La Banque africaine de développement (BAD) et la Côte d’Ivoire ont signé, mardi 14 février 2017 à Abidjan, 107 millions d’euros (70 milliards FCFA) d’accords de financement. Ce en faveur de trois projets agricoles, qui visent à développer le tissu agro-industriel et bancaire en Côte d’Ivoire, tout en promouvant l’emploi des jeunes et l’implication des femmes, à travers l’utilisation intensive des nouvelles technologies.
Ces projets s’inscrivent dans la stratégie de la BAD pour amorcer la transformation, la modernisation et la compétitivité de l’agriculture en Afrique.
Le projet de pôle agro-industriel dans la région du Bélier (2PAI BELIER) s’arroge la part du lion, avec 101 millions € (66 milliards FCFA) octroyés – via un prêt commercial de 64,36 millions € (42 milliards FCFA), un prêt concessionnel de 32,9 millions € (22 milliards FCFA) et un don de 4,3 millions € (2,8 milliards FCFA).
Le projet de développement des chaînes de valeur dans la région de l’Indénié-Djuablin (PDC-ID) bénéficie d’un financement de 5 millions € (3,3 milliards FCFA), alloué sur les ressources du Fonds spécial du Nigeria (FSN), l’une des trois entités qui constitue le Groupe de la BAD.
Enfin, la BAD a également accordé une avance de 1,3 million € (829 millions FCFA) pour conduire les études préalables à la mise en œuvre du projet d’emploi des jeunes dans l’agro-industrie (Enable Youth).
«Je suis heureux de vous annoncer que le projet de pôle agro-industriel dans la région du Bélier est le tout premier projet d’agropole que la BAD finance», a lancé Janvier Litse, directeur général de la BAD pour l’Afrique de l’Ouest. Ce projet permettra de relancer l’agriculture autour de chaines de valeur porteuses (riz, maïs, manioc, légumes…), en privilégiant une approche intégrée pour mettre fin à nombre d’entraves au développement du secteur agricole et agro-industriel.
Objectif: doter la région d’infrastructures clés à même de favoriser le développement d’activités agricoles et agro-industrielles (aménagements hydroagricoles, pistes,..), tout en offrant de meilleures conditions de vie aux populations concernées (eau potable, cantines scolaires, structures sanitaires).
Appuyer l’ensemble des acteurs du secteur pour qu’ils puissent évoluer de manière dynamique autour des chaines de valeur, dans un environnement plus intégrateur et inclusif est une autre des ambitions du projet. Il s’agit notamment de renforcer la sécurisation foncière, de mieux structurer les organisations de producteurs tout en renforçant leurs capacités techniques et managériales, d’encourager la mécanisation et ainsi abandonner définitivement la daba, de développer l’emploi et l’installation des jeunes diplômés, de promouvoir l’industrie agro-alimentaire, d’assurer un meilleur accès aux financements agricoles, et de permettre encore de mieux contribuer à une nutrition de qualité.
Quant au projet de développement des chaines de valeur dans la région de l’Indénié-Djuablin (PDC-ID), celui-ci vise à accroitre les revenus des acteurs des chaines de valeur retenues. Il s’agit d’un financement additionnel au projet d’appui aux infrastructures dans la région de l’Indénié-Djuablin en cours d’exécution depuis 2012 pour consolider les chaines de valeur (riz, manioc, maïs, légumes), notamment au niveau de la transformation et la commercialisation des produits.
Ainsi, le projet devrait déboucher sur l’acquisition de nouveaux moyens de transport et d’unités de transformation de produits agricoles; ainsi que sur la mise en place de plateformes des filières riz, banane, maïs et légumes; une assistance au montage des microprojets; et sur la création d’un fonds de développement des chaines de valeur.
Combinés, le 2PAI Bélier et le PDC ID bénéficieront à quelque 122.000 personnes de manière directe et à près de 510.000 personnes de manière indirecte –dont 230.000 femmes. 800 jeunes diplômés bénéficieront aussi d’un appui particulier pour les aider à s’insérer sur le marché du travail, ainsi que 220 PME (dont 70 dans la transformation des produits). Au total, environ 22.000 emplois permanents devraient être créés et quelque 465.000 tonnes de produits vivriers commercialisées chaque année. Ainsi, le taux de transformation actuel des produits vivriers devrait passer de 51% de la production totale aujourd’hui à environ 85% (région du Bélier et district de Yamoussoukro).
Enfin, le troisième financement permettra à la Côte d’Ivoire de préparer le projet «Enable Youth», qui devrait accroitre le revenu des jeunes diplômés désireux de s’engager dans le développement des filières agricoles porteuses.
L’appui de la BAD, sous forme d’avance sur le financement final du projet Enable Youth, permettra de réaliser les activités nécessaires pour la conception du projet telles que les études sur l’employabilité des jeunes dans le secteur agricole, sur les mécanismes de financement des projets et sur la mise en place des centres d’incubation. L’avance financera également la mise en œuvre d’une opération pilote selon le concept d’agripreneur.
Le projet Enable Youth Côte d’Ivoire, d’un coût estimatif de 38 millions € (25 milliards CFA) devrait être présenté au conseil d’administration de la BAD en 2018
Le ministre de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire, Adama Koné, a exhorté, lors de la cérémonie de signature de ces accords de financement, les officiels ivoiriens à faire de «cette approche intégrée du développement un succès».
Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre de Côte d’Ivoire, également présent, a abondé dans le même sens: « Ces projets sont un grand pas vers la transformation structurelle de l’agriculture ivoirienne».
La BAD est en train d’accélérer la cadence de son action dans le secteur agricole. Sa nouvelle stratégie de transformation de l’agriculture africaine, plus connue sous le nom de «Nourrir l’Afrique 2016-2025», approuvée en mai 2016, a été adoptée. C’est une stratégie ambitieuse qui entend éradiquer l’extrême pauvreté, la faim et la malnutrition et qui ambitionne de transformer l’Afrique en un continent exportateur net de produits alimentaires.
Nourrir l’Afrique est également l’une des cinq grandes priorités (Top 5) que la BAD s’est assignées sous l’égide du président Akinwumi Adesina.
Communiqué BAD