été éradiquée en Afrique au cours des six dernières années, suite à loi Dodd-Franck, mais elle a permis aux ONG et autres bailleurs de fonds de pouvoir peser sur la bonne gouvernance dans beaucoup de pays du continent.
Malheureusement, on doit reconnaître que ce décret de Trump est une grande victoire pour certains gouvernants africains. Mais jusqu’à quand?
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