Les académiciens spécialistes de la musique ont été unanimes à souligner que la couverture médiatique des spectacles et des œuvres musicales manquent d’analyse et de critique constructive. Le manque ou l’absence d’articles d’analyse et de fond dans ce domaine s’explique selon eux par le manque de spécialisation en musique et les modestes connaissances en la matière.
Lors d’un séminaire organisé par le laboratoire national de recherches sur la culture, les nouvelles technologies et le développement, l’institut supérieur de musique à Tunis (ISM) et le Centre Tunisien de Publication musicologique (Ctupm) ayant porté sur le thème “Quelle place pour la critique musicale face à l’absence d’une presse spécialisée”, l’accent a été mis par les différents intervenants sur l’absence de critique musicale dans les programmes d’études supérieures, un fait qui a largement contribué au manque d”écriture bien pointue sur des critères scientifiques en matière de musique.
Le musicologue Samir Becha directeur de l’ISM a souligné que l’Institut oeuvrera à introduire la matière “critique musicale” dans le programme d’études à partir de la prochaine année université 2017-2018 en tant qu’option avant de devenir par la suite une matière obligatoire.
L’objectif escompté, a-t-il indiqué, est de parvenir à écrire sur la musique avec un style accessible à tous et capable d’apporter une certaine évaluation du produit artistique d’une manière objective et correcte afin que le lecteur puisse comprendre. La problématique en matière d’écriture musicale, estime Becha, réside dans le style d’écriture académique qui demeure une écriture complexe et assez élitiste, dès lors qu’elle décortique les détails ce qui peut entraîner un problème de lisibilité pour le large lectorat.
En effet, a-t-il ajouté, l’écriture sur la musique doit être destinée au large public ne qui nécessite un style facile, compréhensible et clair. Cette simplicité peut toutefois poser une autre problématique: les articles deviennent superficielles et n’évoquent pas les œuvres en profondeur.
La coordinatrice de la conférence Aicha Kallali a relevé que les articles d’analyse et de critiques musicales sont quasiment absents dans les colonnes des journaux tunisiens, en dépit de la présence de plumes dans le secteur de la musique. Le problème qui se pose dans ce sens est le suivant “A qui s’adressent les journalistes? Pour les artistes ou pour le large public?
Face à ce dilemme, la conférencière a mis l’accent sur l’importance de réfléchir à une collaboration entre l’institut supérieur de musique de Tunis et l’institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) pour créer une nouvelle discipline “la critique musicale”.