Après son allocution au Parlement, jeudi 16 mars 2017, Youssef Chahed a sans doute pu mesurer le degré de popularité de son gouvernement au sein des députés, et sait maintenant ce qu’il lui reste à faire. Mais d’ores et déjà, le chef du gouvernement sait qu’on lui reproche son éloignement du “Document de Carthage” sur la base duquel il a été nommé à son poste.
En effet, Mohamed Rachdi du mouvement Nidaa Tounes a affirmé que son parti, qui soutient le gouvernement d’union nationale, est attaché au Document de Carthage, qualifiant de “positif” le bilan de l’action gouvernementale durant les six derniers mois. Et Rachdi de préciser: “Nous soutenons absolument le gouvernement d’union nationale qui est un gouvernement de réformes. Nous soutenons aussi l’opposition responsable qui est la conscience de la société”.
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Presque même son de cloche de la part de son homologue d’Ennadha, Houcine Jaziri, pour qui le dernier remaniement gouvernemental consacre l’alternance au pouvoir, appelant à la nécessité d’accorder au gouvernement une marge de temps pour lui permettre d’accomplir sa mission et de renforcer les institutions constitutionnelles et le Parlement.
Par contre, les autres députés ne vont pas dans le même sens. C’est le cas notamment d’Ammar Amroussia (Front populaire), qui estime que le remaniement ministériel partiel opéré par le chef du gouvernement reflète l’existence d’une crise économique et politique et reste d’une grande confusion.
Concernant les réformes énumérées par Chahed devant les députés, il affirme qu’elles ne sont que “l’application des diktats des institutions financières internationales”. Il va plus loin pour accuser le gouvernement Chahed de chercher à impliquer les appareils judiciaire et sécuritaire dans la crise engendrée par les mouvements sociaux dans certaines régions. Populisme quad tu nous tiens.
Abondant dans la même direction, Mabrouk Hrizi, du groupe démocrate, a relevé que les programmes du gouvernement Chahed sont ambigus: “Le gouvernement semble ignorer l’article 7 de la Constitution sur le pouvoir local”, ajoutant que son groupe n’accordera pas sa confiance aux deux nouveaux membres du gouvernement car celui-ci n’a pas respecté les usages.
Son collègue de Machrou Tounes, Marwane Felfel, appelle le gouvernement à s’ouvrir à d’autres partis politiques. Il estime également que le gouvernement n’est pas parvenu à maîtriser les prix ni à lutter contre le chômage, d’autant qu’il a pris certaines mesures contraires aux clauses contenues dans le Document de Carthage.
Quant à Tarek Fetiti (Union patriotique libre), il a qualifié de “faible” le discours de Youssef Chahed, dénonçant l’absence de démarche participative recommandée dans le Document de Carthage dans l’action gouvernementale. Pour lui, Youssef Chahed est également à l’origine du blocage que connaît le Conseil supérieur de la magistrature.
Enfin, Karim Helali (Afek Tounes, Appel des Tunisiens à l’étranger) considère que la crise de la société PETROFAC à Kerkennah et les incidents de Tunisair sont des messages négatifs aux investisseurs étrangers.
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