Au Maroc, lorsqu’un investisseur veut recourir aux énergies renouvelables, on ne l’accuse pas de vouloir voler le soleil marocain, son vent ou encore sa biomasse. Grâce à la volonté politique implacable d’un Roi visionnaire et à des mécanismes de financement et d’accompagnement efficaces visant principalement les grands projets, les investisseurs trouvent de plus en plus leur bonheur au royaume chérifien.
Un exemple de référence, celui de l’usine Renault sise à Tanger et dédiée à la production des modèles Lodgy et Dokker, de l’emboutissage au montage en passant par la tôlerie et la peinture.
Dans son intervention sur le rôle des acteurs économiques dans la création de valeurs partagées en Afrique, au Forum international Afrique Développement, organisé par le groupe Attijariwafa bank les 16 et 17 mars 2017 à Casablanca, Marc Nassif, directeur général de Renault Tanger, l’explique : «L’usine Renault est la seule classée verte au monde avec 0 carbone car elle fonctionne aux énergies renouvelables. 100% des besoins en électricité du site sont assurés par des éoliennes et des turbines hydrauliques ainsi que la biomasse à hauteur de 10 mégawatt. Cette usine n’émet aucun rejet industriel liquide dans le milieu naturel et réduit de 70% ses prélèvements en eau».
12 à 15% des voitures Renault Lodgy et Dokker vendues à l’international sont fabriquées au Maroc. En 2016, 350.000 véhicules y ont été fabriqués dont 90% écoulés à l’international. «Pour nous, les incitations fiscales ne sont pas déterminantes, c’est plutôt l’écosystème créé autour de nous et qui intéresse de plus en plus nos partenaires dans les zones franches qui importe. Il nous faut 3/4 d’heures pour transporter près de 2.000 voitures/jour au port de Tanger. Je dois reconnaître que la vision de sa majesté a rejoint la nôtre, et aujourd’hui, nous pouvons nous prévaloir d’un hub Afrique figurant parmi les plus importants de notre groupe».
Pour info à nos chères et chers élus tunisiennes et tunisiens tellement soucieux de l’intégrité et de la propreté des mains de l’exécutif, surtout dans le secteur énergétique, qu’ils ont poussé la moitié des investisseurs à partir, les firmes de la taille de Renault ne se suffisent plus aujourd’hui de fabriquer des voitures, elles se soucient de plus en plus de leur environnement social. La réussite des grandes compagnies se mesure à leurs capacités de s’intégrer culturellement et socioéconomiquement dans leurs lieux d’implantation.
Ainsi, Renault Tanger a formé, dans le cadre d’un partenariat avec les autorités locales, des milliers de personnes. Rien qu’en 2011, le centre dédié à l’industrie automobile a dispensé 170.000 heures de formation. Il compte aujourd’hui plus d’un million d’heures de formation prodiguées à 10.600 employés dont le tiers est constitué de femmes.
Aujourd’hui Renault Maroc exporte les compétences marocaines: «Nous avons près de 30 impatriés».
Une école de management a été créée sur place et des financements ont été attribués par la firme Renault à une ONG pour assurer le transport de 1.400 jeunes filles aux établissements scolaires. «Notre responsabilité sociétale est engagée, nous ne pouvons évoluer nous-mêmes sans faire profiter notre environnement direct de notre succès. C’est aussi notre manière de gagner l’adhésion des populations et des communautés environnantes à notre dynamique entrepreneuriale. Nous avons l’encadrement, le rayonnement du pays et le sourire des employés. C’est très encourageant pour nous en tant qu’investisseurs».
Pour l’histoire, rappelons que Renault était présente au Maroc depuis le 19ème siècle mais ses plus grands investissements ont été réalisés au 21ème siècle. C’est dire l’importance de trouver en haut de la pyramide de l’Etat, en l’occurrence du Royaume, s’agissant du Maroc, des responsables compétents, audacieux et décidés.
A voir la capacité du Roi Mohammed VI à fédérer autour de lui toutes les forces vives non pas du Maroc mais aussi celles de l’Afrique, nous ne pouvons que comprendre l’admiration et même l’adoration des représentants de l’Etat marocain à son égard. Et du coup la fameuse formule «Sa majesté le Roi, que Dieu l’assiste», revêt toute son importance pour nous autres Tunisiens qui nourrissons de «démocratie républicaine» à tous les coups.
Chez nous, les absences répétitives de nombre de nos chers députés, leur ignorance de la chose économique et leur capacité de nuisance risquent de faire du peuple tunisien un peuple d’assistés.
A titre d’exemple, et à ce jour, la loi sur l’urgence économique n’a pas encore été adoptée. Que Dieu nous assiste!
Amel Belhadj Ali