“Les femmes tunisiennes jouent un rôle crucial dans le processus de démocratisation de leur pays “, a souligné, mardi, Delphine Borione, Première Secrétaire Générale Adjointe de l’Union pour la Méditerranée (UpM) pour les affaires sociales et civiles.
Dans une interview accordée à l’agence TAP à l’occasion de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars de chaque année, la responsable européenne a signalé que les femmes tunisiennes contribuent activement à surmonter les défis qui affectent le pays.
“Elles participent avec courage et détermination aux changements en cours en Tunisie et le monde entier a reconnu ce rôle”, a-t-elle indiqué, faisant remarquer que la Tunisie fait partie des pays qui bénéficient du plus grand nombre de projets labellisés par l’UpM.
Dans ce contexte, elle a signalé qu’actuellement, l’UpM promeut des projets de coopération régionale qui bénéficient à plus de 50 000 femmes dans une vingtaine de pays euro-méditerranéens.
” Cela concerne aussi bien des projets sur le renforcement du rôle des femmes dans la vie sociale et économique que sur d’autres sujets prioritaires d’intégration régionale comme l’employabilité des jeunes, la mobilité académique ou l’environnement ainsi que la prévention de la violence dans les écoles “, a-t-elle précisé.
Et d’ajouter : ” La Tunisie est l’un des premiers pays du sud de la Méditerranée à avoir mis l’égalité entre les hommes et les femmes au cœur de sa politique et cela, depuis l’ère Bourguiba “.
Delphine Borione a estimé que le cadre constitutionnel et législatif s’est développé en Tunisie de manière à promouvoir les principes d’égalité des sexes dans les différents volets de la vie publique.
” Avec 31 % de femmes députées au Parlement, la Tunisie dispose d’un taux plus élevé que celui de plusieurs pays européens “, a-t-elle dit, rappelant que le taux de participation des femmes à la vie politique est de 29 % dans les pays européens et de 16% dans les pays du Sud de la Méditerranée.
Cependant, l’intervenante a reconnu qu’en dépit de ces avancées notables, le taux de participation des femmes en Tunisie à la vie politique et publique reste en-deçà du grand potentiel qu’elles pourraient offrir pour le développement et la prospérité de leurs sociétés.
” C’est un chantier où il reste encore beaucoup à faire en Tunisie comme par ailleurs dans les pays de la région. C’est pourquoi l’Union pour la Méditerranée et son Secrétariat général à Barcelone ont placé cette question au centre de leurs priorités pour le développement et l’inclusion régionale “, a-t-elle fait savoir.
Selon Delphine Borione, les autorités tunisiennes facilitent beaucoup la mise en place des projets lancés par des promoteurs disposant de l’expertise nécessaire et qui travaillent en coordination étroite avec les autorités et les acteurs nationaux concernés.
” Notre seul désir serait d’avoir plus de moyens et de projets à mettre en œuvre sur le terrain, afin d’en faire bénéficier plus de Tunisiennes et de Tunisiens! “, a-t-elle soutenu.
Evaluant l’expérience de l’UpM en Tunisie, l’intervenante a estimé que les résultats enregistrés à ce jour sont encourageants.
” Tous les projets de l’UpM spécifiquement dédiés à la promotion de l’égalité et du renforcement du rôle des femmes, bénéficient à la Tunisie. Ces actions ont permis par exemple de renforcer les capacités féminines et d’accompagner plusieurs jeunes étudiantes tunisiennes désireuses de créer leurs propres entreprises. Ils ont, également, pu bénéficier à de jeunes femmes d’affaires pour le développement de leurs entreprises ainsi que l’accompagnement de plusieurs réseaux de jeunes femmes leaders agissant dans un large éventail de domaines “, a-t-elle expliqué.
Delphine Borione a indiqué que ces résultats ont été atteints à travers la mise en place de plusieurs projets labellisés par l’UpM tel que le projet ” Jeunes femmes créatrices d’emploi ” dont le partenaire en Tunisie est la Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprises Tunisie (CNFCE), ou le projet promu par l’ONUDI avec son partenaire tunisien Femmes et Leadership ” Renforcer le potentiel des femmes chefs d’entreprises dans la région MENA ” qui vise essentiellement le renforcement du rôle des femmes dans les sphères économiques.
Elle a ajouté que le projet ” Former des citoyens responsables “, mis en œuvre en partenariat avec le ministère de l’éducation, vise la promotion de la citoyenneté et le renforcement du rôle de l’école en tant que principal vecteur de prévention des violences liées au genre.
Elle a, en outre, précisé qu’à travers les dialogues régionaux lancés depuis deux ans, l’UpM essaye de faire converger les efforts de tous les acteurs dans le but de maximiser l’impact sur les populations locales. ” Et la Tunisie constitue l’un des acteurs clefs de cette plateforme “, a-t-elle dit.
Delphine Borione a indiqué que la 4e Conférence ministérielle des 43 pays membres de l’UpM sur le renforcement du rôle des femmes dans la société se tiendra en septembre ou octobre 2017 en vue d’adopter un nouvel agenda pour l’égalité des genres dans la région euro-méditerranéenne.
Selon la même source, cette quatrième conférence ministérielle a été précédée en 2015 et en 2016 d’un processus de dialogue régional avec des représentants des pays, des experts en questions de genre, des institutions financières, des académiques et des représentants du secteur privé et de la société civile afin d’analyser la situation actuelle du rôle des femmes dans la région et convenir des priorités qui seront incluses dans la prochaine déclaration ministérielle.
L’intervenante a ajouté qu’en coordination avec tous les Etats membres, le Secrétariat général de l’UpM continue à développer un agenda de coopération régionale et de dialogue permettant de faire progresser la participation des femmes à la vie publique, sociale et économique.
” Cet agenda comprend le développement de projets spécifiques ayant un impact particulier sur la situation des femmes. A titre d’exemple, 2017 verra la mise en œuvre d’un projet labellisé par l’UpM et promu par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), visant à améliorer l’intégration économique des femmes en soutenant les entreprises et les investissements dirigés par des femmes en Algérie, en Egypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Palestine et en Tunisie “, a-t-elle dit.
Delphine Borione a signalé que Conformément à l’Agenda 2030 pour le développement durable et à la Feuille de route de l’UpM approuvée par les ministres des Affaires étrangères de l’UpM le 23 janvier 2017, l’UpM souligne et soutient le rôle essentiel joué par les femmes et leur contribution décisive au développement humain, à la prospérité et à la stabilité dans la région méditerranéenne.
A noter que seulement 25 % des femmes de la région MENA en âge de travailler occupent effectivement un emploi alors que le taux moyen de participation au marché du travail est de 50 % pour les femmes en Europe et dans le reste du monde. On estime que le PIB de la région MENA pourrait augmenter de 25 % si l’inégalité des sexes se réduisait.
L’Union pour la Méditerranée (UpM) est une organisation intergouvernementale rassemblant 28 Etats membres de l’Union européenne et 15 pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Elle fournit un forum unique pour améliorer la coopération et le dialogue régionaux dans la région euro-méditerranéenne.
Première structure permanente dédiée au partenariat méditerranéen intergouvernemental, le Secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée constitue l’institution opérationnelle permettant la mise en œuvre de ce dialogue régional entre les Etats membres de l’UpM et les parties prenantes, encourageant les synergies entre eux et promouvant les projets et initiatives de coopération ayant un impact direct sur la vie des citoyens. Il a son siège à Barcelone.