Le gouvernorat de Ben Arous occupe la première place dans l’indice d’inclusion financière régional (0,446%), Kasserine arrive en queue de peloton (0,193%) et la moyenne nationale est de 0,348%, selon la première édition du rapport annuel sur l’inclusion bancaire et financière (accès à des coûts moindres aux services bancaires et financiers) en Tunisie, réalisé par l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprises) et présentée, jeudi, à Tunis.
Le classement du gouvernorat de Ben Arous en tête de liste s’explique par l’existence d’un tissu industriel très important qui a attiré les banques pour s’implanter dans la région a indiqué le professeur de finance internationale à l’Université de Tunis et expert à l’IACE Sami Moulay, dans une déclaration à l’Agence TAP, à l’occasion de la présentation dudit rapport.
Ce tissu a attiré un nombre important d’agences bancaires (pratiquement le plus élevé) et a attiré la migration interne des personnes qui cherchent un emploi, d’où une dynamique de la région qui a permis l’augmentation du taux d’inclusion financière, a-t-il avancé.
Il a fait savoir, par ailleurs, que les résultats de 12 gouvernorats se situent en dessous de la moyenne précitée, à savoir les gouvernorats de Zaghouan, Gabes, Kébili, Nabeul, Tataouine, Sidi Bouzid, Gafsa, Le Kef, Bizerte, Jendouba, Tozeur et Kasserine.
Moulay a rappelé que ce rapport est le premier de son genre réalisé en Tunisie et que des organisations internationales comme la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) réalisent, épisodiquement, des petites enquêtes mais qui ne pas destinées à l’échelle régionale ou des gouvernorats.
Dans ce rapport, nous avons pratiquement ciblé tous les gouvernorats et toutes les régions, à travers la réalisation d’enquêtes auprès des particuliers, chefs d’entreprises, notamment des micro-entreprises et très petites entreprises et l’ensemble des agences bancaires, a-t-il précisé.
Les résultats de ces enquêtes ont démontré que certains gouvernorats sont mieux classés que d’autres, notamment au niveau des régions de l’intérieur et une relation proportionnellement inverse entre l’inclusion et la pauvreté, vu que plus l’inclusion financière augmente plus le taux de pauvreté diminue.
Agir sur l’inclusion financière permet de diminuer la pauvreté, mais cette inclusion ne peut se développer dans la région qu’à travers l’augmentation de l’attractivité de la région, a-t-il encore dit.
Les individus font recours de plus en plus aux institutions de micro-finance et il semblerait que ces institutions peuvent remplacer les institutions bancaires au niveau des particuliers et la poste tunisienne détient le taux d’inclusion le plus élevé vu sa présence au niveau des régions.
Pour sa part, le conseiller exécutif de l’IACE Majdi Hassen a fait savoir que l’enquête précitée a été menée auprès de 600 particuliers, 400 PME et 165 agences et/ou succursales bancaires.
Il a ajouté que l’indice de perception de l’inclusion financière a été calculé, couvrant trois sous-indices à savoir la pénétration des comptes bancaires, l’usage des services de paiements, l’épargne et crédit.
L’inclusion financière est jugée ” faible ” à l’échelle nationale avec un indice de 0,284%. Cette situation est largement expliquée par la faiblesse du score du sous-indice de disponibilité de services financiers (0,275%), bien que les sous-indices d’usage de services bancaires et de pénétration bancaire sont jugés ” moyens à modérés ” avec des scores respectifs de (0,319%) et (0,476%), selon Hassen.
Et d’ajouter que l’indice d’inclusion financière régionale (IFI-R) est jugé au contraire ” relativement élevé “, dans la région du Nord-est, avec un score de l’ordre de 0,509%, ” moyen à modéré ” dans la région du Centre-est avec un score de 0,405 et ” faible ” dans les autres régions à des degrés divers : 0,138% dans le nord -ouest, 0,107% dans le centre-ouest et seulement 0,086% dans le sud-ouest.
Le président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) Ahmed El Karm a rappelé que le système bancaire est l’épine dorsale de l’économie tunisienne mais il est devenu fragile, après la Révolution et affronte des difficultés, notamment le manque de ressources, l’augmentation des risques et le financement en même temps des entreprises, d’où la nécessité de l’identification de nouveaux mécanismes de financement de l’économie et de l’investissement.
Cette fragilité, a-t-il a jouté, n’a pas permis aux banques de jouer leur rôle convenablement vis-à-vis des entreprises et de financer comme il se doit les entreprises, freinant par conséquent la régénération des activités économiques.
Karm a mis l’accent sur la nécessité de restructurer les entreprises économiques endettées, d’appuyer les jeunes dans des secteurs prometteurs et de développer le financement des PMEs dans les régions de l’intérieur.
L’inclusion financière peut être développée, à travers le développement de la micro financée par les banques via des institutions spécialisées a-t-il dit.