Les voies possibles pour relancer l’investissement allemand en Tunisie et renforcer les relations économiques entre les deux pays ont été au cœur d’une table ronde organisée, vendredi, à l’occasion de la visite en Tunisie de la chancelière allemande Angela Merkel, accompagnée d’une délégation de 10 entreprises, des plus grandes en Allemagne.
Cette table ronde, organisée conjointement par l’UTICA et la Chambre Tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK Tunisie), était l’occasion pour les dirigeants allemands de discuter avec leurs homologues tunisiens, le potentiel de coopération économique entre les deux pays.
A cette occasion le Chef du Gouvernement, Youssef Chahed, a affirmé que ” la visite d’Angela Merkel en Tunisie est une visite historique “, soulignant que ” l’Allemagne a joué un rôle considérable après la révolution aux cotés de la Tunisie et qu’elle constitue aujourd’hui l’un des premiers pays appréciés par les tunisiens, si ce n’est le premier. Ce qui montre l’attirance importante de la population tunisienne vers le modèle allemand, l’expérience allemande et vers le mode de gestion et de gouvernance adoptés dans ce pays “.
Chahed a aussi évoqué la réussite de la transition démocratique en Tunisie, ajoutant que ” la Tunisie se dirige vers des élections locales à la fin de l’année 2017, et que l’expérience allemande en matière de décentralisation et de pouvoir local est très importance à ce titre “.
Le Chef du Gouvernement a aussi estimé que ” l’enjeu en Tunisie est aujourd’hui économique et social pour renforcer la démocratie tunsienne et l’ancrer définitivement dans le cercle des démocraties modernes et développées “.
Et de poursuivre ” nous mettons aujourd’hui le focus sur le volet économique, nous avons tenu une conférence sur l’investissement en novembre dernier, une conférence réussie. Aujourd’hui nous sommes en phase d’implémenter les résultats de cette conférence. L’investissement est le moteur de la croissance en Tunisie qui a souffert d’un faible taux de croissance au cours des dernières années et nous comptons tout faire pour élever ce taux, lors des prochaines années ” a-t-il dit.
Chahed a par ailleurs souligné l’importance des investissements allemands en Tunisie, considérant que ” le potentiel reste important dans les domaines de l’énergie, des technologies de l’information, de l’agriculture et dans bien d’autres domaines “.
Il s’est aussi dit conscient de ” l’importance des sociétés allemandes en Tunisie en matière d’emploi, d’innovation et de savoir-faire “, reconnaissant toutefois le poids des ” tracasseries administratives sur les entreprises allemandes en Tunisie “, et affirmant ” la détermination des autorités tunisiennes à alléger les procédures afin que ces entreprises puissent se développer en Tunisie “.
De son coté, la chancelière allemande Angela Merkel a affirmé ” qu’elle est venue avec les représentants des plus grandes entreprises allemandes”. “On a eu un échange intensif à Berlin, et il faut que tout cela commence à marcher. Nous volons que le bateau commence à flotter et nous sommes là pour vous écouter ” a-t-elle souligné.
Dans son intervention, Hela Cheikhrouhou, ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, a qualifié ” de très encourageants les échanges avec la délégation allemande. “Il y a eu des témoignages forts sur les expériences allemandes réussies en Tunisie, telles que l’expérience de Leoni, ou de Knauf Tunisie ” a-t-elle précisé.
Cheikhrouhou a aussi souligné le potentiel d’investissement énorme que présente la Tunisie en matière d’énergies renouvelables, rappelant que ” parmi les projets présentés lors de la conférence sur l’investissement Tunisia 2020, les énergies renouvelables étaient très présentes, et que les entreprises allemandes participant à cette délégation, ont bien exprimé leur intérêt pour ce type d’investissement “.
Pour sa part, Uwe Beckmeyer, Secrétaire d’Etat parlementaire auprès du ministre fédéral de l’Economie et de l’Energie, a déclaré ” nous sommes venus avec une petite délégation, mais qui regroupe les plus grandes entreprises allemandes. Nous voulons parler de projets concrets “.
Il a par ailleurs ajouté que ” les entreprises allemandes en Tunisie ont toujours fait montre d’engagement et de fiabilité et qu’elles attendent un engagement pareil de la part de leurs partenaires Tunisiens “.
Beckmeyer a aussi souligné ” l’importance pour la Tunisie de renforcer ses mécanismes de formation en alternance, avec l’appui de ses partenaires européens mais également de discuter avec ces partenaires des normes et des standards auxquels elle devrait se conformer si elle veut réaliser son rêve d’être une passerelle vers l’Afrique “.
Affirmant le soutien de son pays à l’économie tunisienne, il a considéré que ” réaliser les attentes des populations sur le plan social et économique serait la meilleure manière de se prémunir contre la radicalisation et d’inciter les jeunes à investir et à prospérer dans leurs pays “.
La présidente de l’UTICA, Ouided Bouchamaoui a souligné dans son allocution l’importance de cette réunion, qui pourrait donner une impulsion aux relations économiques entre l’Allemagne et la Tunisie au cours de la prochaine étape.
Et d’ajouter ” Les acteurs économiques veulent toujours du concert. Les chefs d’entreprises allemandes sont venus découvrir les opportunités d’investissement existantes en Tunisie mais également les opportunités de développer des partenariats tripartites Tunisie-Allemagne-Afrique “.
Bouchamaoui a aussi fait savoir que ” certaines entreprises allemandes présentes en Tunisie ont déjà prévus des plans d’extension de leurs investissements à l’instar de Knauf Tunisie qui envisage de s’implanter à Tataouine. Cette entreprise est déjà présente dans la délégation de Meknassi, où elle a aussi installé un centre de formation. Elle envisage d’implanter un deuxième centre à Tataouine. L’entreprise Leoni a aussi exprimé son intention d’élargir son investissement en Tunisie et d’autres entreprises suivront “.
Raouf Ben Debba, président de l’AHK Tunisie a, quant à lui, donné un aperçu sur les chiffres clés de ces relations économiques rappelant ” qu’en 2016, le volume commercial entre l’Allemagne et la Tunisie s’élevait à plus de trois milliards d’euros, avec un excédent commercial pour la Tunisie d’environ 250 millions d’euros. Actuellement, 250 entreprises allemandes seraient implantées en Tunisie, employant un total de 55 mille personnes “.
Ben Debba a aussi évoqué, dans une déclaration aux médias, ” les principaux problèmes que rencontrent les entreprises allemandes en Tunisie, et qui sont essentiellement liés aux infrastructures, à l’imposition d’une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 7,5% sur les bénéfices des sociétés, à la lenteur des procédures administratives, à la logistique…estimant que la partie tunisienne doit ” se concentrer sur l’amélioration du climat des affaires pour pouvoir attirer les investisseurs allemands “.
Le président de l’AHK a, par ailleurs, soutenu que ” cette visite permettra de faire passer un message positif aux investisseurs allemands “