Le travail de profilage de l’intervention du secteur privé dans le plan électricité verte a déjà commencé à l’initiative conjointe de l’UTICA et du Département.
Vendredi 10 février, une consultation nationale a eu lieu au siège de l’UTICA à l’effet de débattre du Plan national de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables. Cette initiative commune de l’UTICA et du ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables intervient à la suite de la publication par la STEG, principal ordonnateur de son manuel de procédures. Il s’agit en réalité du cahier des charges qui fixe les conditions de participation des entreprises privées au Plan de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables.
Cette consultation a été encadrée par Héla Cheikhrouhou et Hichem Elloumi, V/P de l’UTICA et président de la Fédération des industries IME, ainsi que le PDG de la STEG et des DG du ministère.
Un souci d’indépendance énergétique
La production nationale d’électricité se fait à hauteur 70% à partir du gaz. Or notre production de gaz ne couvre que 60% de nos besoins et à horizon de 2030 elle pourrait chuter à seulement 20%, date à laquelle le gisement de Miskar serait épuisé. Par conséquent, il faut se préparer à assure la relève. Un Plan solaire a été mis au point en 2009 mais, comme le constatera la ministre, les avancées en la matière sont faibles. A présent, un cadre réglementaire est disponible avec la loi de 2015. Les décrets d’application sont en cours de publication. Et le gouvernement a un objectif: produire 30% de notre électricité à partir de 2030 grâce à l’éolien et au photovoltaïque.
La priorité est de faire participer les opérateurs -développeurs-locaux en solo ou en consortium avec des opérateurs étrangers. Le plan 2030 prévoit un supplément de production de 1000 Mégawatts dont les deux tiers seront produits par le secteur privé. Il sera réparti entredeux composantes.
Les deux tiers proviendront du solaire et l’autre tiers de l’éolien. La STEG prévoit deux régimes soit celui de la concession ou celui de l’auto consommation. Ce dernier est sans interférence sur le plan national, car il est autorisé pour des projets de 1 MW, au plus. Il est destiné à permettre aux entreprises de produire pour leur propre compte si elles parviennent à en optimiser le coût. Et c’est le régime de la concession qui est important puisqu’il s’intègre dans le cas du 3 entre la STEG et e secteur privé. Ainsi il est prévu que les projets du photovoltaïque soient dimensionnés, au moins, pour 10 MW et de l’éolien à partir de 30MW. Il faut savoir que ce sont les deux seuils d’optimisation inhérents à chaque process.
Comment viabiliser le “switch“ énergétique du futur
Le débat autour du manuel de procédures a permis d’avancer vers des solutions concrètes pour donner au plan national des énergies renouvelables de se réaliser dans les meilleures conditions et de laisser pleines possibilités aux développeurs nationaux d’y participer à la hauteur pleinement.
Il a été dit que la préférence nationale sera une priorité dans la démarche de la STEG pour la sélection des soumissionnaires. C’est là une occasion historique pour faire émerger un tissu de développeurs nationaux et de leurs permettre d’avoir des références techniques dont ils pourront se prévaloir à l’international. Ce sera pour le secteur privé un atout majeur pour se redéployer à l’international.
Toutes les conditions des appels d’offres ont été, âprement, passées au crible. Les développeurs nationaux ont décortiqué le mode de tarification qui sera calculé par la STEG lequel ne sera pas révisé sur les vingt ans de durée du contrat, ce qui correspond environ à la durée d’amortissement des projets. Toutefois, il sera ajusté une seule fois révisé au bout de la douzième année.
Ayant la STEG pour seul client, les développeurs souhaitent bénéficier d’une garantie du gouvernement qu’il n’y aurait pas de rupture unilatérale du contrat. Ils se suffiraient d’une lettre de confort à l’instar de ce qu’a fait le gouvernement marocain. C’est une pièce de garantie qui a son importance auprès des banquiers. Ces derniers demandent ce genre de gage car ils accordent des crédits de long terme. Cependant, la ministre a affirmé que les lignes de crédit internationales sont abondantes et qu’une fois le tour de table bouclé, le financement par crédit ne poserait pas problème.
Parmi les autres considérations qui ont fait débat, on trouve le souhait de disposer d’une carte de zoning régional pour déterminer les sites les plus éligibles en fonction de leurs caractéristiques climatiques et géophysiques.
Par ailleurs, les projets étant appelés à être réalisés dans des régions agricoles, le secteur privé demande à ce que le décret de déclassement des terres agricoles soit systématique comme dans le cas de réalisation des gîtes ruraux à caractère touristique.
En outre, il a été décidé que le coût du raccordement sera entièrement pris en charge par la STEG. Il est rassurant de savoir que le département intégrera les meilleures pratiques des expériences récentes suivies par les pays partenaires et compétiteurs, tels la RFA, l’Espagne, le Maroc et la Jordanie.
Le seul couac, ici, c’est que le secteur de l’énergie est hautement capitalistique et que la part de création d’emplois risque de ne concerner que les diplômés du supérieur. Cependant, quelques opérateurs promettent qu’ils restent ouverts à des composantes sociales annexes, dans leur région d’implantation, ce qui apporterait une certaine compensation.