«Nous devons tirer au clair cette affaire du sureffectif de Carthage Cement afin que chacun assume ses responsabilités». Avant de lever la séance d’audition, lundi 27 février 2017 de Lamia Zribi, ministre des Finances, en sa qualité de présidente de la Commission de gestion des biens confisqués, Hassen Laamari, président de la Commission de réforme administrative, de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et de contrôle de la gestion de l’argent public à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a tenu à insister sur ce point.
Toutefois, le député de Nidaa Tounes n’a pas été le seul à évoquer la question du sureffectif de Carthage Cement. Alors que la séance était officiellement dédiée à l’examen des immenses difficultés auxquelles cette société est confrontée avant même son entrée en production en 2014 et aux moyens d’y faire face, le problème de l’effectif surdimensionné a affleuré à plusieurs reprises durant le débat.
Un effectif pléthorique et une masse salariale de 20 MDT
Le premier à s’en plaindre est Brahim Sanaa. D’entrée de jeu, le directeur général de Carthage Cement rappelle que «le projet a démarré dans des conditions catastrophiques en 2014, notamment en raison du nombre d’ouvriers». Avec 880 employés, la société avait une masse salariale de 20 millions de dinars par an, contre «seulement 8 à 9 millions de dinars pour ses concurrents», regrette M. Sanaa. Ce qui n’est guère étonnant, puisque ces concurrents font tourner leurs usines avec un effectif de 200 personnes, soit le quart de celui de Carthage Cement.
Depuis, la société a pu ramener son effectif successivement à 827 puis à 700 (?) employés. Mais le directeur général craint d’aller plus loin dans le dégraissage, car, souligne-t-il, «si j’annonce que je vais le faire, la société sera fermée, puisque à chaque fois que nous nous sommes séparés d’un seul ouvrier nous avons dû fermer pendant une semaine».
La faute à la Troïka…
Comme le directeur général de la société a précisé, à la demande d’un député, que le recrutement des ouvriers en excédent a eu lieu entre 2012 et 2014, c’est-à-dire essentiellement pendant le règne de la Troïka, il était inévitable qu’Ennahdha réplique à cette accusation. Et c’est le député Slim Besbes qui s’est chargé de répondre, d’autant qu’il est concerné au premier chef par ce dossier.
L’ex-secrétaire d’Etat aux Finances puis ministre des Finances par intérim dans le gouvernement de Hamadi Jebali, répond indirectement à l’accusation adressée à la Troïka d’avoir doublé l’effectif de Carthage Cement par des recrutements irréfléchis. «S’il y a une success story en matière de gestion en 2012, c’est bien Carthage Cement, car sans certains efforts la société ne serait pas entrée en production», affirme-t-il.
Créer deux usines…
Pourtant, une solution au problème du sureffectif le directeur général de Carthage Cement en a bien une. Elle consiste à créer deux usines, l’une de RDF (combustible dérivé des déchets) et l’autre de concassage, qui, selon Brahim Sanaa, sont susceptibles d’absorber les ouvriers en excédant à Carthage Cement. Mais pour cela, il faudrait un investissement de 100 millions de dinars que ni la société ni l’Etat ne peuvent mettre sur la table.
En attendant, Carthage Ciment a chargé un bureau d’études d’analyser le dossier des recrutements et de proposer des solutions. Il rendra son rapport le 7 mars.