Deux médailles olympiques sur trois et 13 médailles paralympiques sur un total de 19 sont revenues l’année dernière aux sportives tunisiennes, mais ces performances ne reflètent en aucun cas la réalité de la femme sportive tunisienne et son poids quasi absent dans les postes de responsabilité, regrettent plusieurs dirigeantes sportives tunisiennes.
“La présence de la femme dans le paysage sportif national est toujours insuffisante et sa participation à la prise de décision au sein des bureaux fédéraux est restée formelle, et sa voix pas bien entendue”, soulignent des personnalités sportives féminines, à l’occasion de la journée internationale de la femme, affirmant que “la voix de l’homme dans le monde sportif est toujours la plus forte”.
L’ancienne championne tunisienne de natation, Mariem Mizouni, qui a obtenu le trophée du comité international olympique pour la femme et le sport, et membre démissionnaire du comité national olympique tunisien, a tenu à rappeler que “malgré le manque de soutien, la femme sportive tunisienne a valu au sport tunisien de grandes satisfactions aussi bien à l’échelle continentale qu’internationale, notamment dans les sports de combat”.
“Les sportives ont besoin d’enrichir leurs expériences et leurs parcours sportifs à travers l’intensification des stages et des participations aux tournois internationaux, et de bénéficier de davantage de soutien moral, financier et technique”, a-t-elle souligné.
Elle a mis l’accent sur l’importance de l’encadrement technique des athlètes tunisiennes notamment celles représentant l’élite nationale, évoquant le problème confronté dans certaines disciplines où il existe un seul staff technique pour les femmes et les hommes, ce qui entrave, a-t-elle expliqué, la régularité dans le travail lorsque l’équipe masculine dispute un tournoi ou se trouve dans un stage à l’étranger.
Bien qu’elle soit fière de la présence de deux femmes à la tête de fédérations tunisiennes de tennis et d’escrime, Mariem Mizouni est restée toutefois insatisfaite de la représentativité de la femme au sein des instances sportives.
De son côté, Fatma Fourati, ex-présidente de la Ligue nationale du football féminin, a déploré “la très mauvaise situation du sport féminin en Tunisie”, soulignant que son expérience à la tête de la Ligue lui a “dévoilé la situation catastrophique des clubs de football féminin”.
“Il n’existe pas de vision stratégique pour promouvoir le sport tunisien malgré les performances réalisées par les femmes sportives lors des manifestations internationales et olympiques. Le sport masculin prime toujours”, a-t-elle affirmé.
Elle a également regretté la baisse du niveau des sélections féminines dans les différents sports collectifs pour manque d’encadrement et de soutien moral et financier et en l’absence d’une infrastructure sportive adéquate, estimant que dans les postes de décision, la voix de la femme ne pèse pas.
Pour sa part, Leila Zarraa, candidate au bureau du comité national olympique tunisien et ancienne membre de la fédération tunisienne de handball, a indiqué que “contrairement à l’importance dont elle jouit au sein de la société tunisienne, la femme est quasi absente dans le domaine sportif à cause de la domination masculine dans les bureaux fédéraux aussi bien au niveau des postes que des voix.
“Cela nécessite une révision des statuts des structures sportives pour renforcer la place de la femme dans le domaine de gestion de ces structures”, a-t-elle affirmé estimant que la présence de deux membres femmes dans les listes électorales n’est pas suffisant.
A ce propos, Leila Zarraa a rappelé que sa candidature aux élections du CNOT, prévues le 12 mars, est motivée par le désir de renforcer la présence de la femme dans les postes de décisions et de contribuer à servir le sport et le mouvement olympique tunisiens.