L’événement : la chancelière allemande Angela Merkel effectuera, le 3 mars 2017, une visite en Tunisie. Cette visite intervient après celle rendue, du 13 au 15 février 2017, par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, en Allemagne. Ces échanges de visites au plus haut niveau illustrent de manière éloquente la bonne qualité des relations multiformes qui unissent les deux pays, particulièrement depuis le soulèvement du 14 janvier 2011. En voici les moments forts depuis cette date.
Au niveau politique, Berlin a bien réagi à la révolte des indignés tunisiens, en 2011, et y a vu “un évènement exceptionnel annonciateur de profonds changements dans la région”. Depuis, elle a décidé de l’accompagner en renforçant son partenariat avec la Tunisie et en créant à cette fin les mécanismes institutionnels requis.
Au nombre de ceux-ci, figure en bonne place la création d’un conseil interministériel tuniso-allemand. Ce mécanisme est le premier du genre avec un pays maghrébin.
L’Allemagne, le premier pays à reconvertir la dette tunisienne
Au niveau financier, le premier beau geste du gouvernement allemand en faveur de la transition démocratique en Tunisie a été sa décision de reconvertir la dette tunisienne (60 millions d’euros) auprès de l’Allemagne en projets de développement. Cette décision a eu un effet d’entraînement sur plusieurs pays européens qui avaient suivi l’exemple allemand.
Parallèlement à cette reconversion de la dette, l’Allemagne, en plus de sa contribution au taux de 25% des fonds européens affectés à la Tunisie, n’a cessé d’accorder à la Tunisie d’importantes aides financières destinées à cofinancer des projets dans divers domaines (formation professionnelle, développement décentralisé, lutte contre le chômage, énergies vertes, libéralisation du commerce, culture, médias…).
Au niveau économique, les Allemands accordent un intérêt particulier pour les énergies vertes, secteur retenu en Tunisie -du moins en théorie- comme une activité hautement stratégique. Une récente note d’analyse élaborée par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) relève que ”près de 60% de l’aide allemande accordée à l’Etat tunisien concernent le secteur de l’énergie“. Et pour cause, ce marché des énergies vertes est porteur. Selon une étude stratégique sur les besoins énergétiques de la Tunisie à l’horizon 2030, les ressources du pays seraient assurées à hauteur de 70% par le gaz naturel et de 30% par les énergies vertes.
D’après la Chambre tunisio allemande de l’industrie et du commerce (AHK), les investisseurs allemands portent également un vif intérêt pour d’autres secteurs, s’agissant, notamment, de l’aéronautique, l’électrotechnique, l’électronique, les composants automobiles, les technologies médicales et écologiques.
Lors de la visite de Youssef Chahed en Allemagne, le projet de construire une usine d’assemblage de véhicules de la marque Volkswagen en Tunisie avait été évoquée.
Le meilleur projet tuniso-allemand: un campus universitaire
L’excellente qualité du partenariat tuniso-allemand sera appréciée dans le futur par la coopération dans le domaine de la formation. Lors de la visite de Youssef Chahed, il a été décidé de créer un campus universitaire sur un terrain de 33 ha, à Mornag (gouvernorat de Ben Arous). Ce campus, qui sera financé à hauteur du tiers par les Allemands, coûtera 200 MDT et accueillera 1.000 étudiants.
En fait, ce campus ne sera pas une simple université mais “un pôle intégré de formation de compétences et de qualification métiers, orienté vers les entreprises. Ce pôle comprendra un ensemble de filières allant d’un centre de formation de compétences, à vocation régionale, un module de licence et d’autres niveaux plus élevés. Il offrira des formations par alternance, des enseignements en sciences appliquées et recherches de développement en divers modules.
Mieux, le campus tuniso-allemand abritera un centre culturel allemand, un complexe sportif et un centre de carrière pour accompagner les diplômés.
Autre créneau de partenariat qualitatif, celui de la décentralisation administrative. L’Allemagne a accordé à la Tunisie un don d’un million d’euros destiné à mener une étude sur les scénarios de décentralisation et d’autonomie économique des régions. Il s’agit de consacrer la démocratie dans les régions, seule garante de l’équilibre régional et de l’équité.
Pour le tourisme, beaucoup reste à faire …
Et pour ne rien oublier, le seul problème dans les relations tuniso-allemandes réside dans la donne terroriste. A deux reprises, des Allemands innocents ont été assassinés cruellement par des terroristes de nationalité tunisienne. Une première fois, en 2002 à Djerba, lorsque des touristes allemands ont été massacrés au nom du groupe terroriste Al Qaïda, et une seconde fois en décembre 2016, à Berlin, quand le terroriste Anis Amri a tué 12 personnes, en attaquant au «camion-bélier», pour le compte du mouvement terroriste Daech, un marché de Noël à Berlin.
Ces attaques terroristes ont impacté négativement le flux des touristes allemands en Tunisie. Cette destination touristique est toujours en deçà du million de touristes qu’elle accueillait avant 2002.
En dépit de cette problématique du terrorisme, les Tunisiens ont tout intérêt à faciliter l’arrivée en masse des Allemands, qu’ils soient des experts, des formateurs, des touristes ou autres investisseurs. Les Allemands sont de loin les plus intéressants pour notre pays. Ils n’engrangent que des avantages.