Prenant acte de la décision de l’agence de notation FITCH RATING de dégrader la notation souveraine de la Tunisie de BB- perspectives «négatives» à B+ perspectives «stables», le CPED publie le communiqué suivant sur la base d’un rapport détaillé joint.
Le Centre rappelle de prime abord que cette dégradation est la cinquième du genre décidée par l’agence Fitch depuis 2011. Elle intervient à un moment où la Tunisie engage une émission sur le marché financier international afin de financer une partie de ses besoins de financement extérieur estimés à 6,5 milliards de dinars pour l’exercice 2017. Le Centre rappelle, par ailleurs, que la Tunisie a perdu durant les six dernières années 7 rangs, comparativement au plus haut rating de la Tunisie obtenu en 2010 toutes agences confondues ( «A-» accordé par l’agence Japonaise R&I).
Si l’on tient compte de la seule agence Fitch, la Tunisie a perdu 5 rangs (elle est passée successivement de BBB à BBB-, BB+, BB, BB-, et enfin à B+). Avec cette dernière dégradation, c’est un investissement de plus de 20 ans que la Tunisie perd sans qu’aucune réaction conséquente ne soit enregistrée face à ces dégradations successives.
Dans sa justification de la révision de la notation, l’agence pointe du doigt la baisse du niveau de l’investissement et de la croissance, la situation du secteur touristique et les phénomènes du terrorisme et des mouvements sociaux.
Comme il l’a précisé dans son dernier rapport sur «les voies de sortie de crise», le CPED considère que ces résultats proviennent d’un déficit de vision et de stratégie et que la priorité devrait être accordée à la maîtrise des déficits à travers une gestion rigoureuse du budget de l’Etat, par la maîtrise des dépenses de fonctionnement et en particulier de la masse salariale et l’amélioration des ressources, grâce à la recherche d’un meilleur rendement fiscal.
Le budget de l’Etat par rapport au PIB est en effet passé de 28,5% en 2010 à 33% en 2017.
Le Centre considère que l’engagement des réformes de la fonction publique, de la fiscalité et de celle des systèmes de retraite ne peut plus attendre et renvoie aux propositions contenues dans son dernier rapport.
Le Centre considère également nécessaire de rééquilibrer le schéma de développement actuel en donnant l’importance aux facteurs exportation et investissement et rappelle que le schéma emprunté depuis 2011, basé sur la politique du «go and stop» et l’élargissement des dépenses publiques a atteint ses limites pour avoir porté le déficit et la dette à des niveaux insoutenables.
Le renforcement de la croissance devrait être recherché, notamment, à travers le développement des investissements intérieurs et extérieurs et des exportations; des propositions sont développées dans son rapport.
A cet égard, la mise en confiance des opérateurs économiques, hommes d’affaires, fonctionnaires et agents publics et des institutions financières constitue un préalable incontournable pour la reprise de la croissance.
Enfin, le Centre considère que la simultanéité de la dégradation avec la sortie du pays sur le marché financier constitue une première depuis que la Tunisie a intégré le marché financier international en 1994, sachant que l’usage est de s’assurer du maintien de la notation avant d’engager l’opération. Il faut signaler, à cet égard, que dans ce genre d’opération, l’émetteur sollicite auprès des agences sensées porter une notation sur l’émission, la confirmation de la notation. Ces agences, comme vient de le faire Fitch, publient alors un communiqué sur la notation affectée à l’émetteur et en définitive à l’opération.
A ce propos, le Centre réitère sa proposition de créer une structure “Tunisie Trésor” qui regrouperait des compétences confirmées notamment dans ce domaine et qui se chargerait de réaliser les sorties de l’Etat sur les marchés financiers et de gérer la dette. La création de cette structure, qui serait rattachée au ministère des Finances, revêt une urgence.