L’évolution des paiements extérieurs en 2016 s’est fortement ressentie de la poursuite de la morosité de la conjoncture économique, de la persistance d’un climat social tendu et des incertitudes entourant le rétablissement de la stabilité sécuritaire. Ainsi, les pressions sur le solde des opérations courantes se sont poursuivies en 2016, avec un déficit légèrement supérieur à celui de l’année précédente, soit 8,9% du PIB contre 8,8% en 2015, fait ressortir une note de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), publiée récemment.
Cette contre-performance porte la marque du creusement, en niveau, du solde commercial qui, en dépit de la reprise de la demande en provenance de la Zone Euro, demeure fortement fragilisé par la persistance du déficit énergétique (qui semble désormais revêtir un caractère “structurel “) et par la hausse des importations de biens de consommation face à des exportations très vulnérables.
Par ailleurs, on notera un rétablissement -quoique graduel- du secteur touristique, tel que reflété à travers la hausse notable des entrées de non-résidents, notamment, de nationalités russe et algérienne ainsi que le nombre de nuitées passées dans des unités touristiques. Toutefois, cette performance n’a pu qu’atténuer la baisse des recettes à -3,8% en 2016 contre -33,4% une année auparavant.
En ce qui concerne les transferts au titre de revenus du travail, la persistance d’un déficit courant élevé conjuguée au repli des entrées nettes de capitaux à MLT (fortement affectées par la baisse des tirages sur les emprunts à MLT de plus de 25% par rapport à l’année précédente et la hausse du principal de la dette extérieure) se sont traduits par la détérioration du solde général de la balance des paiements (-1.143 MDT en 2016 contre +783 MDT une année auparavant), induisant une contraction des réserves de change. Ces dernières sont revenues de 14.102 MDT (soit l’équivalent 128 jours d’importations) en 2015 à 12.935 MDT (111 jours) en 2016. Exprimées en dollar américain, les réserves de change se sont établies à leur niveau le plus bas sur la période 2006-2016.avail, ils ont quasiment stagné à leur niveau de l’année précédente, soit 3.870 MDT.
“L’érosion des réserves risque, en cas de poursuite, d’exacerber les pressions sur le taux de change du dinar et de rendre sa gestion une tâche de plus en plus difficile”, a fait remarquer la BCT. Il y a lieu de noter que malgré l’importance des interventions de la Banque centrale sur le marché de change, depuis la Révolution, pour répondre aux besoins des opérateurs économiques en matière de liquidités en devises, le taux de change du dinar a poursuivi sa dépréciation vis-à-vis des principales devises à cause, notamment, de la persistance du déséquilibre entre l’offre et la demande sur ce marché. En termes de moyennes annuelles, le dinar a enregistré, pour toute l’année 2016, des dépréciations de 8,6%, 8,3% et 18% respectivement vis-à-vis du dollar américain, de l’euro et du yen japonais.